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Critiques de Kim Zupan (72)
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Les Arpenteurs

Il faudrait peut-être relire entièrement ce livre pour en écrire une critique qui commenterait en détail tout son contenu tellement il est dense et varié, touchant aux meilleurs comme aux pires des comportements humains, explorant ces conditions humaines insondables à travers les vécus des deux protagonistes principaux, le vieil homme, John Gload, et son gardien en prison Valentine Millimaki.



Ce sont deux êtres dont les vies ont débuté durement, marquées par leur condition orpheline, suicide ou décès dramatique des parents, aléas de deux existences qui vont se rencontrer, connaître finalement chacun l'intime de l'autre, devenir quasiment amis, écoutant chacun les confessions de l'autre, celles du vieux criminel au jeune gardien, et les difficultés de sa vie personnelle que celui-ci lui confie volontiers.



Tous leurs échanges s'inscrivent dans les paysages immenses du Montana que Kim Zupan décrit dans toutes leurs splendeurs, montagnes, rivières, champs de céréales, animaux sauvages, dans le vent ou la pluie, sous le soleil ou dans la neige, tout un florilège d'une nature que les deux hommes aiment, en partagent les saveurs, imprégnés chacun de cette éternité immuable.



Les femmes ont une place importante dans les vies de l'un et de l'autre, ils n'ont pas vraiment réussi leurs vies sentimentales, chacun ressentant une profonde dépression de leurs vécus tumultueux. Les femmes sont d'abord les mères, disparues prématurément, puis les compagnes, mais aussi de simples rencontres éphémères, souvent sans paroles échangées, mais auxquelles l'auteur donne une aura presque magique.



Le meurtre, la mort sont omniprésents, du côté de John qui a tué sans hésiter, sans même réfléchir parfois, et du côté de Val qui recherche ponctuellement des disparus, vieillard ou jeune fille que la nature a engloutis dans ses griffes impitoyables.



La méditation sur la condition humaine est d'un réalisme saisissant, par exemple dans ce passage où John, observé depuis les fenêtres d'une "maison pour les vieux", finit par y entrer, interpellé par la déroute de ces vies finissantes, pitoyables, qu'il pourrait envisager d'abréger pour libérer ces malheureux prisonniers d'une destinée qu'ils ne maîtrisent plus.



C'est vraiment un très beau roman noir où les idées fusent à chaque page, où les dialogues ont une ampleur exprimant le dit et le non dit, où les silences parlent, où l'humain est au coeur de toutes les lignes écrites par Kim Zupan, lignes que le lecteur arpente et ne voudrait plus quitter...
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Trop loin de Dieu

Magnifique roman très noir dans lequel s'imbriquent tant de sensations, d'idées, de sentiments, de haines, de peurs, de lâchetés, de courages, l'ensemble dans la nature éblouissante du Montana, au fil des saisons, même si c'est l'hiver qui domine et enserre dans ses griffes les plantes, les hommes et les animaux.



C'est un long roman où la progression des histoires des différents personnages est lente, laissant le lecteur avancer au fil des pages de la belle écriture de Kim Zupan, le laissant savourer les beautés des nuages, des étoiles, de la lune, toute la nature jouant un rôle majeur dans le déroulement de ce drame ou plutôt de ces drames humains.



Le héros s'appelle Hickney, c'est un homme bon, blessé de la vie, en charge d'un plus blessé que lui, Jimmy, frère d'Anna qu'il aime et auprès de qui il rêve de partager une vie plus douce. Il a des souvenirs d'une enfance imprégnée par la religion, Anna est également chrétienne, faisant prier chaque jour ses filles pour l'adoucissement des malheurs du monde.



Sont-ils vraiment tous trop loin de Dieu, comme le suggère ce beau titre, parfaitement adapté à l'histoire? Pour certains, ils en sont tellement éloignés qu'ils ne rêvent que de puissance sauvage, pratiquent un racisme convaincu, l'assouvissant jusque dans le meurtre. Pour d'autres, ce n'est pas tout à fait le cas, même pour Hickney, affirmant que ses prières ne sont jamais allées plus loin que les poutres noircies du plafond. Il croit, Hickney, au bien, il veut le faire, avec ou sans l'aide de ce Dieu trop lointain. Y parviendra-t-il dans le déchaînement de violence dont on pressent l'inéluctabilité dès que ce texte développe les fils de l'histoire?



Alcoolisme, violence, drogue, armes, tous les ingrédients du roman noir sont réunis. Mais aussi amour, don de soi, altruisme, pitié, abnégation sont ressentis et exprimés par plusieurs protagonistes.



Alors, au bout de la lecture, chacun peut comprendre ou interpréter selon ses propres perceptions et convictions le titre de ce livre qui est indiscutablement un très grand roman qui ne s'oublie pas et dont les dernières pages sont porteuses d'espérance au-delà des nuages.





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Les Arpenteurs

Dans le cadre de ses fonctions au bureau du shérif du comté de Copper, Valentine Millimaki, jeune adjoint, passait son temps à enquêter sur les délits ruraux et pistait, avec son chien, à travers la broussaille, la forêt, les ravins abrupts, les hautes montagnes de Great Falls et les coins les plus reculés, les disparus. Des disparus qu'il retrouvait, pour la plupart, déjà morts. Mais il surveillait aussi les détenus dans la prison adjacente au tribunal, affecté à la garde de nuit. C'est là qu'il allait faire plus ample connaissance avec John Gload, un tueur en série, qui s'était laissé arrêter sans mot dire. Dans ces couloirs sombres, aux heures les plus noires, des confidences allaient s'échanger...



Deux hommes que tout semble séparer, surtout les barreaux de la prison. L'un, détenu pour plusieurs crimes violents et sanguinaires, en attente de son procès. L'autre, adjoint du shérif, hanté par les nombreux cadavres qu'il découvre et dont le mariage bat de l'aile. Fortement marqués par la mort durant leur jeunesse, leur vie va néanmoins prendre une direction bien différente. John Gload va trouver en Millimaki un confident, lui qui pourtant restait cloitré dans son mutisme. Ce dernier va peu à peu apprendre à connaître le vieil homme et bien malgré lui s'épancher sur ses problèmes. C'est au cœur d'une nature éblouissante, sauvage, parfois suffocante ou hostile que Kim Zupan plante son décor. Il dépeint avec virtuosité cette région du Montana, ces grands espaces parfois impitoyables. Il décrit une amitié évidemment improbable, presque amorale, et dresse le portrait de deux hommes esseulés, cabossés, aux nombreuses fêlures. Un premier roman remarquable, impressionnant, d'une force et d'une intensité incroyables. Une plume très travaillée et parfaitement maîtrisée.

Saisissant...
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Les Arpenteurs

Point commun entre Val Millimaki et John Gload ?

Comment ? La taule ? One point !



Jeune adjoint du shérif vs tueur froid et impitoyable.

A priori, rien de commun si ce n'est ces longues heures nocturnes partagées en attendant le procès.

Rien ne prédisposait ces deux hommes à se confier mutuellement au point d'en faire des confidents.

Une vie de couple en déliquescence pour Val, un quotidien solitaire marqué par une violence omniprésente chez John.

Puis vint ce besoin irrépressible et commun de se raconter au point d'en devenir proches, contre toute attente...



"Hypnotique et crépusculaire", la promesse était belle.

De fait, Les Arpenteurs est un premier roman hallucinant de noirceur qu'il convient de saluer à sa juste valeur.



Il est comme çà des petits miracles opportuns dans la vie d'un homme.

Val et John ne tutoyaient pas vraiment le bonheur, pour des raisons diverses et variées, mais ressentaient tous deux cette attraction malsaine en dépit des codes édictés par une certaine bien-pensance.

Une dangereuse fascination se muant subtilement en une nécessité commune de se délester de ses plus noirs secrets au point de ressentir rapidement le manque de l'autre.



Kim Zupan ou l'art de tisser une amitié contre nature.

Un magnifique portrait d'hommes à la dérive en quête de rédemption.



L'écriture, à la fois âpre et caressante, parvient à trouver le juste et fragile équilibre entre somptueuses étendues du Montana, symbole de liberté par excellence, et profond sentiment d'enfermement personnel.

Le contraste est saisissant, le choc émotionnel d'autant plus percutant.



A découvrir fissa!



Merci à Babelio et aux éditions Gallmeister pour ce petit moment de grâce.
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Les Arpenteurs

Les arpenteurs, c'est l'histoire d'une amitié, une amitié particulière, celle qui va se créer au fil des jours entre un jeune shérif adjoint et un vieil homme de 77 ans, tueur en série de son métier.

La mission confié à notre policier ?

Recueillir les informations auprès du vieillard afin de trouver les preuves qui le feront condamner.

Valentine, Val pour les intimes, devient donc le confident du prisonnier qui se laisse apprivoiser aisément et pour une simple raison, il a un service à demander.....

Kim Zupan nous entraine dans le sillage de ces deux personnages, le jeune en manque de sommeil et dont la vie de couple se délite, et l'ancien qui ne dort pas non plus et qui attend résigné la fin de son périple meurtrier.

Un récit entre présent et flashback, qui nous permet de mieux cerner ces deux êtres que la vie n'a pas toujours gâté et de comprendre les liens qui se tissent entre eux.

Pas de rebondissement extraordinaire, l'assassin est connu dès le départ. Pas de course poursuite ou d'enquête menée de main de maître.

L’intérêt de ce livre réside dans la description de ces deux personnalités atypiques, l'auteur attache également une certaine importance aux lieux et aux paysages traversés.

Un polar qui sort des sentiers battus et que j'ai beaucoup apprécié.



Merci à Babélio et aux Editions Gallmeister de m'avoir permis de découvrir ce livre qui figurait dans mes envies depuis un moment.
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Les Arpenteurs

C'est un premier roman, et c'est un coup de maître. Un cadre sublime évoqué avec passion, qui fait penser à l'Amerique de Jim Harrison, et un style magnifique qui envoûte dès la première page et peut vous faire lire n'importe quoi.



Kim Zupan raconte un huis clos pénitentiaire et l'improbable amitié entre un gardien et son prisonnier. Le tueur en série n'est pas toujours haïssable, et l'homme de loi est parfois faillible.



Il nous donne à réfléchir sur la condition humaine, peut-être même sur la peine de mort. De part et d'autre des barreaux, sans complaisance pour l'horreur des crimes commis, des humains parlent de la difficulté à vivre.



C'est rude, émouvant, dérangeant, ça ne laisse sûrement pas indifférent .

Merci aux Babeliotes qui m'ont donné envie de lire ce grand roman.



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Les Arpenteurs

2 hommes. L'un est meurtrier depuis toujours, l'autre est son gardien. Tous deux sont dans la même prison.

Physiquement d'abord, le 1er est dans sa cellule, le 2nd de l'autre côté de la barrière, dans le couloir.

Moralement également. Chacun est prisonnier de son passé, de son histoire, de sa vie présente.

Chacun rêve de grands espaces.

Tous deux ont vécu parmi les morts depuis leur enfance. L'un tue, l'autre découvre des corps...

L'écriture de ce roman est très masculine, âpre, sans état d'âme...

Je n'ai pas aimé cette lecture, je ne l'ai pas détesté non plus. Je suis arrivée au bout du livre, ni plus ni moins...

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Les Arpenteurs

C’est une histoire de rencontre, de solitudes, de frustrations et de secrets trop longtemps tus. De ces choses que l’on garde généralement en soi, pour soi, jusqu’au jour où sans l’avoir cherché, elles sortent. Parce que c’était lui, parce que c’était moi aurait dit Montaigne.



C’est l’histoire du jeune Valentine Millimaki, adjoint du shérif local quelque part dans un comté du Montana, et de John Gload, criminel multirécidiviste enfin sous les barreaux après une vie de meurtrier. La nuit, le jeune veille le vieux. Et ils se parlent.



Les Arpenteurs de Kim Zupan – traduit par Laura Derajinski – est un petit livre intimiste, qui nous place peu à peu en lecteurs-voyeurs un peu gênés de ces moments d’intimité entre Valentine et John. Intimité devenant amitié, au fil des nuits.



Car contre toute attente, ils ont tant en commun : parents, femmes, vies solitaires, rapport à la terre, rapport à la mort, place introuvable dans le monde tel qu’il est, besoin d’exprimer ce qui ne veut ou ne peut pas sortir.



Si le vieux n’a plus rien à sauver, encore peut-il léguer quelque chose au plus jeune avant de partir : « Je veux juste que vous sachiez comment ça marche, Val. Je veux juste que vous compreniez comment fonctionne le monde ».



C’est beau, poétique, superbement écrit, parfois un peu longuet, mais ce livre typique de l’ancien temps de l’éditeur à la patte d’ours parlera fortement aux adeptes du nature writing pur et dur, dont je suis.

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Les Arpenteurs

Quelle belle maison d’édition que Gallmeister qui, dans ce style du « nature writing », me séduit souvent, comme cela a été le cas avec Les Arpenteurs. Kim Zupan signe ici un premier roman à l’écriture remarquable, bien rendue par la traduction, où la nature magnifie l’atmosphère qui se dégage du récit. Il y a de la beauté dans ces lignes, alors que le sujet est on ne peut plus glauque. Deux personnages se rencontrent : Valentine Millimaki, l’adjoint du shérif, en pleine crise existentielle, et John Gload, le tueur en série qui a trouvé bien tôt sa « vocation », et qui est en attente de son procès. Chacun a ses propres motivations à parler et à écouter. Une connexion se crée entre eux, mais plus indirecte et réaliste que ne le laisse entendre le quatrième de couverture. La terre finira-t-elle par rendre ses disparus ? Une histoire qui hante.
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Les Arpenteurs

Dès son arrestation, à laquelle il ne s'oppose pas, le vieux John Gload sait qu'il pourra faire confiance à l'adjoint du shérif Val Millimaki et quand ce dernier est affecté à la garde de nuit de la prison, les longs tête à tête vont révéler les failles et fêlures de chacun. Un duo où Val et John vont s'apprivoiser, découvrir leur histoire et leur parcours se faisant paradoxalement écho, dans l'étrange silence d'une surveillance de nuit, où seuls quelques cris ou quelques cauchemars d'autres prisonniers viennent scander ces confessions où se libère la parole... tous deux orphelins et témoins de la mort d'un de leur parent mais des parcours différents l'un s'enfonçant dans l'indifférence jusqu'à tuer sans état d'âme, l'autre s'investissant dans la recherche de personnes disparues et souvent retrouvées sous forme de cadavre...

Deux solitudes, deux êtres construits de bric et de broc, si ce n'est dans un cadre de nature qui leur permet de trouver un terrain commun.

J'ai été enthousiasmée par le talent d'écrivain dans ce premier roman Les Arpenteurs où Kim Zupan réussit à transformer grâce au lyrisme de son écriture, deux êtres ordinaires en héros malheureux........un vrai coup de coeur pour moi
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Les Arpenteurs

J'ai acheté ce livre tout à fait par hasard, un premier roman noir où l'on entre, dès les premières pages, dans l'enfance de Val avec un événement qui le marquera à jamais. On comprend que l'on ouvre la porte sur une lecture où les cadavres se cachent un peu partout, que ce soit pour Val mais également à travers ceux que Gload a semés derrière lui, en petits morceaux, lui seul connaissant la carte de ses trésors macabres.



Au fil des nuits et des conversations va se nouer entre les deux hommes une relation ambigüe, où le plus âgé écoute les conversations alentour, observe son jeune interlocuteur et détecte en lui les blessures qui ombrent ses yeux rongés par les insomnies et les nuits de veille, par son travail de recherche de personnes disparues dans la nature, accompagné de son chien, Tom. Gload pourrait apparaître comme un tueur sanguinaire et sans morale, mais il a sa morale, sa justice, son humanité et il va s'attacher au jeune homme, le respecter et même lui confier une dernière mission.



Je lis très peu de roman de ce genre car je trouve qu'ils possèdent outre des scènes glauques parfois inutiles, souvent les mêmes ressorts et à trop en lire je n'y prends pas de plaisir. Alors j'en glisse de temps en temps, retrouvant les grands espaces américains, les étés brûlants, la nature omniprésente, la détresse de ces hommes et femmes qui n'arrivent plus à communiquer, à se comprendre et se confrontant parfois à l'humain dans ce qu'il peut avoir de plus contradictoire, ne comprenant pas toujours où sont les limites d'une relation. Ici tout devrait séparer les deux hommes et pourtant, à la faveur des ombres de la nuit, ils trouvent un terrain propice pour s'écouter, s'accepter si ce n'est pour se comprendre et on ne saurait dire d'ailleurs quel sentiment les lie. Il n'y a pas d'admiration, pas de tendresse mais ils arpentent chacun à leur manière leur territoire à la recherche des souvenirs enfouis, des cadavres à exhumer et des instants de bonheur perdu, l'un devenant peu à peu inspirateur de l'autre.



J'ai trouvé l'écriture particulièrement adaptée à l'ambiance, aux caractères des personnages, restituant et imageant les différents lieux mais également les relations entre chacun des personnages. C'est un premier roman d'une remarquable efficacité que ce soit au niveau du ressenti de la psychologie des personnages mais également dans l'évocation d'un contexte, où différents combats sont menés, où la mort et l'absence sont omniprésents, où les faits, malgré l'horreur pour certains, ne s'étalent pas dans des descriptions insoutenables. Un récit qui s'attache plus à l'intimité d'une relation improbable entre deux hommes que séparent le rôle, l'âge, le futur et qui pourtant vont trouver un terrain propice au rapprochement.



J'ai beaucoup aimé.
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Trop loin de Dieu

Equarisseur municipal, Hickney collecte les cadavres d’animaux accidentés sur les routes d’une petite bourgade du Montana et semble accepter ce dur travail avec philosophie. Pourtant au fil des pages, on découvre un homme rongé par un passé douloureux. Traumatisé par un père violent qui l’a privé de sa maman quand il avait douze ans, Hickney traîne également derrière lui un énorme boulet de culpabilité lié à un terrible accident qui a laissé son ami Jimmy les deux jambes coupées. Ajoutez à cela un amour contrarié et vous avez l’archétype du héros complexe et torturé, spectateur de sa vie sans éclat toute entière tournée vers la protection de son vieil ami handicapé.

Tout change avec l’installation dans un ranch isolé d’un groupuscule politique assez puant dont le dirigeant parviendra à impliquer Hickney dans ses combines foireuses. Dans ce coin d’Amérique où Noirs, indiens et blancs peinent à conserver des relations sereines, l’installation de cette bande de suprématistes racistes et violents ne peut que déstabiliser la petite communauté rurale.

Pour Hickney, le temps d’une reprise en main de sa vie semble venu mais la tâche est rude et l’affrontement, inévitable, des plus risqué, pour lui et ceux qu’il aime.

Dans ce décor naturel de la campagne du Montana, Kim Zupan nous livre un poignant roman noir américain aux multiples facettes (le racisme, l’isolement, l’alcool, la religion, l’extrémisme politique) qu’il sublime grâce à des personnages attachants et une écriture toute en empathie.

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Les Arpenteurs

John Gload s’est installé devant sa ferme pour attendre les policiers venus l’arrêter. Pour cet homme redoutable, c’est la fin d’une longue carrière criminelle. Les agents se montrent brutaux et insultants. Seul Valentine Milimaki, un des adjoints du Shérif, se distingue par son calme et son respect. Il surprend même le criminel quand il lui pose des questions sur son verger.



Les deux hommes se retrouvent à la prison du comté où Gload est incarcéré pour la durée de son procès. Milimaki est d’abord chargé d’escorter le vieil homme dans la journée puis il est affecté à la garde de nuit de la prison. Leurs rares conversations distantes et banales au départ donnent désormais place à de véritables échanges. Les deux hommes vont se trouver de nombreux points communs. Ils souffrent tous les deux de terribles insomnies, ils ont une même passion pour l’agriculture et ce sont de véritables solitaires.



Milimaki est à une période critique de sa vie. Son manque de sommeil l’enfonce dans un étourdissement brouillant les limites entre rêve et réalité. Sa femme vient de le quitter. Il ne parvient pas à s’accoutumer à son nouveau poste à la prison et un traumatisme de sa jeunesse lui revient à l’esprit en permanence. Milimaki est parfois chargé avec l’aide de son chien de retrouver des personnes qui se perdent ou disparaissent dans les grands espaces du Montana. Quand il arrive trop tard, il prend les cadavres en photo pour une collection macabre qu’il tient pour lui-même.



Ces deux hommes fermés et peu causants vont progressivement s’ouvrir l’un à l’autre. Pour justifier ces visites, Gload va égrener au fil du temps des révélations sur des affaires oubliées. Si Milimaki veille à maintenir une distance, Kim Zupan montre comment, au fur et à mesure, les barrières tombent, les langues se délient et les cœurs s'ouvrent. L'écriture au rythme lent oscille entre les descriptions lyriques de la nature, le récit sans pathos de faits criminels et les échanges pudiques entre ces deux êtres taciturnes. Le récit est entrecoupé de souvenirs, d’hallucinations ou de visions cauchemardesques. Les existences qui se révèlent progressivement ajoutent à ce roman la beauté et la force tranquille suggérées par les paysages du Montana.



A mes yeux, "les arpenteurs" est un des plus beaux romans des éditions Gallmeister.

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Les Arpenteurs

L’histoire est originale, puisqu’il s’agit d’une amitié entre un jeune shérif et un tueur en série de 77 ans. Normalement tout les oppose. L’emploi du temps du shérif Val est modifié, il doit maintenant faire les nuits tandis que le tueur attend son procès. Les heures sont longues, surtout lorsque l’on est insomniaque. Ils commencent à sympathiser en parlant de nature et plantation. Le vieux commence à faire des aveux. Quand la femme de Val le quitte, la maison est vide quand il est en congé au point que les conversations du tueur lui manquent. Ce dernier lui fera une demande bien particulière et inattendue. L’histoire se passe dans le Montana. Une pensée pour Jim Harrison. Merci à Tostaky61, c’est grâce à sa critique que je l’ai lu.
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Les Arpenteurs

Valentine Millimaki est le jeune adjoint du shérif d’une ville du Montana. Son activité principale est de chercher des personnes disparues dans la montagne, mais depuis quelque temps, il ne retrouve que des cadavres. Alors que l’hiver touche à sa fin, la prison accueille John Gload, un vieil assassin soupçonné de crimes innombrables. L’agent Val est assigné au service de nuit pour surveiller le détenu : au cours des longues veilles, un dialogue s’installe entre les deux hommes et une étrange amitié se noue. « On est amis, John, dans la mesure où vous êtes de ce côté des barreaux pour le meurtre présumé d’un homme, et où je suis de l’autre côté afin de m’assurer que vous restiez en vie et que vous soyez puni. » (p. 86) Tandis que l’un raconte son passé et ses méfaits, l’autre lâche quelques bribes d’existence : ses insomnies, son mariage en perdition, son enfance bouleversée par la disparition de sa mère. Prisonniers de leur passé et des démons qui les hantent, le jeune homme et le vieillard parcourent leurs souvenirs et les étendues arides des sentiments déçus.



L’opposition est saisissante entre l’intérieur sombre et étroit de la prison et les grands espaces montagneux : dans la première, il y a la vie, si misérable soit-elle, alors que les seconds n’abritent que désolations et corps sans souffle. « Il se demande ce qui pouvait susciter une telle cruauté dans un si beau paysage. Comme si le vent qui balayait les flancs depuis les escarpements gelés et mornes apportait avec lui l’appétit des loups et des ours, pareil à un microbe contaminant le sang. » (p. 227) De même, en constante opposition, Valentine et John s’attirent et se repoussent jusqu’à former un visage unique et complexe, celui de l’humanité face au temps.



Ce premier roman est plutôt réussi, mais le style imagé est parfois ampoulé et emphatique. Toutefois, Kim Zupan offre de très beaux tableaux des extérieurs hostiles et puissants du Montana. Plus je lis les œuvres publiées par les éditions Gallmeister et plus j’ai envie d’aller poser mes valises dans leurs paysages grandioses.

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Les Arpenteurs

L'année 2015 est là, et que serait une année sans un bon Gallmeister ? Avec Les Arpenteurs, cette merveilleuse maison frappe encore fort dans mon âme de lectrice !



La force des auteurs américains de notre époque est ce don à reprendre la grande qualité de leurs classiques, à conter une histoire unique et pourtant commune, à nous plonger dans le quotidien aride, de merveilleux paysages, à nous donner la sensation d'être bien plus que de simples êtres humains. Tout cela... en un livre !



Je n'ai jamais aimé la lenteur dans les romans et ce que j'aime dans ce livre c'est que cette lenteur est littéralement indispensable, elle est l'essence de ce livre mais cela n'empêche pas les événements de se dérouler, le récit d'être raconté. Vous découvrirez dans ce roman un duo qui va se former progressivement au fil des confidences. Un petit air de La Ligne Verte ou Dead Man Walking tout cela mené par une plume magnifique et une traduction exemplaire.



En effet, je dois le répéter mais c'est essentiel, la traduction est vraiment un élément clé et un exercice difficile dans ce genre de romans et Laura Derajinski retranscrit parfaitement l'atmosphère, la relation qui se forge entre John Gload cet être à la fois humain et effroyable et Val Millimaki un jeune homme qui recherche une certaine approbation de ses aïeuls.



On plonge dans cette amitié et on voit que Val ne sortira pas indemne de ces conversations, à se livrer à cet homme va t-il se délivrer du poids de son quotidien ou alors s'enfermer dans un cercle vicieux où sa vie ne lui conviendra plus ?



La fin est vraiment à la hauteur de l'ensemble et je ne peux que saluer ce titre qui est indispensable pour les amoureux du genre. J'aimerais reprendre les mots de Rick Bass sur ce livre, car si je ne vous ai pas convaincu, ses mots sauront le faire :



"Les Arpenteurs est un rêve fiévreux inspiré, un roman d'aventure, une parabole lyrique. Kim Zupan est une merveille" - Rick Bass



Premier coup de cœur de l'année !
Lien : http://leatouchbook.blogspot..
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Les Arpenteurs

C'est décidément une valeur sûre que ces éditions Gallmeister. Un récit de plus en plus prenant au fur et à mesure qu'il avance. Une noirceur certaine, toujours, mais tellement d'humanité en filigrane, étonnamment, qu'on en sort encore avec beaucoup d'émotions, et de réflexions sur la nature humaine.

Un flic et un prisonnier qui s'observent en miroir et finissent par assister à la naissance d'un lien, certes fragile et indéterminé, mais bien réel, entre les reflets de leurs personnalités perturbées.

Très beau roman dont la nouvelle couverture reflète parfaitement le contenu de cette histoire, ses tenants et aboutissant.
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Les Arpenteurs

Qu’y-a-t-il de commun entre Val, le jeune adjoint du sheriff et John Gload, un vieil homme au regard perçant et surtout un des pires assassins que le Montana ai connu. Astreint aux gardes de nuit, le jeune homme va recueillir les confidences du prisonnier en attente de son procès. Val Millimaki, triste et malheureux en ménage va, bientôt, lui aussi se confier et le monstre derrière les barreaux semble avoir des réponses que le jeune attend. John et Val se découvrent une blessure commune. Sincérité ou manipulation, à quel jeu jouent les deux hommes.



Presque en huis-clos, deux hommes séparés par des barreaux, une écriture au cordeau, Kim Zupan invente le polar humaniste. L’auteur, sans grands effets, maintien un suspens qui devient anecdotique pour s’approcher au plus près de l’humanité d’un monstre. Les collines verdoyantes du Montana servent de décor à ce western crépusculaire. L’ombre de Faulkner, Cormac Mc Carthy, Craig Johnson plane sur le premier roman épatant d’un jeune auteur de 61 ans.
Lien : http://www.baz-art.org/archi..
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Les Arpenteurs

John, le tueur en série et Valentine, le flic se livrent à des confessions sur leur vie totalement opposée qui sont reliées par le fil de la nature. Contraste entre les grands espaces du Montana et le huis clos d'une cellule de prison. Contraste également entre les deux protagonistes du roman.

Les arpenteurs est un roman qui progresse pas à pas dans une ambiance sombre mélangeant l'aventure dans un imbroglio psychologique.

Un roman au rythme très très lent qui pourtant ne lasse jamais tant la plume de l'auteur est captivante. On est embarqué dans l'histoire, dans la relation entre ces deux hommes et c'est une réelle réussite.

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Les Arpenteurs

J’avais lu des avis très élogieux de ce premier roman américain mais je m’y suis avancée toutefois avec un peu de circonspection. Je craignais avoir affaire à plus de deux cent cinquante pages de huis clos, dans le style du film Garde à vous, dont les plus ancien(ne)s se souviendront, de tête-à-tête entre deux hommes, et de trouver cela un peu longuet.

Car c’est bien de cela qu’il s’agit, en gros, mais avec une mise en situation prenante, un arrière-plan bien fourni, des personnages secondaires cohérents, et je vous annonce donc tout de suite qu’on ne s’y ennuie pas un instant.

D’un côté des barreaux, à distance prudente, il y a Valentine Millimaki, plus jeune adjoint du shérif du comté de Copper, dans le Montana, celui qui écope des gardes de nuit et autres missions peu engageantes. De l’autre côté, à moitié dans l’obscurité est assis John Gload, un homme âgé de soixante-dix-huit ans, qui attend sa condamnation pour un meurtre affreux, mais où les preuves de son inculpation sont des plus légères. Le lecteur sait très vite ce qu’il en est de la culpabilité de John Gload, le fond du roman n’est pas là, mais dans la manière dont deux hommes si différents se reconnaissent, s’apprivoisent, en viennent à une sorte d’amitié. Il faut dire que Val n’est pas un policier comme ses brutes de collègues, qu’il a eu une enfance douloureuse, qu’il est en pleine perdition conjugale… De plus, le plus jeune et l’homme âgé partagent un même goût pour la terre et l’agriculture. En quelque sorte, tous deux sont des laboureurs contrariés par la vie (d’ailleurs le titre américain est The ploughmen, Les laboureurs).

Tout le roman ne se passe pas dans les couloirs glauques de la prison, et permet de visualiser aussi bien les banlieues tristounettes de la petite ville que les canyons désolés où Valentine part à la recherche de personnes disparues. Car Kim Zupan excelle autant à décrire les rudes paysages de sa région que les sombres profondeurs des cœurs masculins. Un très beau roman que je conseille plus que volontiers !
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Thèmes : métro , chanson , romans policiers et polars , cinema , romanCréer un quiz sur cet auteur

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