La révolution culturelle voulait éradiquer ce qui restait de la religion au Tibet. Temples et monastères furent donc démantelés, les pierres et le bois de charpente utilisés pour construire des bureaux destinés aux Chinois ou faire des revêtement de sol. Les textes sacrés furent brûlés ou transformés en semelles de chaussures. Tout objet cultuel ou sacré était voué à la profanation. Les moins et les nonnes furent contraints de se marier, ou condamnés aux travaux forcés. Les coutumes et les traditions tibétaines réactionnaires, les chansons et les danses, les fêtes et les noces étaient désormais interdites. Les Tibétains devaient s'habiller comme les Chinois, se couper les cheveux à la chinoise et remplacer leurs cérémonies religieuses par les fêtes révolutionnaires chinoise.
Un jour de juillet 1976, on nous rassembla pour nous annoncer tristement la mort de Mao. J'en éprouvai une joie infinie. Depuis la Révolution culturelle, je le considérais comme le diable. Je ne pouvais pas croire qu'un individu ordinaire ait réussi à obtenir des résultats aussi spectaculairement négatifs sans avoir un karma particulier, un karma que nous autres Tibétains partagions.
Selon lui, Maro irait certainement en enfer, mais nous devions nous désoler des tourments qu'il connaîtrait sous sa nouvelle forme, et non pas nous en réjouir.