Extrait : Mort anonyme.
---------
Le visiteur était là. Allongé sur le ventre, les deux pieds joints, en direction de la porte. Mort. Bien évidemment, A. ne comprit pas tout de suite. Plusieurs secondes s’écoulèrent avant qu’il ne fût saisi d’une intense stupéfaction. Secondes remplies d’un silence haletant, semblable à une feuille de papier blanc chargé d’électricité.
Puis les capillaires du pourtour de ses lèvres se contractèrent brusquement, ses pupilles se dilatèrent, sa vue se brouilla. Son odorat s’affina et il sentit tout à coup une forte odeur de cuir brut. A., occupant de l’appartement n° 7 du bâtiment M., frissonait, comme tétanisé, et prenait conscience de la gravité de la situation : un inconnu était mort chez lui, sans sa permission.