Kristan Higgins

Lorsque l'homme que j'aimais se mit en marche vers mon bureau, l'image de la biche percutée par un camion s'imposa à mon esprit. J'étais la biche - symboliquement parlant, j'entends - et Mark Rousseau, le poids lourd du destin.Tout le problème était là en fait : la biche se pétrifie, comme chacun sait - d'où l'expression "comme un animal figé dans la lumière des phares". La biche et moi (Callie Grey, trentenaire depuis ce matin, 9 h 34) avons conscience que le danger vient droit sur nous. Mais nous restons figées, que ce soit face à un trente-cinq tonnes (dans le cas de la biche) ou à un homme arrivant sur moi d'un pas athlétique (dans mon cas personnel) - sourire permanent scotché aux lèvres, belle chevelure de poète, magnifique regard sombre, pétillant d'humour. J'attendais donc, en ouvrant des yeux de cervidés. C'était vraiment trop bête (si l'on peut dire) car, à part avec Mark, je n'étais pas tellement du genre "biche". Je tenais beaucoup plus de l'adorable hérisson déluré, ou de toute autre bestiole rigolote du même genre.
- Bonjour, Callie, dit Mark en souriant.
Boum ! Le choc venait de se produire.