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Critiques de Kyong-suk Shin (43)
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Prends soin de maman

Venue de sa campagne pour un court séjour chez ses enfants à Séoul, Sonyo disparaît. Elle n'a pas réussi à suivre son mari dans le métro bondé qui est parti sans elle. Bien sûr, il est revenu très vite; mais elle n'était plus là, comme évaporée. Depuis ses enfants la cherchent sans répit, dans toutes les rues de cette capitale qu'elle connait si peu. Ils placardent des affiches, diffusent sa photo, parcourent la ville, en vain. Leur mère reste introuvable...Les semaines passant, à l'inquiétude se mêlent les souvenirs, et avec eux, les remords, la culpabilité, le sentiment d'avoir connu la mère, mais si peu la femme qu'elle était aussi.



Qu'est-ce qu'une mère ? Tout l'univers, pour un enfant. C'est elle qui met au monde, nourrit, soigne, protège, console. Elle supporte tout, sacrifie ses besoins et ses désirs, tait ses inquiétudes et ses déceptions, pour que ses petits grandissent, s'épanouissent et réussissent. Une fois grands, les enfants se détachent. Celle qui était le centre de leur monde devient plus pesante au regard de leur désir d'indépendance et, quand ils quittent le nid, elle devient une partie de leur enfance, presqu'indésirable dans leur vie d'adulte. Voilà un peu le parcours de Sonyo, épouse et mère devenue vieille. Ses enfants ont réussi, ils ont quitté la campagne pour s'installer à Séoul. Bien sûr, ils viennent encore, de loin en loin, pour de brèves visites. Bien sûr, elle va les voir dans cette grande ville qu'elle craint un peu. Mais ils ont un peu honte de cette campagnarde qui voyage encombrée de légumes et de petits plats, de valises et de sachets. Ce n'est que lorsqu'elle disparait qu'ils se rendent compte de l'importance qu'elle avait dans leur vie. Et il en va de même pour son mari, homme infidèle, souvent absent, trop peu préoccupé par le bonheur de son éternelle compagne. Chacuns à leur tour, enfants et époux, racontent Sonyo, ce qu'elle leur a apporté, ce qu'ils regrettent de ne pas avoir vu, ce qui leur manque aujourd'hui.

Bien sûr, l'histoire est coréenne, mais ce qu'elle évoque est universel. Il s'agit là de l'amour maternel dans ce qu'il a de plus beau, de plus pur, de plus désintéressé. Un sentiment qui dépasse tout, qui peut faire des miracles et soulever des montagne, qui finit parfois par se heurter à l'ingratitude honteuse de ceux qui en bénéficient. Prends soin de maman est l'histoire très émouvante d'une mère et d'une femme qui interpelle chacun d'entre nous. On oublie trop souvent tout ce que notre mère a fait pour nous pour ne plus voir que celle qui dérange, qui encombre, qui dénote dans notre vie d'adulte libre et indépendant. On croit ne plus avoir besoin d'elle et pourtant...

Un livre pudique, fort et bouleversant qui tirera une larme à tout ce qui ont parfois négligé leur maman.



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La chambre solitaire

Ce roman est un formidable témoignage sur la condition des jeunes travailleuses en Corée.

L'auteur a dû travailler très jeune (de 16 à 19 ans) dans une usine afin de pouvoir se payer des études.

Les conditions de vie et de travail y étaient absolument abominables et alors qu'elle est devenue écrivain, elle a choisi, avec ce livre, de rendre hommage à toutes celles qui ont partagé son quotidien à cette époque, sachant que pour beaucoup d'entre elles, le quotidien ne s'est pas forcément amélioré avec les années, malheureusement.

L'auteur déploie une plume magnifique, fine et subtile, elle raconte avec pudeur mais aussi avec passion les heures de travail interminables, le froid perpétuel, la fatigue, la faim qui ne les lâche jamais, les injustices mais aussi la volonté de chacune de se battre pour essayer d'avancer.

Un roman fort , qui interpelle et donne enfin la parole à des dizaines, des centaines de jeunes filles et jeunes femmes silencieuses.
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Li Chin

Un joli roman historique, portant sur une période peu connue : la fin du 19ème siècle en Corée.

Elle est compliquée, l'histoire de la Corée, péninsule devenue un enjeu pour les puissances coloniales européennes, comme pour les grands voisins, Chine, Japon, Russie.

Cette histoire complexe est ici incarnée dans le sort de Li Chin, petite orpheline devenue la favorite de la reine, puis une danseuse de grand talent (Allez regarder quelques vidéos de danse coréenne traditionnelle pour vous mettre dans l'ambiance).

Elle est alors remarquée par Victor Collin, consul de France en Corée, qui en tombe violemment amoureux et obtient l'autorisation royale de la ramener avec lui à Paris - telle le clou de sa collection d'art asiatique.

On trouve trace de l'existence réelle de Li Chin dans un seul ouvrage, mentionnant sa vie à Paris : "...cet esprit génial, à qui les beautés des langues occidentales devinrent bientôt familières, et qui écrivit des pages d'observations remarquables (...) Une grande mélancolie s'empara d'elle, et, malgré la tendresse que lui témoignait encore son mari, on la vit dépérir rapidement."

A partir de ce mince point de départ, et d'authentiques lettres de Victor Collin, l'autrice a largement romancé la vie de Li Chin. Elle apporte un grand nombre de détails sur la vie de cour, la cuisine, l'habillement, et invente plusieurs personnages secondaires permettant de mieux comprendre les transformations politiques et religieuses que connait la Corée à l'aube du 20ème siècle.

Toutefois, les parties historiques m'ont paru un peu confuses et ont un peu plombé ma lecture.

Traduction fluide de Jeong Eun-Jin et Jacques Batilliot.

Challenge Globe-Trotter (Corée du Sud)

LC thématique de juillet 2022 : "Les prénoms, saison 2"
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Prends soin de maman

Vous est-il déjà arrivé de décider de lire un livre simplement en raison de l’esthétique de sa couverture ? C’est ce qui m’est arrivé avec cette photo toute en ombres et lumières d’une jeune femme asiatique. Et j’ai ainsi découvert un pan de la littérature Coréenne.



Sonyo est venue à Séoul chez ses enfants avec son mari ; malheureusement elle s’est perdue dans le métro et dans des rues qu’elle ne connait pas. De plus, depuis quelques temps elle présente des signes inquiétants de perte de repères et de maux de têtes terribles.

Ses enfants et son mari vont tout faire pour tenter de la retrouver. Ils se mettent à sa recherche dans toute la ville mais elle reste introuvable, plusieurs semaines après sa disparition.

C’est l’occasion pour chacun d’une sorte d’introspection sur sa relation avec cette femme ou avec ses frères et sœurs. C’est aussi à ce genre d’occasion que les rancœurs remontent à la surface, chacun rejetant sur l’autre les origines de la situation. C’est le moment des regrets de ne pas avoir dit, de ne pas avoir vu, de ne pas avoir fait, de ne pas avoir compris plus tôt ce que leur mère ou leur femme leur apportait.



Le style adopté par l’auteur peut dérouter (Le narrateur se parle en se tutoyant par exemple). Il faut s’habituer. Une fois que c’est fait, on découvre un livre sensible, bien écrit, simple et fluide ; quoiqu’ à certains moment le rythme soit lent... trop lent.



C’est en tout cas une lecture agréable et il faut noter une très belle fin évoquant un parallèle avec la Piéta de Michel-Ange à Saint Pierre de Rome :

« Mère habitée par une miséricorde, silencieuse devant le corps de son fils. »

A vous de découvrir ce monde nouveau et étonnant.

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Li Chin

Li Chin est un livre qui évoque la Corée à un moment charnière de son développement, permet de découvrir la culture coréenne des années 1900, et évoque avec talent le déracinement.

Découvert à l'occasion du prix critiqueslibres 2013, je n'ai pas aimé ce roman. Je définirai ce livre comme une fiction "pseudo-historique" (je n’ai pas compris l’intérêt de l’auteur d’insister la réalité du personnage sur lequel elle ne sait rien, ou presque), dans lequel l'héroïne (qui est la plus belle, la plus intelligente, la meilleure danseuse, qui parle couramment plusieurs langues, etc...) dont on nous conte la vie fictive, tient une place importante dans une histoire avec des personnages à l'existence réelle au cours de faits avérés !

L'ouvrage est essentiellement descriptif, avec, dès les premières pages, une dimension tragique entretenue par le rappel récurrent d'évènements qui prendront toute leur "importance dramatique" plus tard (ah... combien de fois est évoquée cette histoire de poire grattée à la petite cuillere par la reine Min elle-même ?!?). Si l'on ajoute à cela une certaine propension à la sensiblerie (outre la poire de la reine, on peut citer l'amour "caché" et total de Kang Yon, le dévouement maternel de Mme So...)...



C'est certes bien écrit, mais 576 pages, que c'est long !
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La chambre solitaire

Une autobiographie romancée qui permet de découvrir la vie en Corée du Sud dans les années 80. Un récit riche d'émotions qui rend hommage à la vie, aux personnes qui ont partagé la vie difficile de l'auteur.

Des interrogations sur la littérature, son sens, sa place.

Shin Kyon-Suk nous offre un texte sincère, parfois poétique et authentique.
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La chambre solitaire

La chambre solitaire est un magnifique témoignage et un subtil équilibre entre fiction et vécu. L'écriture est sobre, descriptive et factuelle. Bien que le contexte ne soit absolument pas le même, j'ai retrouvé des accents du célèbre livre de Soljénitsyne, Une journée d'Ivan Dessinovitch. Bien sûr, la cité ouvrière de la banlieue de Séoul où la narratrice va partir travailler n'est pas un bagne et elle s'y rend de son plein gré, ou presque. Elle n'est pas isolée dans la chambre solitaire, elle la partage avec une partie de sa famille. Mais qu'est-ce que cette vie pour une adolescente de seize ans arrachée à sa campagne natale pour pouvoir suivre en cours du soir, après de longues journées d'un travail abrutissant et mal payé, un enseignement qui lui permettra d'entrer au lycée puis, peut-être, à l'université...

Cette vie minutieusement décrite fait naître chez le lecteur un sentiment diffus de malaise : le redressement économique de la Corée à la fin des années 70 avait donc généré l'exploitation d'une partie de sa jeunesse, les "moteurs de l'industrie ?". Cela donne envie de mieux connaître ce pays, coupé en deux blocs antagonistes depuis la fin de la seconde guerre mondiale, comme le fut l'Allemagne.

Pendant des années, l'auteure ignore cette époque, jusqu'à ce jour ou une ancienne camarade lui demande si elle en a honte. Se met alors en marche le processus de rappel des souvenirs, qui s'accompagne toujours du questionnement, est-ce bien ainsi que les choses se sont passées ? Car en plus de ces journées d'ouvrière, Shin Kyung Sook a subi un traumatisme culpabilisant dévoilé au fil des pages. Souvenir douloureux qui se greffe sur une vie douloureuse.
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La chambre solitaire

C'est après avoir lu les commentaires que j'ai décider d'acheter "La Chambre Solitaire" et je n'ai pas été déçue. J'ai adoré les émotions, l'histoire, l'écriture. J'ai suivi avec passion ce récit de la jeune fille travaillant en usine et suivant des cours pour tenter de réaliser son rêve, devenir écrivain, avec des détails sur la Corée d'il y a quelques décennies et je suis entrée sans peine dans son monde, son monde dans l'usine, dans la famille, ses liens avec son frère, ses parents, sa cousine, sa maison. Les sentiments qui émanent du roman pourraient être ceux de chacun d'entre nous. Les petits détails jamais superflus permettent que les images se forment, de pénétrer dans l'univers de celle qui devient écrivain, s'interroge sur l'écriture : quand on lit on rentre dans un domaine inconnu qui devient familier, quand une personne écrit, elle fait entrer dans son œuvre sa propre personne et ce qui l'entoure passé par le miroir de sa sensibilité. Les personnages sont tous attachants ou poignants ; les images belles et touchantes m'ont accompagnée tout au long de la lecture et je pense encore aux oiseaux blancs posés sur les branches de la forêt obscure, au puits profond réel et symbolique.
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Prends soin de maman

Prends soin de maman est un roman fragile et délicat, à l’écriture étonnante, aussi fébrile qu’émouvante et qui captive de plus en plus le lecteur jusqu’à son puissant dénouement. Récit familial dans ce qu’il peut avoir de plus intime, le roman de Shin Kyung-sook alterne les points de vue, nous donnant à ressentir le drame en nous plongeant dans la tête des enfants de Sonyŏ, son mari… et enfin elle-même. A l'exception de cette dernière, tous disent "tu" pour dire "je", d'où un ton certes un peu curieux au début mais qui a le don d'interpeller et de faciliter l'identification aux personnages.



Ode à l'amour maternel, Prends soin de maman n'est cependant jamais un récit dégoulinant de bons sentiments. Avant la disparition de Sonyŏ, ses enfants et son mari ne réalisent pas le pilier qu'elle était dans leur vie, l'influence qu'elle a eu sur chacun d'eux et la culpabilité ne tarde pas à les rattraper.



J'ai aimé le sujet,mais j'ai trouvé que parfois c'était trop long et trop ennuyeux. J'ai un avis mitigé. moyen
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Prends soin de maman

C'est un livre qui commence brutalement par une disparition. Une vieille femme s'est égarée dans le métro de Séoul, parce qu'elle n'a pas pu suivre le pas de son mari. Et puis, au fur et à mesure de ce roman polyphonique, ses quatre enfants revisitent leurs souvenirs, s'aperçoivent combien la présence de cette mère les a protégés, au détriment de sa propre vie de femme. Prends soin de maman, de la coréenne Shin Kyung-sook, est écrit dans une langue toute simple, limpide, qui acquiert des couleurs et des nuances nouvelles à mesure que le portrait de cette mère s'affine et se complexifie. Un roman familial, donc, qui ne paie pas de mine de prime abord, et qui finit par entraîner dans ses langueurs nostalgiques, jusqu'aux deux derniers chapitres, encore plus intimes, touchant enfin le coeur par leur impudeur discrète, par tous ces petits secrets qui font une existence, tous ces sacrifices qui ne se voient pas, tant que la routine du quotidien est la plus forte. L'un des personnages se demande "où vont les moments, une fois qu'ils sont passés ?", pourquoi est-ce l'absence qui nous rend lucide, tout en nous confrontant à nos propres erreurs et à la culpabilité de n'avoir pu dire ou faire dans l'instant ce qui n'est plus possible désormais. Outre ses portraits entremêlés, le livre est aussi un témoignage réaliste et fourmillant de détails sur la Corée rurale, de la fin de la guerre à nos jours, avec des moments de dénuement et le dur labeur des champs pour sortir des temps difficiles. Subtil dans sa construction et dans l'évocation des rapports entre parents et enfants,entre maris et femmes, Prends soin de maman est une bien jolie découverte.
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Li Chin

Li Chin est une danseuse du palais royal de Corée à la fin des années 1890. Mais le regard que pose le diplomate français Victor Collin de Plancy sur cette femme va lui permettre de découvrir la France. A travers cette femme admirée pour son intelligence et sa beauté, c’est la Corée et la France de l’époque que l’auteur décrit.



Ce livre de Shin Kyung-sook est une véritable réussite. J’ai appris beaucoup de choses sur la Corée de l’époque. A cet moment-là, la Corée, appelée Royaume de Choson, s’ouvrait sur le monde. Les représentants des différents pays défilaient auprès du roi. Le Japon et la Chine se bataillaient ce pays qui s’éveille. L’auteure s’est intéressée aux regards de l’indigène sur l’étranger, de l’étranger sur les coutumes du pays. Evidemment, c’est une biographie romancée, la présence de certaines personnalités (comme Guy de Maupassant) est imaginée par l’auteur même si elles faisaient partie de son époque.



D’après une note, le texte en français comporte quelques modifications par rapport au texte original, je suis curieuse de savoir lesquelles. Pour la version française, l’auteur a ajouté une préface puisqu’une partie de l’histoire se passe en France.



J’ai eu du mal avec les noms coréens au début mais c’est vraiment un roman à lire, pour apprendre les tragédies de l’époque quand les grandes puissances de ce monde se battaient déjà pour acquérir de nouvelles terres, pour connaitre cette Li Chin, pour passer un bon moment tout simplement.
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Prends soin de maman

Autrice découverte au détour d’une note de lecture, une envie de Corée liée à une autre lecture récente, j’ai choisi ce titre parce qu’il me paraissait, dans la bibliographie de cette écrivain, le plus proche de mes sujets de prédilection. Puis j’ai lu des critiques assez mitigées, et j’ai craint de m’être trompée. Alors j’ai voulu en avoir le cœur net et j’ai commencé ma lecture.

Une femme venue rendre visite à ses enfants se perd dans le métro et disparaît. Sa recherche s’organise, en même temps que chacun repense à cette femme, à ce qu’elle a représenté pour eux et à ce que ce vide laisse. Le livre est organisé en quatre longs chapitres, chacun ayant une personne de la famille différente comme centre. Et, tout en suivant les étapes de la recherche, on explore avec ce personnage sa relation à sa mère, ou à sa femme. Les petits souvenirs qui reviennent tout à coup et qui prennent une saveur ou une signification nouvelle. Un questionnement sur une relation qui semble d’habitude aller de soit, celle à sa mère, dont on attend tout sans penser à ce que cela signifie.

Je ne sais dans quelle mesure ce livre est autobiographique, mais ce sont les passages centrés sur la fille autrice qui m’ont le plus touchés, malgré leur écriture à la deuxième personne du singulier qui est toujours un peu compliquée à accepter et à comprendre. Cette fille qui vit sa vie comme bon lui semble, qui s’affranchit de toutes les conventions sociales dont elle ne veut pas s’embarrasser, qui ne s’encombre pas de bons sentiments mais qui se rend compte, même si ce n’est pas dit aussi clairement, de son égoïsme et de la façon dont elle a pris le soutien de sa mère pour acquis alors que ce n’aurait jamais dû être le cas.

Il y a aussi le déni dans lequel est chaque personnage, qui n’a pas voulu voir les problèmes de santé de leur mère. Une mère est un rempart infaillible, elle ne peut pas vieillir, elle ne peut pas mourir, elle sera toujours là et c’est toujours elle qui soignera nos bobos, ce ne peut pas être l’inverse.

Dans nos sociétés vieillissantes, où l’on commence à distinguer les notions d’« espérance de vie » et d’« espérance de vie en bonne santé » (la première continuant à augmenter, plus lentement certes, mais la seconde stagnant depuis de nombreuses années), les questions que soulèvent ce livre sont d’actualité et il est intéressant de lire une autrice coréenne sur ce thème en se sentant si proche d’elle, comme si la relation entre une mère et ses enfants était finalement peu marquée par la culture.

Le livre ouvre beaucoup de portes mais ne donne pas de réponses toutes faites, la fin est suffisamment ouverte pour que l’on puisse laisser les personnages continuer à évoluer. Et c’est au lecteur de franchir les portes qu’il veut franchir, pour tracer son propre chemin, sa propre réflexion sur sa relation à ses parents, et sur l’acceptation de les voir vieillir et décliner. Très beau livre, qui m’a parfois noué la gorge parce que je m’y retrouvais dans ma relation aux générations familiales qui précèdent la mienne, livre qui m’a fait réfléchir et qui me fera peut-être même changer. Mais un de ces livres qui doit être lu au bon moment, sinon j’imagine bien qu’il peut être considéré comme trop lent, trop creux, sans intérêt. Pour moi, il fut tout le contraire et je ressors de cette lecture en commençant à pouvoir mettre des mots sur des sentiments épars, et en commençant à pouvoir mettre y un peu d’ordre.
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Prends soin de maman

Je ne sais pas vraiment comment chroniquer ce livre...

Mon coeur s'est brisé tant de fois en lisant l'histoire de cette maman coréenne à travers le point de vue de différents membres de sa famille. J'ai reconnu ma propre maman dans son personnage tant de fois. Une lecture qui m'a beaucoup touchée.
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Li Chin

A la fin du 19ème siècle, Li Chin est danseuse à la cour de roi de Corée, favorite de la reine, lorsque Victor Collin de Plancy, diplomate français, est ébloui par son charme. Après l’accord des souverains, Li Chin quitte alors son pays pour suivre son compagnon en France…



Ce scénario me faisait penser à l’histoire de Pocahontas : une jeune femme étrangère suit un Occidental en Europe, avec le choc culturel que cela implique, des deux côtés. Mais ce roman va beaucoup plus loin.

Déjà, il est fortement ancré dans le contexte de son époque : au 19ème siècle, la Corée est ballotée en le Japon et la Chine, chacune des deux puissances essayant d’obtenir le contrôle de la petite péninsule. Li Chin et Victor Collin ont tous deux des raisons pour connaître les détails des manigances diplomatiques et l’autrice ne se prive pas pour nous en faire part. C’est le genre de roman qui donne envie de se documenter après lecture, pour mieux comprendre les évolutions politiques du pays !

Ensuite, il est d’une très grande sensibilité, bien typique d’un roman asiatique. Il est parfois difficile de cerner Li Chin, de différencier par exemple sa volonté de son devoir, mais, sans s’attacher à elle, on ne peut que ressentir de la compassion pour la détermination de cette jeune femme.



J’ai apprécié tant les chapitres en Corée que les passages qui se passent à Paris. Dans les deux cas, je me suis immergée dans la culture de l’époque, vue alternativement par les yeux de la personne native que de l’étranger.e.

Je regrette simplement la fin trop rapide et les irrégularités temporelles. J’aurais bien aimé m’arrêter plus longuement sur certains moments, mieux comprendre certaines situations…

En revanche, j’ai beaucoup aimé les efforts de l’autrice pour nous faire passer son amour pour la Corée et son affection pour la France, tout en nous montrant les défauts des deux pays.



Je vous conseille complètement cette biographie historique romancée pour vous immerger dans la Corée du 19ème siècle.

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Prends soin de maman

Dès que je me suis plongée dans ce roman il ne m'a plus lâché. L'histoire s'ouvre sur la disparition de la mère Sonyo qui, en visite à Séoul, a manqué le métro. Ses enfants, son mari se mettent à la recherche de Sonyo. J'ai apprécié la tension qui accompagne la quête de la mère dont on découvre l'existence et les sentiments grâce au récit de ses enfants et également de son mari avec lequel elle a contracté un mariage arrangé. Je trouve ce roman ancré dans l'univers coréen, universel tant il révèle les liens particuliers qui se tissent entre chaque enfant et sa mère. Les différentes facettes de la personnalité de Sonyo sont dévoilées par chacun des enfants, par le père, par elle-même et aussi par les personnes qui l'ont connues et qui l'ont aimée sans que sa famille s'en doute : elle a pris soin d'enfants d'un orphelinat auxquels elle manque à présent, elle a éprouvé un attachement profond pour son beau-frère qui aurait aimé étudié, elle a souffert de la mort de celui-ci et surtout des accusations qui lui sont portées à la suite de l'empoisonnement du jeune homme. Ses enfants ignoraient sa souffrance première, celle de ne pas savoir lire ce qui a induit chez elle la volonté que ses fils et ses filles poursuivent des études malgré la pauvreté. Elle a supporté les misères de sa vie, les maux physiques nés d'une vie dure certes mais aussi de souffrances morales grâce à une rencontre qui a éclairé le chemin de son existence,l'a soutenue. Et au terme de sa vie, elle se souvient de sa petite enfance et de la mort de son père.
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La chambre solitaire

"La Chambre solitaire" est un vrai coup de coeur. Racontant l'histoire d'une jeune campagnarde montée à Séoul pour travailler à l'usine, le parallèle entre cette jeune fille dont le seul souhait était de devenir écrivain et la femme qui a atteint cet objectif est passionant. C'est à travers ce parallèle que toute une réflexion peut être menée sur le rapport entre un passé dont on ne se libère jamais vraiment, et sur le présent qui en résulte. Il y a certes des éléments sur la culture coréenne, et l'histoire de son industrialisation, qui peuvent rebuter les lecteurs n'étant pas familiés avec le pays, mais le coeur du roman repose sur des émotions et des luttes "universelles". Ces dernières sont portées par un style sobre et puissant, où le pathétique n'empiète pas sur l'exutoire, et par une traduction extrémement solide et bien faite. Une oeuvre que je recommande vraiment :)
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Li Chin

C'est à l'occasion d'une visite à la Manufacture de Sèvres que j'ai découvert ce livre présenté à l'accueil (sans doute à l'occasion d'une exposition temporaire). Je l'ai acheté trouvant intéressant de lire un roman coréen.



Pour écrire ce roman l'auteure choisi comme point de départ un fait semble-t-il réel : un diplomate français en poste à Séoul , Victor Collin de Plancy, tombe éperdument amoureux d'une danseuse attachée à la maison royale, Li Chin. Le roi Li-Hi lui fit cadeau de la jeune femme.



Victor Collin de Plancy repartira pour Paris avec la jeune femme.



Quelques mois plus tard, nommé à nouveau en Corée, Victor reviendra avec la jeune femme qu'il abandonnera. Leur histoire d'amour aura durer à peine 4 ans (1891-1895).







Les archives concernant cette histoire étant pratiquement inexistante Kyyung-Sook abandonnera son projet de biographie pour le roman. Cet ouvrage, assez agréable à lire, nous permet de découvrir quelques pages de l'histoire de la Corée, appelée à l'époque où se déroule l'histoire,le royaume de Choson.



La vie politique de ce royaume, objet de convoitise de la Chine et du Japon, semble non seulement compliquée (je serai bien incapable de résumer les conflits dont il est question dans ce livre) mais assez violente. La reine Min sera d'ailleurs assassinée par des japonais .



Lorsque le roman se passe en France si nous n'apprenons rien de particulier sur la France nous rencontrons avec plaisir des personnages réels comme Maupassant et Guimet.
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Li Chin

Ah... Des trois hommes qui aiment Li Chin, l'un l'aime d'un amour qui veut la détruire, l'autre l'aime d'un amour pur dont elle ne sait rien et le dernier, qui l'épouse, finit par se détacher d'elle.



Ce n'est pourtant pas cela qui la blesse le plus. Il me semble que Li Chin ne se remet jamais du rejet, incompréhensible pour elle, de la reine. Elle ne sait pas que la souveraine a eu peur qu'elle n'attire trop le regard du roi, elle ne se rend jamais compte de sa beauté et du fait que les hommes tombent tous sous son charme.



Quel destin ! Aller jusqu'en France pour finir par revenir en Corée...



Une jolie lecture, quoique triste.
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Li Chin

Li Chin est marquée par un destin hors norme. Née dans une famille coréenne pauvre dont le père volontaire au service de l'armée ne revint jamais du combat et dont la mère décède alors qu'elle n'a que 5 ans, Li Chin est receuillie par une voisine stérile. Elle y fait la rencontre d'un garçon muet, orphelin. Ils vont développer une formidable amitié l'un pour l'autre et vont se retrouver au service de l'impératice de Corée l'une comme danseuse et l'autre comme musicien. Mais le destin de Li Chin va basculer lorsque le premier ambassadeur français en Corée, Collin de Plancy tombe éperdument amoureux de Li Chin. Il l'emmènera avec lui en France où la belle danseuse est confrontée à la curiosité parisienne pour son physique atypique. Histoire d'amour et de désillusion sur fond historique dans une période mouvementée pour la Corée en proie aux ambitions chinoises, japonaises et russes, ce roman se dévore. Je le recommande fortement aux amoureux de l'Histoire, de l'Asie et des histoires d'amours compliquées.
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Li Chin

Au XIXe siècle, une jeune femme est transplantée d'un monde à un autre à la suite du caprice amoureux d'un homme.

Danseuse attachée à la Cour Royale de Corée, elle va être offerte par ses souverains en cadeau à un jeune diplomate français (ils vont d'ailleurs aussi lui offrir... un chien) qui va l'emmener avec lui en France avant de revenir en Corée et de la "rendre" à ses royaux propriétaires. Après l'adieu à son pays et la perte de la tendre affection d'un jeune musicien, Li Chin va exercer son esprit vif et curieux à la découverte de ce nouveau monde. Malgré la découverte de cette culture, sa bonne entente avec la servante Jeanne, sa rencontre et son amitié avec Maupassant, elle ne trouvera pas le bonheur dans ce pays. A travers sa jeune héroïne, l'auteure ne manque pas, au passage, de montrer le racisme de cette époque coloniale même dans cette bonne société parisienne cultivée. Le compagnon de celle-ci, si amoureux qu'il soit, n'ira pas jusqu'à épouser une femme asiatique ! Elle ne sera, finalement, pour lui qu'un élément de plus de sa collection d'objets d'art exotiques. Il y a aussi cette visite au Bois de Boulogne où des africains sont exhibés pour l'amusement du public (des "zoos humains" existaient d'ailleurs réellement à cette époque).

Au total, un roman intéressant et agréable. Mais, pour ma part, même s'il m'a fait découvrir l'histoire de la Corée de la fin du XIXe soumise à l'appétit de ses voisins et si l'auteure a su rendre son héroïne attachante, j'ai eu un peu de mal à le finir. La dernière partie, qui tranche, me semble t'il, un peu trop avec le reste, est vraiment, sombre, sanglante et désespérée...

A lire, toutefois...

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