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Citation de Charybde2


Bon maintenant, monsieur Demontfaucon, j’ai à faire. Ézéchiel se retire de l’entrebâillement de la porte. Mais sa voix le retient par la nuque.
Vous, vous êtes né après. Vous ne pouvez pas comprendre. Ce quartier n’a pas toujours été ainsi. C’était un village ici. Des boucheries. À l’angle de la rue Pasteur il y avait une boucherie qui restait ouverte jusqu’à onze heures, minuit. Vous vous rendez compte, une boucherie ouverte jusqu’à onze heures du soir ! Un village c’était, ce quartier. Des boulangeries, des papeteries, des cafés. Où en vois-tu, désormais, Ézéchiel ? Un village, c’était ici à l’époque. Il n’y avait pas qu’une boulangerie, mais trois, et ces gens ont tout tué avec leur pognon gagné Dieu sait comment. Y a que les Arabes qui ont tenu le coup. Tels des roseaux, leurs petites épiceries ont résisté au souffle du dragon. Comme quoi ! Mais bon, ça reste des Arabes. À la mairie, ils disent qu’ils font ce qu’il faut pour arrêter le mouvement, mais on ne voit rien changer. Jour après jour la gangrène progresse. Maintenant ils remontent et l’avenue Parmentier et le boulevard Voltaire. Putain de confection ! Et le bouquet, c’est que, vous l’avez probablement remarqué, une famille est venue s’installer en face de chez moi. En face de chez moi !
Les voisins de mère, pense Ézéchiel.
Sous mon nez ! Et le maire qui laisse faire ! Mais les gens commencent à réaliser, et ça gronde dans le quartier. Les gens sont à bout. Ça gronde. En silence, mais ça gronde. Aux prochaines municipales, il ne passera pas, le maire. Les gens ne sont pas contents. Il ne passera pas… Votre maman, elle revient quand ?
Aucune idée.
Partout ça râle. La boulangère dit qu’elle ne pourra pas tenir. Les pressions qu’elle subit pour céder le bail ! Le triple, ils lui proposent. Le triple ! Parce qu’ils en ont de l’argent, eux. Et ils sont disposés à payer n’importe quoi, en liquide, et au propriétaire et à la boulangère, pour faire sauter la dernière boulangerie qu’il nous reste. Personne ne sait d’où ils le sortent, tout cet argent, mais ils l’ont à ne plus savoir quoi en faire. Oh ça oui, ils l’ont, leur putain de pognon ! C’est à coup de pognon qu’ils vont nous bouffer ! À coup de pognon ! Et de patience. Parce que c’est rudement patient, un Chinois. C’est pas comme les Arabes. Excités, impatients, toujours prompts à sortir le poignard. Les Arabes c’est encore un autre bazar ; eux, ils sont nés dingues.
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