La seule chose qui me gênât un peu, c'était, malgré mon dégoût pour la nourriture, la faim quand même. Je commençais à me sentir de nouveau un appétit scandaleux, une profonde et féroce envie de manger qui croissait et croissait sans cesse. Elle me rongeait impitoyablement la poitrine ; un travail silencieux, étrange, se faisait là-dedans. On eût pu croire à une vingtaine de fines petites bestioles qui penchaient la tête d'un côté et rongeaient un peu, penchaient la tête de l'autre côté et rongeaient un peu, restaient un moment tout à fait tranquilles, recommençaient, se frayaient un chemin sans bruit et sans hâte et laissaient des espaces vides partout où elles avaient passé...