Ne rien voir
Ne rien ouïr
Ne rien dire
Pensez-vous que
Ne plus regarder
Ne plus entendre
Ne plus parler
Me rendra
À moi-même ?
Comme personne
Ne dit rien
Je fais voeu de silence.
J'ai chanté avec Grand-grand-père. Et je lui ai demandé si je pouvais moi aussi ranger ma grenade,
ma mitraillette
et mon char dans sa cantine de fer.
Mère était surprise que je veuille me débarrasser de mes compagnons de chaque jour.
Grand-grand-père a dit « Bien sûr!» avec satisfaction
et nous avons joué fièrement à la paix tout le restant du soir.
Quand je l'ai entendu dire :
Je ne suis pas sur terre
Pour tuer des pauvres gens
j'ai compris que le récit qui m'avait enchanté avait réveillé en lui de mauvais souvenirs.
Ici Elle chante (et son chant est parole) :
Comme une source elle s’est donnée. Aux nobles et aux roturiers, aux notables et aux serviteurs, aux nantis et aux pauvres. Gracieusement. Comme une source elle s’est donnée et comme les lamantins les grands et les petits l’ont bue. Chacun son jour. Chacun son tour. Avidement.
Comme un soleil elle était dans le quartier. Brillant pour tous pareillement. Qui avait bu de sa lumière en était fier et cette fierté rejaillissait dans ses gestes, sur son chemin, dans sa maison, sur son travail. Pour beaucoup elle était la nouvelle source du bonheur, la source secrète.
Étendue dans sa bière d’acajou elle dort, et ne coulera plus pour personne, et ne brillera plus pour personne. Triste est le quartier, tristes sont les buveurs. Jour sans soleil. Nuit sans lune. Et pleurent les nobles et les roturiers, les notables et les serviteurs, les nantis et les pauvres.
La tristesse est dans les yeux, une tristesse non feinte. On pleure la source qui a tari en se disant que si elle est morte de ce que la rumeur soupçonne, il ne faudra pas beaucoup de temps pour que sa nuit entraîne celle du village. On pleure, on pleure, on pleure. On pleure vraiment la généreuse.
" Je dors pour continuer à rêver que je m'amuse dans la forêt où l'on m'a enlevée " répond le petit singe.
Si jamais
Nous parvenons au lieu où
il est temps de s'accoucher soi-même-
Qui en toi mettras-tu au monde?
Ils avaient tous été des « tirailleurs sénégalais » même si nous ne sommes pas sénégalais.
[...]
Ils défilaient pour fêter la victoire des Alliés sur les puissances de l'Axe.
Ils défilaient pour rendre hommage à leurs compagnons tombés au champ d'honneur à Thiaroye.
Ils défilaient pour CÉLÉBRER LA PAIX.
Ôhó so’a lô oh !
Et me voici
sautant et dansotant
sur la feuille
blanche de silence
comme Gilgamesh
sans Enkidu
dans la steppe orpheline
allant et venant
sur la feuille
blanche de tristesse
comme Gilgamesh
sans Enkidu
sur le chemin
d’Ut-napishtim
Ôhó so’a lô oh !
Sa danse était la pirouette des hirondelles et des libellules dans le beau temps.
Ecoute la musique
wawa wouawa
du coqillage qui chante les légendes de la mer