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Citations de Kirsty Gunn (19)


Kirsty Gunn
Elle était belle, c'était tout. Elle vous impressionnait davantage dans ses moments de révolte, mais au fond elle n'était pas différente des autres gens. Elle était seule aussi. Elle aussi redoutait ces vicissitudes de la vie auxquelles rien ne pouvait plus remédier. l'avenir gâché et plus rien d'autre désormais, que le passé qui vous rattrapait inexorablement.
Aujourd'hui, je comprends ces choses-là, bien sûr.Les années ont passé.
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Il n'y avait pas la place pour faire demi-tour. Les gens qui empruntaient cet itinéraire ne changeaient pas d'avis comme ça : ils s'en allaient, ou bien ils revenaient. Pour eux, voyager dans une direction unique était une loi de la nature - et tandis qu'elle pénétrait plus profond dans les terres, la femme sentait l'angoisse qui étreignait son coeur-boussole. Il n'y avait pas de retour en arrière pour elle non plus. Sa place était là. A présent, elle se souvenait.
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Et certes le choix que j'ai fait m'a placée dans un lieu isolé, qui se trouve très loin de ce tumulte carriériste dans lequel hommes et femmes cherchent constamment à se damner le pion... Je ne suis pas présente dans cette compétition. J'ai fait le choix actif de "disparaître", si vous voulez de ce point de vue là. Je ne gagne plus d'argent comme autrefois, je n'ai plus de pouvoir en ce sens-là. "Tu me demandes si je me sens seule, eh bien oui, alors, seule..."
(...)
Toujours est-il qu'elle a tout. Tout.
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Pendant toutes ces vacances d'été Jim restait petit garçon ; il semblait avoir renoncé à grandir. C'était comme si le sortilège de ma mère s'était réalisé. Il demeurait minuscule et parfait, un garçon-oiseau microscopique doté d'une frêle guipure osseuse et d'omoplates qui ressortaient comme des ailes.
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Et tout du long, je me disais : "ça". Cette sensation d'être totalement consumée par l'instant. De me trouver au centre de mon propre temps. De savoir que depuis des lustres que je traînais mes guêtres dans ce vieux monde, à errer de pièce en pièce, j'avais aujourd'hui cet instant-là,
(...)
Telle une perle, le présent, la conscience du présent. Telle une perle sur un fil que j'aurais serrée dans le creux de ma main tout en glissant vers la mort... "ça".
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Car si on doit laisser naître les choses, on doit tout aussi naturellement pouvoir y renoncer.
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Bien sûr, toute relecture suppose un certain degré de familiarité : l'individu que nous étions quand nous avons lu pour la première fois déteint sur l'histoire et finit par l'imprégner. Ainsi en reprenant ce livre, des années plus tard, y retrouvons-nous forcément un morceau de nous-même.
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Elle aurait dû le savoir depuis le début; mon père aurait dû le savoir: les enfants ont le chic pour précipiter la fin. Par petits morceaux, peut-être, une berge qui s'effrite, une lueur dans l’œil d'un père ou d'une mère, ou encore d'un seul coup, la terre qui se disloque, ne laissant qu'un trou béant là ou l'herbe plongeait autrefois ses racines.
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C’était bizarre, mes parents se satisfaisaient de leur pelouse jaune, de leurs fauteuils tâchés. Mon petit frère et moi avions un lac entier pour terrain de jeu mais eux ne bougeaient pas, ils restaient là près de la maison, allongés comme des cadavres sur leurs lits de repos cassés. Un drôle de spectacle à offrir à des enfants, à la fois splendide et décadent
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Peut - être aurions nous- pu continuer ce genre de scènes, tous les quatre, peut- être aurions nous pu l'apprendre avec le temps, ce truc qui permet aux autres familles d'être de vraies familles.
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Elle tenait le torchon à la main comme elle l'avait tenu ce fameux jour où Mary Susan était venue la voir, où, après avoir posé le torchon, elle avait pris le visage relevé de la jeune fille dans ses mains et l'avait détaillé comme dans un miroir. Il en allait ainsi à l'époque, la jeune fille pareille à un cadeau dans la façon dont elle attendait de Margaret qu'elle lui fasse don de toutes les jolies choses, et Margaret qui était à même de lui en faire don. Elle avait appris qu'elle pouvait, comme une mère à sa fille, donner à cette jeune fille de jolies choses, rien que des jolies choses, cette façon par exemple dont une mère pouvait saisir entre ses mains un doux visage relevé et dire :"Je t'aime. Comme tu es belle." C'était il y a des mois mais pour Margaret une période d'une si grande fraîcheur, une période de floraison, et elle aurait tout donné à Mary Susan, elle aurait donné encore et encore, le souvenir de sa présence transformant le torchon qu'elle tenait à la main, une fleur épanouie qui se désagrégeait dans sa main en pétales veloutés.
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Ni ma mère ni mon père ne sortaient plus pêcher désormais. La pluie venait frapper la tasse en émail avec un infime bruit musical : la pluie heurtait la tasse, la pluie la remplissait. Goutte après goutte, la pluie. S'il pleuvait suffisamment longtemps la tasse se remplissait à ras bord d'une eau renouvelée. Par-delà la rivière la pluie tombait, arrivant de derrière les collines, la pluie. De la pluie dans l'eau, de la pluie sur les feuilles. De la pluie dégouttant des fleurs blanches des arbres à thé, de la pluie dévalant les rigoles boueuses qui sillonnaient la berge, de la pluie sur nos corps. Nous la laissions faire, nous la laissions nous recouvrir, le ciel pouvait pleurer. Mon petit frère renversa la tête en arrière pour offrir son visage aux derniers rayons de lumière et ferma les yeux. Sous l'eau il était transparent.
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Le rebord carrelé de la piscine était glissant sous mes pieds nus avec l'odeur qui s'en exhalait. A mesure que j'avançais avec la surveillante, l'extrémité de la piscine s'éloignant de plus en plus derrière nous.
J'avais le ventre noué d'angoisse et d'épuisement tandis que je me tenais debout sur le plongeoir, mes orteils roses agrippés au rebord, mon corps tout entier figé dans un rictus de froid.
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Sous la pluie, nous pouvions enlever nos vêtements, rallier la plage et pénétrer dans le lac, en un seul mouvement régulier et continu. Il n'y avait pas moyen de dire où se terminait la terre, où commençaient les vagues. Le sable et l'eau se fondaient l'un dans l'autre, embrouillés par la brume, rien d'autre n'existait à l'époque que ces deux enfants.



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Elle aurait dû le savoir depuis le début ; mon père aurait dû le savoir : les enfants ont le chic pour précipiter la fin. Par petits morceaux, peut-être, une berge qui s'effrite, une lueur dans l'oeil d'un père ou d'une mère, ou encore d'un seul coup, la terre qui se disloque, ne laissant qu'un trou béant là où l'herbe plongeait autrefois ses racines.
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Le sable et l'eau se fondaient l'un dans l'autre. En enfonçant vos orteils dans le table vous vous rendiez compte qu'il était chaud. Rien d'autre n'existait que ces deux enfants. Regardez les. Ils sont deux et ils ont toute la plage pour eux et de l'eau qui tourbillonne à leurs pieds nus tandis qu'ils dansent, qu'ils dansent en rond à l'infini...
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Nous pouvions rester dehors toute la journée si nous voulions, fourrageant au bas des arbres avec des bâtons pour dénicher des anguilles, nous asseyant sur la berge et agitant nos pieds nus dans l'eau pour voir si les bébés truites viendraient mordiller nos orteils.
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Quand elle arrivait la pluie était précédée d’un parfum de pluie, et derrière les collines le ciel gris se parait de taches sombres. Puis, lorsqu’elle se mettait à tomber, on aurait dit du fils et des aiguilles, perçant l’eau gélatineuse de mille milliards de piqûres minuscule, rattachant l’eau au ciel par ses fils d’argent. Il y avait aussi le bruit qui faisait la pluie en tambourinant doucement sur l’auvent de toile tendu à l’arrière du bateau. Elle était délicieusement tiède.
La pluie était avec nous, elle était partout autour de nous et dans nos cheveux, nous mouillant la peau, me dégoulinant dans le cou jusqu’au milieu du corps. Des gouttes d’eau venaient frapper la tasse en émail qui datait de l’époque où mon père gardait tout son matériel de pêche dans le bateau, le sac rempli de couteaux et d’hameçons, ses cannes rangées dans leurs étuis.
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D’autres fois, quand, sous l’imminence des orages, le lac paraissait calme comme du verre noir, on pouvait s’imaginer qu’on allait en ressortir couvert de bleus.
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