- Je ne peux pas me permettre de te perdre , expliqua-t-il avec un haussement d'épaules, comme si ce n'était pas la chose la plus merveilleuse qu'il ait été donné d'entendre à Violet. Surtout pas maintenant que tu es à moi.
Elle sentit les larmes lui brûler les yeux et cligna des paupières pour les refouler. La découverte qu'elle venait de faire la bouleversait complètement... Elle savait enfin ce que Jay ne lui disait pas quand il la sermonnait sur sa sécurité.
Il l'aimait.
Violet Ambrose s'éloigna de son père, bercée par la symphonie de sons qui s'élevait délicatement autour d'elle. Le doux murmure des feuilles se mêlait aux chants des oiseaux et au grondement lointain de la rivière glacée.
Puis un autre son se superposa aux autres. Une vibration qu'elle n'arrivait pas encore à identifier.
Elle savait bien ce que ce bruit nouveau, dissonant, annonçait. Depuis toujours, elle percevait des couleurs, des odeurs et des sons semblables à celui-ci.
Elle les appelait des "échos".
- Comment tu me trouves ? demanda-t-elle à sa nièce.
- Pourquoi tu le lui demandes, à elle ? s'offusqua Stephen Ambrose, à côté de Violet.
Kat roula des yeux comme si elle avait eu affaire à un enfant lent à la détente.
- Parce que la seule chose qui t'intéresse, c'est que je sois prête. Je sortirais en chemise de nuit, et tu dirais que je suis belle, juste pour pouvoir y aller.
Il sourit.
- Mais tu serais superbe en chemise de nuit !
Kat lança un regard désolé à Violet :
- Tu vois ce que je dois endurer tous les jours ?
Lorsqu'il passa l'ouate imbibée de désinfectant sur les écorchures écarlates, Violet serra les dents. Il leva la tête sans pour autant s'interrompre. Il souffla sur ses blessures, exactement comme le faisait sa mère quand Violet était petite. Elle trouva son geste adorable et jura qu'elle ne s'était jamais sentie aussi attirée par lui que dans la tendresse de cet instant.
Il n'avait aucun moyen d'en être sûr, mais il ne devait prendre aucun risque. [...] Il savait ce qui lui restait à faire.
Il fallait qu'il la réduise au silence. Et de façon définitive.
C'était le seul moyen pour lui de s'en sortir, le seul moyen pour lui de rester en liberté et de chasser à nouveau.
La nièce du capitaine devait mourir.
Violet regardait tomber la première neige de la saison. Les gros flocons duveteux émergeaient de l'obscurité, illuminant le ciel nocturne de leur blancheur éclatante.
Il y avait quelque chose de frais et de délicat dans une nouvelle neige. C'était comme une renaissance.
July portait une robe à la limite de l'indécence qui laissait peu de place à l'imagination et aucune à un soutien gorge...
Jay s’allongea sur elle. Enroulant ses jambes autour de lui, elle l’attira contre elle, lui signifiant par chacun de ses mouvements qu’elle le désirait, que c’était ce qu’elle désirait. Maintenant.
— Tu es sûre ? demanda-t-il dans la chaleur de leur souffle, décollant à peine sa bouche de la sienne.
Elle fit oui de la tête, mais quand elle parla, sa voix tremblait.
— Certaine.
Elle se sentait à la fois nerveuse, terrifiée et exaltée.
Il sourit contre ses lèvres sans cesser de l’embrasser, et elle se laissa complètement aller, incapable de calmer les roulements de tonnerre de son cœur.
Il attrapa son portefeuille dans sa poche arrière.
— J’ai un préservatif, dit-il d’une voix rauque.
— Moi aussi, répliqua-t-elle, plongeant la main dans le tiroir de sa table de chevet. Je savais que tu craquerais.
Elle écouta les bavardages aller bon train autour d'elle tandis que Jay la guidait vers la cantine, son bras autour de ses épaules. Elle entendit Chelsea et July. Elle entendit Claire glousser. Elle entendit la voix du nouveau – Mike, se souvint-elle –, aussi grave que celle de Jay. Et elle entendit Jay.
Elle n'entendit pas la fille, mais elle savait qu'elle était toujours là.
Tout ça n'était que du bruit pour Violet.
Un fond sonore.
Elle sentit Jay presser sa main. Elle était chaude. Elle lui donnait le sentiment d'être en sécurité et rattachée au monde.
Il lui rappelait qu'elle était toujours en vie.
Elle se redressa pour lui rendre son tee-shirt qu'elle avait enfilé.
- Garde-le, dit-il. Je le préfère sur toi.
Sa façon de la regarder la chavirage. C'était un regard débordant de tendresse... Maintenant, ils s'appartenaient.
Il passa son sweat à capuche a même son torse nu, avant de se pencher pour l'embrasser une dernière fois, ses lèvres s'attardant sur les siennes.
Son pouce suivit le contour de sa joue.
- Je t'aime, Violet Marie. Je t'aimerai toujours.
Après quoi il partit.
Et, pour la deuxième nuit consécutive, Violet dormir profondément, enveloppée dans le tee-shirt de Jay.