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Critiques de Klaus Modick (9)
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Mousse

Ce court roman se présente comme un manuscrit posthume écrit par un botaniste septuagénaire, le professeur Lukas Ohlburg, retiré dans une maison familiale en pleine forêt en Basse-Saxe. Il y dévoile son projet de rassembler ses essais scientifiques en un seul ouvrage. Mais le manuscrit est aussi rempli de réflexions très personnelles, introspectives sur son passé ainsi que sur le sens de sa vie.



Le récit serpente, se déplace tranquillement à travers les détails de la mémoire de Lukas, son enfance auprès d'un père rigide tentant vainement de contrôler la nature sauvage dans la cabane forestière, les premiers expériences amoureuses, les relations à son frère. Cette promenade mémorielle, qui écume les événements, s'entrelace avec une fin de vie qui apparaît comme un grand moment de clarté et de simplification, comme un retour aux sources permettant à Lucas de réexaminer sa vie, à commencer par son activité de scientifique.



Il réalise avec mélancolie, sans colère ni désespoir, que ses connaissances scientifiques ne l'ont pas permis d'arriver à une compréhension profonde de la nature. Klaus Modick présente très bien cette dilatation de l'esprit, cette prolifération de la pensée qui le conduit à remettre en question ses certitudes. La terminologie et les classements scientifiques aliènent le regard porté sur la nature, ne rendent pas justice à sa réalité esthétique et sensuelle, font perdre l'émerveillement face à la beauté.



Si les passages strictement scientifiques m'ont quelque peu perdue et fait décrocher, ceux sur la reconnexion libératoire à la nature sont absolument superbes. Surtout lorsqu'ils se tentent de fantastique avec la métamorphose végétale de Lukas qui se couvre de mousse, . Très belle idée aussi que d'explorer ce besoin de transcendance à l'heure de la mort à travers la fascination pour ces organismes végétaux apparemment aussi insignifiants que sont les mousses.



Face à une introspection aussi intime et contemplative, la lecture se poursuit nimbée de solennité et de recueillement, intrigante parfois désarçonnante mais toujours questionnante sur le mystère du vivant.
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Mousse

Petit recueil d’écologie poétique



Publié dans son pays d'origine en 1984 et déniché par les éditions Rue de l'échiquier, ce premier roman de Klaus Modick est un étonnant mélange d'érudition scientifique et de poésie. Une écofiction remarquable.



C'est par l'intermédiaire du frère de son auteur, Franz, que le manuscrit de ce curieux livre est parvenu jusqu'à son éditeur, du moins si l'on en croit la «Note préliminaire de l'éditeur». Un texte qui nous donne aussi l'occasion de faire plus ample connaissance avec le personnage au cœur du roman, Lukas Ohlburg, un botaniste passionné et les circonstances de sa mort: «Mon frère était étendu devant son bureau, dans un état de légère décomposition dû au haut degré d’humidité qui régnait dans la maison. Curieusement, des mousses étaient apparues sur son visage, en particulier autour de sa bouche, de son nez et de ses yeux, ainsi que dans sa barbe.»

La mousse comme une sorte d'obsession pour Lukas Ohlburg qui a pris soin de barrer le titre prévu pour son livre De la critique de la terminologie et de la nomenclature botaniques et de le remplacer par Mousse. On dira qu'il a bien fait, à la fois pour s'ouvrir à un lectorat plus large et parce que la quasi-totalité du livre va traiter de cette espèce botanique particulière qui va l'accompagner jusqu'au-delà de la mort. Cette mousse qu'il trouve au bord du lac qu'il a pris l'habitude de traverser à la nage. Une activité qui n'est pas sans risques à son âge, mais qui lui permet de réfléchir et d'observer.

La mousse, c'est aussi cette plante qui s'est installée sur les tuiles du toit et que son frère aimerait voir disparaître. Aussi a-t-il mandaté un artisan pour procéder au grattage et au nettoyage du toit. Il sera finalement congédié par le scientifique avant d'avoir fini, car cette tâche lui était devenue trop pénible à supporter. C’est parce qu’elle le ramène à un traumatisme d'enfance, quand la famille venait s'installer là pour les vacances. Tandis que sa mère nettoie la maison et que le père retrouve les habitants à la taverne, les enfants doivent nettoyer le chemin à la brosse: nous «grattions la mousse jusqu'à ce que nos mains nous brûlent et que notre dos et nos genoux nous fassent mal, afin que notre père, à son retour, puisse depuis le léger brouillard de schnaps et de bière où il se trouvait dire ce qu'il disait toujours: Voilà. Là, on peut vivre.»

Pour le vieil homme qu'il est aujourd'hui, on peut vivre avec la mousse. C'est d'ailleurs désormais sa mission, vivre avec la nature, dans une sorte de communion. Un ascétisme qui ouvre son esprit, qui éclaire ses observations. Il comprend alors les limites de la science, celle qui nomme et celle qui classe, et se rapproche du vrai, de l’authentique, à savoir les sensations et la poésie. Entendre une bûche crépiter dans la cheminée, observer la mousse qui colonise les endroits les plus insolites, sentir les odeurs et la vibration du soleil sur ses yeux clos... Le vieil homme a compris que ce manuscrit sera son testament, alors il dit tout de sa vie, de ses recherches, de ses doutes, mais aussi de la chance qu'il a à faire partie de ce cycle de la vie. Alors quand la mousse s'installe dans sa barbe, il est heureux. Le bonheur est vert.




Lien : https://collectiondelivres.w..
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Mousse

Lukas Ohlburg était un botaniste de renommée internationale.

A sa mort, après avoir vécu ses derniers mois isolé de plein gré dans la maison familiale au cœur de la campagne allemande, il revient à son assistant de longue date de trier ses articles non publiés.

Ainsi commence l’histoire et le dernier journal du scientifique.



Lukas Ohlburg y livre ses pensées et l’on voit, petit à petit, sa perception changer. Il se rend compte que le travail de classification botanique qui l’a occupé toute sa vie l’a égaré, que la science à laquelle il a voué tout son esprit lui a masqué le vrai savoir. En affrontant sa propre mortalité, il découvre que la connaissance du monde naturel ne vient pas d’une démarche intellectuelle, mais d'un simple sentiment d'émerveillement. La science cède la place à la connexion, son corps ralentit, son esprit se dilate, sa mutation végétale commence et sa fascination pour la botanique culmine dans une compréhension profonde du sens de la vie et de sa propre fin.



Cette écofiction est le premier roman d’un grand auteur allemand, publié en 1984 mais inédit en France.

Un texte qui peut dans un premier temps dérouter. Il faut accepter de se laisser porter pendant quelques pages pour apprécier pleinement l’introspection à laquelle se livre notre botaniste. Mais si vous passez ce cap, vous découvrirez un roman qui vient nous parler avec poésie et tendresse de notre rapport à la nature et à la beauté de l’infime.



Traduit par Marie Hermann
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Mousse

Une fascinante mise en roman de la métaphore invasive de la mousse pour ébranler nos certitudes face au vivant maltraité.



Sur le blog Charybde 27 : https://charybde2.wordpress.com/2021/02/03/note-de-lecture-mousse-klaus-modick/



C’est que sous le signe officiel du « Coucher de soleil dans la forêt » de Conrad Ferdinand Meyer et sous celui beaucoup plus officieux du « Annihilation » de Jeff VanderMeer, il se joue ici, bien au-delà de l’errance obsessionnelle, avec ses moments volontaires et ses moments involontaires, d’un scientifique presque littéralement au bout d’un certain rouleau, comme un affrontement feutré au sujet des frontières du vivant, de la différence constitutive entre règnes, et des mécaniques d’hybridation, métaphorique et matérielle, des stratégies invasives, douces ou non, qui pourraient être envisagées pour modifier nos repères existentiels lorsqu’ils ont prouvé leur inanité destructrice – et c’est bien pour cela sans doute que ce texte si profondément étonnant – fascinant, même – de Klaus Modick se glisse insidieusement, comme à son corps moussu défendant, parmi les fondations de la philosophie écologiste contemporaine : comme si, pour mener à bien cette investigation consciente et déterminée d’un phénomène végétal comme métaphore totale et englobante, Bruno Latour, Philippe Descola et Baptiste Morizot s’étaient subrepticement ligués pour convaincre David Cronenberg de réaliser « La mousse » plutôt que « La mouche ».
Lien : https://charybde2.wordpress...
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Mousse

Lukas Ohlburg, un vieux botaniste, revient dans la maison de son enfance pour y écrire un livre sur un sujet où il fait référence. Dans cette solitude choisie, son quotidien va s'entremêler aux souvenirs de sa vie et de son enfance. En fil rouge, il y a la mousse, celle qui verdissait les dalles rouges du jardin et que son père faisait nettoyer par ses fils à chaque début de vacances dans cette maison, celle étudiée pendant ses cours de botanique à la fac et enfin celle présente autour dans la nature environnante tandis qu'il écrit ces lignes.

Petit à petit, ses pensées glissent de la rationalité (données scientifiques de botaniste à l'appui) à un discours plus poétique. De la nature décortiquée et classifiée, le narrateur se laisse emporter vers une vision dénuée du sens commun. Cette mousse qui, selon lui, ne sert à rien, devient son obsession, au point qu'il finit par souhaiter, sachant sa mort approcher, se fondre en elle.

Il y a sûrement plusieurs niveaux de lectures à ce livre un peu étrange selon moi. Je l'ai perçu comme un appel à un retour à l'essentiel. Peut-être devrions-nous reconsidérer nos vies avec moins d'importance, revenir à l'essentiel en déconstruisant ce que nous avons appris...

Un livre pour le moins intrigant, à relire à différents moments de sa vie.
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Mousse

J’ai lu ce très court roman comme en apnée. Je voulais prendre des pauses, ne pas le finir trop vite, savourer chaque phrase. Mais dès que je le reposais pour faire autre chose, il m’appelait. Je l’ouvrais et je respirais à nouveau. C’est peut-être parce que je vis en ville et que cette dernière année j’en suis beaucoup moins sorti. Alors évidemment, un livre dans lequel un vieil homme se rapproche de la nature, observe des bouleaux à longueur de journées et invite la mousse dans sa vie, ça m’a parlé. Le livre a beau avoir été écrit en 1984, j’ai l’impression qu’il était fait pour moi, maintenant.

L’écriture de Klaus Modick m’a beaucoup plu, ému même, alors que tout reste très calme, sans lyrisme aucun. C’est sans doute dû à ce parfait mélange de réflexions nostalgiques, un peu farfelues de prime abord, et de détails scientifiques. Ça fonctionne parfaitement. Ce roman, c’est un régal.
Lien : https://ledevorateur.fr/mous..
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Mousse

« Mon frère était étendu devant son bureau, dans un état de légère décomposition dû au haut degré d’humidité qui régnait dans la maison. Curieusement, des mousses étaient apparues sur son visage, en particulier autour de sa bouche, de son nez et de ses yeux, ainsi que dans sa barbe.» 

Extrait qui met dans l’ambiance ! Une mort mystérieuse, un manuscrit inachevé, une « Note de l’éditeur » en préambule, le ton est donné pour ce premier roman de Klaus Modick, publié en 1984 en Allemagne.



Dans cette écofiction, nous faisons la connaissance du Pr Lukas Ohlburg, un botaniste renommé, pour qui la mousse devient une véritable obsession. Parti se retirer dans la maison familiale pour écrire son « De la critique de la terminologie et de la nomenclature botanique », le scientifique s’éloigne peu à peu de son projet. Il prend finalement conscience de la nature qui l’entoure, de son pouvoir et de son « essence fondamentale ».

 

l se remémore également sa jeunesse : ses premiers amours, le fascisme et le besoin constant de son père d’éradiquer toutes végétations autour de la propriété. « Chaque année, à notre arrivée, mon père avait l’habitude de poser ses mains sur ses hanches et s’écrier en feignant l’indignation :  Et voilà ! Ce truc vert est encore en train de grandir. Il faut des hommes pour lutter contre lui ! La croissance sauvage doit cesser ! Le devoir vous appelle ! »

 

Plus Ohlburg avance dans son manuscrit, plus sa santé décline tandis que la mousse elle, croît et s’insinue partout, jusque dans sa barbe…



Un texte dans lequel j’ai mis du temps à rentrer et bien que j’aie pu être un peu moins emballée par les explications scientifiques, je me suis néanmoins laissé porter par la poésie des propos, par l’immensité de cette nature et par les souvenirs du scientifique. De nombreux passages peuvent être cités, mais je vous laisserai les découvrir 😉.

Un manuscrit entre le testament et le récit initiatique qui nous offre « une réflexion philosophique sur le langage et la manière qu’il peut avoir de nous tenir à l’écart du cœur vivant de ce qu’il désigne »



Je vous préviens, vous ne regarderez plus la mousse de la même façon !
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Mousse

Lukas Ohlburg est un vieux professeur émérite de biologie qui, à la fin de sa vie, se retire dans la maison de campagne de sa famille pour y écrire un dernier ouvrage censé mettre un point final à sa réflexion sur la classification de la botanique… mais rapidement, les souvenirs et les rêves, la nécessaire connection physique à la nature prennent le pas dans l’écriture. C’est le sujet de Mousse, premier roman de l’écrivain allemand Klaus Modick, écrit en 1985.



C’est un livre très poétique et émouvant que nous offre ici Klaus Modick. Certes, certaines considérations sur la botanique sont parfois difficiles à saisir, mais on retiendra surtout la réflexion d’un homme qui se rend compte que l’analyse scientifique ne l’a pas conduit à une connaissance si profonde de la nature et que toute tentative de classification de celle-ci devrait nous aider à la découvrir.



Rapidement, Lukas Ohlburg s’épanche autour de la mousse, omniprésente aux alentours de la maison de campagne. Le travail systématique auquel il est habitué laisse place à des notes, des considérations. Les souvenirs de l’enfance passée dans cette maison avec un père qui voulait tout contrôler, mais aussi les réminiscences de la fuite de la famille devant le national-socialisme ou encore du premier amour contrarié se succèdent.



Considérations d’un homme sur le temps qui passe, Mousse est aussi la réflexion sur le cycle de la vie où tout est lié, à l’image du vieil homme et de la mousse qui ne font plus qu’un à la fin du roman ; il est également un appel au rapprochement avec la nature.


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Mousse

Étonnant ! Un livre philosophico-biologico-scientifico-écologique...Parfois ardus dans ses parties scientifiques dans lesquelles il constate son « échec »,. Mais la construction est intéressante et il livre une analogie avec la mousse surprenante, mais aussi des moments de tendre nostalgie et de critiques acerbes vis-à-vis de son père...
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