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Critiques de Kyûsaku Yumeno (19)
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Dogra Magra

Sans mon libraire, qui connait fort bien mes gouts, et son avis enthousiaste sur ce livre, jamais je ne me serais lancée dans cette lecture !

Il faut dire que je n’avais jamais entendu parler, ni du livre, ni de son auteur…..Bon, il est vrai que du point de vue auteurs japonais, mes connaissances se limitent à Keigo Higashino.

Pour mieux comprendre le contexte de cette œuvre, je précise juste que Kyūsaku Yumeno est donc un auteur japonais ayant vécu dans la première partie du XXème siècle et qui est décédé en 1936 à 47 ans à peine.

Avec la lecture de Dogra Magra, le lecteur va aller se balader dans des sentiers inconnus, car cette œuvre est vraiment très singulière….

Un homme se réveille dans une sorte de cellule…Il ne sait pas qui il est, ni pourquoi il se trouve enfermé dans cette pièce. Il entend une femme gémir et appeler dans la pièce voisine…. Qui est-il ??

Survient un curieux médecin, qui bien que ne lui révélant pas son identité, semble tout à fait disposé à l’aider à retrouver la mémoire….

On va s’embarquer dans une histoire forte en coups de théâtres et renversements de situations (mais plutôt en deuxième partie du roman)… Qui est vraiment cet amnésique et surtout, que s’est-il vraiment passé ?

Beaucoup de digressions, qui même si j’étais prévenue, m’ont un peu gênée et pollué ma lecture par moments.

On sent aussi, malgré l’intrigue, que cette histoire est aussi un violent réquisitoire contre la psychiatrie. Au vu du vécu de l’auteur (sa belle-mère a essayé de le faire passer pour fou pour le spolier de son héritage), cela peut se comprendre….

En conclusion, je ne pourrais que paraphraser la quatrième de couverture de ce livre : il s’agit d’une œuvre stupéfiante et inclassable…



Challenge Pavés 2020

Challenge Mauvais Genres 2020

Challenge ABC 2019/2020

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L'Enfer en Bouteille suivi de Amour Posthume

L'enfer en bouteille :



très courte nouvelle narrant l'histoire d'un frère et d'une soeur pré adolescents échoués sur une île. L'originalité réside dans la forme utilisée : l'histoire est racontée par le biais des bouteilles jetées à la mer par les enfants. Propos glauque et imprévisible on demeure très empathiques des tourments existentiels des deux protagonistes.



Amour posthume :



l'histoire d'un soldat russe en retraite après la Révolution de Lénine et la pourchasse du tsar et de la noblesse. Raconté sous la forme d'une confession avec un style très différent de la première nouvelle, plus nostalgique, moins"fou".

L'histoire de destins changés par l'Histoire, d'un amour ambigu, de la cupidité quasi innée. Très marquant.



Finalement c'est une très belle découverte, à travers des récits existentialistes puissants et qui malmènent nos émotions.
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Dogra Magra

je l'ai fait! je l'ai fini! bravo à l'auteur pour cette performance d'ecriture mais hommage aussi aux lecteurs qui ont été au bout !

atypique par l'écriture et le theme ...mais je suis resté sur ma fin quant à l'intrigue. cela vaut il 800 pages? pas sur
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Dogra Magra

Dogura-Magura


Traduction : Patrick Honnoré.





Dogra Magra ou le Roman Labyrinthique.


Peut-être Yumeno Kyûsaku se sentait-il plus à l'aise dans le "court." On peut le penser car la faiblesse de "Dogra Magra" tient dans sa construction et ses longueurs - celles-ci étant peut-être plus sensibles à un Occidental : le roman policier chinois ou japonais, pour autant que je le sache, a toujours aimé les digressions.


Mais justement, dans "Dogra Magra", on ne peut pas parler vraiment de digressions mais plutôt de répétitions. Si le procédé montre très clairement dans quel état mental lamentable se trouve le principal narrateur du roman, il finit par lasser. Imaginez des poupées gigognes dont les emboîtages successifs n'auraient pas de fin et vous aurez une idée assez exacte de "Dogra Magra."


Les quatre-cents premières pages surtout sont laborieuses parce que truffées de discours et de théories sur le traitement des aliénés et aussi de réflexions philosophiques sur l'esprit, le cerveau, etc, etc ... Le style n'arrange rien : il regorge de points de suspension, se fait tour à tour haché et doctoral et tout cela donne l'impression de tourner sans fin.


A la moitié du roman donc, le ton change légèrement et l'intrigue qui aurait conduit notre narrateur dans la cellule d'hôpital où nous l'avons trouvé fait mine de se mettre en place. Mais elle est elle-même si tordue, si distordue, si contournée, si nébuleuse que le lecteur n'a pas trop de toute son attention pour la suivre. (Surtout, lire "Dogra Magra" quand on a tout son temps ! Sinon vous ne le terminerez jamais.)


En substance, un jeune homme (une vingtaine d'années à peu près) se réveille un triste matin dans une cellule capitonnée et entend une voix de femme - celle de sa voisine de la cellule 6 - l'appeler et gémir. Après avoir tourné comme un ours en cage pendant on ne sait trop combien de temps, l'amnésique (car le malheureux ne se rappelle pas même son nom) reçoit la visite du Dr Wakabayashi, homme grave et volontiers pédant, qui lui donne l'impression de l'observer sans cesse du coin de l'oeil et qui l'invite à se remémorer son identité par une recherche personnelle dans des lieux et dans des archives où lui-même, Wakabayashi, se fera son guide.


L'amnésique arrive ainsi dans le bureau-bibliothèque du Pr Masaki, son médecin référent, dont Wakabayashi lui assure avec regret qu'il s'est suicidé un mois plus tôt. De fil en aiguille, le patient est amené à poser de plus en plus de questions sur le Pr Masaki et, une question en entraînant une autre, le voilà plongé dans le parcours professionnel révolutionnaire de Masaki, partisan de la "thérapie par l'émancipation des aliénés."


Mais, peu à peu, notre amnésique sent une question croître en lui : n'est-il pas la victime du machiavélique jeu de pouvoirs de deux médecins particulièrement brillants qui, bien loin de vouloir lui faire recouvrer la mémoire, s'acharnent à l'induire en erreur quant à son passé ?


Surtout, s'il y a criminel en cette affaire, qui est-il exactement ? ...


Au-delà son argument policier, teinté de fantastique, "Dogra Magra" reprend les sentiments les plus intimes de son auteur : la sensation, qu'il dut connaître très jeune, de ne pas être maître de son destin, la certitude d'être manipulé par les uns comme par les autres tout en se demandant si ceux-ci n'étaient pas eux-mêmes victimes de quelque marionnettiste aussi occulte que démoniaque, la hantise cachée de son propre déséquilibre, le mariage du malheur et du sentiment amoureux ... Et c'est sans doute cela qui parvient à fidéliser le lecteur, à faire patienter celui-ci jusqu'à la huit-centième page où, une fois de plus, c'est à lui, et à lui seul, de se faire sa propre opinion sur ce récit aux multiples facettes qui laisse le même sentiment de malaise que la contemplation hypnotique d'un motif répété sur un autre motif qui, lui-même, est répété sur ... ;o)
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Dogra Magra

Une lecture remarquable, singulière imaginée par Yumeno Kyûsaku, publié en 1935.

L'on se laisse happer par le récit, parfois complexe pour ceux qui ont quelques difficultés de concentrations, mais l'histoire mérite d'être lue jusqu'à la fin.

Il y a un peu de tout et l'on ressent ce côté légendes urbaines japonaises, une certaine atmosphère que l'on retrouve dans certains des mangas et film.

Un côté fantastique, mais aussi une part de vérité concernant "le rêve du fœtus" (par ailleurs, j'ai pensé au livre d'Otto Rank : "le traumatisme de la naissance" paru en 1928). Mais aussi et surtout "théorie de l'hérédité psychologique" que mentionne le professeur Masaki, j'ai de suite pensé à la psychogénéalogie (psychanalyse, ADN), mais encore au lien d'âme (christianisme).

L'auteur est sans doute influencé par les débuts de la psychanalyse, notamment Freud, Otto Rank..

Mais quelle imagination en tout cas ! Il y a tant à dire, je suis étonné que ce roman ne soit pas plus connu en occident, pourtant vu comme un chef d'œuvre et un livre inclassable est étrange.

J'ai aimé, mis à part quelques longueurs.

Je recommande amplement..
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Dogra Magra

Oeuvre stupéfiante, Dogra Magra est à la fois une performance d'écriture inégalée et un extraordinaire roman policier.

Un amnésique se réveille en pleine nuit dans la chambre d'un hôpital psychiatrique. Nous le verrons se débattre au milieu d'une toile d'araignée tissée par les docteurs de l'institution, à la recherche de son identité et de son éventuel rapport avec une mystérieuse affaire criminelle. Qui est Kure Ichirô ? Quelle terrible malédiction poursuit la lignée de sa famille et se réveille dans ses gènes ?

Le lecteur, entraîné dans une spirale de plus en plus serrée de coups de théâtre et de renversements de perspective, perd toute notion de l'espace et du temps et sent son esprit lui échapper, pris d'un vertige ontologique. Car ce roman, où se côtoient la doctrine bouddhiste du karma et les concepts psychanalytiques d'inconscient, est à la fois un chef-d'oeuvre d'écriture parodique qui se joue de tous les styles et une intrigue d'une intelligence labyrinthique où toutes les interprétations et leurs contraires sont autant de pièges tendus pour égarer le lecteur. Réflexion sur la folie, l'identité et les pouvoirs de la science, ce texte dérangeant à l'extrême, publié quasi confidentiellement en 1935, resta totalement inconnu du grand public jusqu'à sa redécouverte à la fin des années soixante. Lorsqu'on en referme la dernière page, on comprend pourquoi il est aujourd'hui considéré au Japon comme un des romans majeurs du XXe siècle.

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Dogra Magra

Attirée par la présentation de l'éditeur, qui décrit ce roman (policier ?) comme un chef d'oeuvre des années 30, resté confidentiel, redécouvert par l'intelligentsia japonaise dans les années 60 et considéré depuis comme l'égal de Kafka, j'ai commencé ce roman pleine d'espoir. Mais je ne suis arrivée au bout des 350 premières pages qu'à force de persévérance. Le récit débute avec le réveil, dans un hôpital psychiatrique, d'un jeune homme qui a perdu tous ses souvenirs. Un médecin, plutôt inquiétant, survient et lui annonce qu'il va se souvenir de son nom, et par là même faire le bien de l'humanité en apportant la preuve que les théories d'un certain Docteur Masaki sont exactes. Commence alors une longue séquence où le jeune homme se voit asséner des informations contradictoires : il serait impliqué dans un assassinat ; il serait le fiancé de la jeune femme interné dans la chambre à côté de lui ; le Docteur Masaki se serait suicidé un mois plus tôt... etc. Séquence elle-même suivie d'un long développement sur les théories assez démentes du Dr Masaki, présentées sous forme de pastiche du discours d'un moine bouddhiste errant, des travaux d'un universitaire ou d'un article de presse. Ces pastiches ont sans doute beaucoup de charmes pour un japonophone, mais je dois avouer y être restée assez insensible. Un peu avant la page 400, les choses deviennent plus concrètes et une intrigue policière se développe, pleine de rebondissements, mais on reste dans l'univers du pastiche et de l'absurde... Bref, plutôt une curiosité littéraire qu'un véritable roman.

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Dogra Magra

Une sacrée claque.

Toujours dans l'idée de découvrir un peu plus la littérature japonaise, je me suis lancée dans la lecture de ce passionnant roman... philosophique ? policier ? scientifique ? psychologique ? cette pièce de théâtre ? Difficile de qualifier cet ouvrage, même quelques jours après l'avoir terminé, tant il brise les codes. La narration est extrêmement variée. Le style peut paraître assez déroutant de prime abord, l'écrivain employant des techniques littéraires très variées, oscillant entre les simples onomatopées et les phrases longues d'une page, réflexions personnelles et passages plus scientifiques. Pourtant, il est difficile de décrocher de sa lecture : mêmes les discours les plus complexes des personnages sont rédigés de manière à nous fasciner, à nous maintenir en haleine. Distinguer le vrai du faux, la mise en abyme du "premier plan" relève d'un véritable défi. Paradoxalement, la meilleure manière de lire ce livre est de lâcher prise, se laisser porter par le flot de dialogues, de monologues et d'histoires variées.

Quoiqu'il en soit, le résumé a tenu sa promesse : ce récit surréaliste ne laisse pas indemne.
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Dogra Magra

Je suis très mitigé sur la lecture de ce roman policier pour le moins atypique. Publié au milieu des années 1930, il raconte en bref l'histoire d'un jeune homme amnésique qui se réveille dans un hôpital psychiatrique, et qui va prendre connaissance par le biais de deux brillants médecins d'évènements tragiques liées à la ''malédiction'' millénaire d'une famille, famille et malédiction qui ne sont pas sans rapport avec son amnésie. En gros j'ai trouvé le début très accrocheur, puis je me suis beaucoup ennuyé sur un gros milieu, et j'ai retrouvé de l'intérêt sur les disons 300 dernières pages. Du coté négatif, je l'ai trouvé souvent bavard, un peu confus et avec un thème central (la psychologie génétique) relativement difficile à avaler. Du coté positif, une fois le coté ''psychologie génétique'' avalé, on peut alors dire que certains passages sont prenants et que ça ne manque pas d'originalité.
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Dogra Magra

Une fois n’est pas coutume, parlons d’une expérience de lecture hors norme. Hautement conseillée par Sebastien Razier, que dire sur cette œuvre ? Atypique, sans aucun doute. Hardue, assurément. Audacieuse, à bien des propos. Attention Objet Littéraire Non Identifié. Dogra Magra se mérite.



Certes la lecture peut sembler éprouvante. Avant d'aller au bout, j’ai mis un certain temps à me lancer. Car je dois l’avouer, il faut une certaine dose de courage pour traverser la 1ere centaine de pages de ce pavé et pour s’abandonner à un « laché prise » nécessaire à la plongée dans ce livre. Verser dans une sorte de délire schizophrène parfumé d'un soupçon de polar peut paraitre éprouvant. Mais disant cela, je ne vends pas le produit de manière très correcte. En tous cas, je ne témoigne pas du travail courageux et hors norme, où exceptionnellement l’effort de l’auteur est partagé par le lecteur.



Inclassable à plus d’un titre, ce roman est une performance dans son genre. Oui, l’ouvrage de Yumeno Kyusakuqui est déroutant. Il plonge d’emblée le lecteur dans un univers énigmatique pour concentrer sur la déduction. La promesse d'une révélation est ce qui semble, à première vue, être l’objet de ce polar. Mais Dogra Magra, né après un passage imposé par la famille à son auteur en hôpital psychiatrique, est plus que cela.



Oui, il est délicat à résumer. Lecteur quasi-innocent, je me suis aperçu que ce roman est le fruit de 10 ans de travail. 10 ans de labeur pour arriver à fusionner assassin, victime, détective, trois personnages en la personne d’un narrateur amnésique.



Ouvrir Dogra Magra, c’est suivre, ce narrateur qui se réveille au son d’une cloche, dans un hôpital psychiatrique. Il ne sait pas où il est, ni qui il est. Il ne sait quoi penser et le lecteur non plus. Et voilà, tout est en place. Le désarroi du lecteur est celui du narrateur.



Le nœud est fait. Sous couvert d’attachement, de lien littéraire, on remonte le fil. Il passe du lecteur au narrateur, du narrateur au docteur. Ca y est, nous sommes entrelacés. Tu commences à sentir le désarroi ? T’inquiètes, ce n’est que le début.



Parlons de ce docteur. Le professeur Wakabayashi a repris les travaux du professeur Masaki, un docteur fou. Il est censé faire retrouver la mémoire à notre inconnu. Mais Dogra Magra étant un OLNI, tout vrille pour mieux nous perdre. Assis auprès du narrateur, on subit les coups de théâtre et les renversements de situation. On empile une sorte de poupée russe japonaise, un truc en gigogne. Un roman dans le roman. Saches juste que le travail de ce bon docteur a pour ambition de de manipuler la psychologie du crime à travers un gène endormi depuis des générations dans l’inconscient de tout à chacun pour transformer n’importe quel quidam en assassin. Notre inconnu est un cobaye. The « arme psychologique ».



Oui, ce roman est parfois dérangeant. Car Yumeno nous manipule. Nous sommes ce cobaye notamment quand, Wakabayashi présente au narrateur une série d’artefacts dont un document manuscrit, un récit troublant d’un aliéné, intitulé Dogra Magra. Ca y est, tu vois le truc, pauvre lecteur. On reboucle la boucle.



Mais une nouvelle fois, ce serait trop simple. L’auteur casse le rythme et nous propulse dans une succession de textes courts, voire très courts, donnant le sentiment d’être décousus et à contrario verse dans une emphase grandiose via le testament du docteur Masaki, le tout en un mouvement visant à la reconstitution de la mémoire de notre inconnu embastillé.



Bref, notre cerveau turbine.



Et me voilà projeté dans la peau de celui qui doit mettre les pièces en place, les carrés dans les carrés, les ronds dans les ronds pour aller au bout de ce qui ressemble fort à une enquête. Car, c’est également dans sa structure que Dogra Magra est un polar. Charge à nous d’explorer les possibilités, échafauder les hypothèses comme tout bon enquêteur. Mais rien n’est ce qu’il parait. Yumeno Kyusakuqui se joue de nous. Les personnages ont plusieurs facettes. Les morts ne le sont pas vraiment. Et si à la fin, le roman fini par livrer ses mystères, enfin certains, il faut constamment garder à l’esprit que cet auteur fabuleux a osé briser le pacte naïf et tacite qui lie le lecteur à son auteur - ce truc qui nous parait implicite, où ce dernier fait vœu de franchise. Donc forcément, avec Yumeno, il y a des fausses pistes.



A travers cette découverte d’un roman lourd (au sens propre comme au figuré), un esprit souffle sous le crâne similaire à celui que tout à chacun a eu lors de la découverte de son 1er Kafka. Sous couvert d’intrigue policière, il me parait de temps à autre, avoir décelé un parfum de surréalisme. Cette traduction, mais je gage qu’il était de même pour l’original, ne se laisse pas apprivoiser facilement.



Si ce roman est entrecoupé de concepts psychanalytiques, d’une vision sombre des conditions d'internement en hôpitaux psychiatriques, le style de cette œuvre est riche. Il convient de ne pas s’arrêter à la 1ere partie, un quasi monologue. Car la forme est variée, souvent hachurée, faite de phrases très courtes, parfois assez fragmentées, mais à d’autres moments, saisie par des phrases précieuses. On sent l’auteur jubiler à l’idée de savoir le lecteur élaborer des hypothèses.



Oui, la fin peut laisser le lecteur dans une certaine expectative. Oui une deuxième lecture est à priori nécessaire pour appréhender pleinement Dogra Magra. Mais on va souffler un peu car cet OLNI consomme une énergie folle.
Lien : https://nigrafoliablog.wordp..
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Dogra Magra

S'il fallait brièvement qualifier Dogra-Magra, ce serait : une virulente dénonciation du système psychiatrique du début du XXe siècle, utilisant l'ossature d'un roman policier dopé aux charmes d'épisodes légendaires extrême-orientaux.



A chacune de ces caractéristiques -j'en compte trois- correspondent à l'intérieur de l'oeuvre une construction, un ton, une écriture et éventuellement, selon le lecteur, un niveau d’acquiescement.



Le système psychiatrique de l'époque partout dans le monde -il a perduré dans ses principes et ses pratiques une bonne partie du XXème siècle, peut-être jusque vers les années 70- repose sur des pseudos-connaissances non scientifiquement fondées et se traduit par des traitements brutaux, absurdes, destructeurs et des internements arbitraires, souvent utilisés dans des buts non médicaux. Il est ici dénoncé avec justesse, férocité et humour par l'auteur dont la vie a elle-même été lourdement impactée par ces dérives. La construction -insertion de "documents" -m'a rappelé Dos Passos, contemporain de Yumeno, mutatis mutandis. L'écriture caricature la pompe scientifique. Le propos est à la fois sérieux et pertinent dans sa critique, déjanté voire délirant dans ses excès. Çà pourra sembler long à certains.



La trame policière n'est-elle qu'un prétexte au pamphlet? Probablement pas, l'auteur étant un habitué du genre et les moyens qui y sont consacrés, très consistants. La construction se fait relativement complexe, joue avec la chronologie -habilement-, les rebondissements -à l'excès, l'incertitude quant à la véracité des propos du locuteur -classiquement. La forme privilégie les longs dialogues à une seule personne- qui ne sont toutefois pas monologues, le deuxième personnage se taisant longuement; le style est relâché, rappelle un peu la bande dessinée. Il m'a aussi semblé retrouver certains accents et traits de Gaston Leroux et son Rouletabille, également contemporains de Yumeno. Hélas je n'ai pas trouvé l'intrigue aussi élégante ni compacte.



Les épisodes anciens, pseudo-historiques, offrent une rupture de style, apportant avec la fraîcheur voire quelque émotion, un plus grand agrément de lecture et pour les inconditionnels, des éléments de culture littéraire.



L'imbrication des trois structures est un point fort de l'oeuvre. La cohérence globale m'a paru élevée et on peut d'ailleurs détecter, au fur et à mesure de la lecture, les apports qui contribuent à son édification. L'auteur a travaillé. L'ensemble forme cependant un agrégat surprenant et copieux, de mon point de vue moyennement digeste.

J'éprouve pourtant une certaine admiration pour celui qui a conçu et tenté cela; pour son but et les moyens qu'il a voulu mettre en oeuvre et qui dénotent, à mon sens, une indéniable intelligence, une vaste culture internationale et du souffle, qualités très inégalement partagées par les auteurs de polars.

Surtout cette oeuvre parue en 1935 manifeste une réelle modernité de par sa vocation dénonciatrice, son humour et sa volonté d'innovation.

J'ai pourtant quelque difficulté à suivre l'éditeur qui affirme sur la 4e de couverture que ce livre "est aujourd'hui considéré au Japon comme un des romans majeurs du XXe siècle."

Si c'était le cas, me donnerait pas trop envie de lire nippon plus avant.

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Dogra Magra

Une victoire que la lecture de cette œuvre décalée et immersive, elle m'aura pris deux mois. Dogra Magra titre du livre, formule cabalistique nipponne, fait pour moi écho aux infinis retournements de cet étrange investigation. Notre narrateur (si tant est qu'il y en ait un) se réveille commotionné dans une cellule psychiatrique sans aucun souvenir, même de son propre prénom. Pris en charge par deux savants confrères, on tente petit à petit de lui faire prendre conscience de ses actes: il aurait tué 7 personnes, victime d'un crime d'un genre nouveau: "le crime à l'arme psychologique".



Mais voila, est-il vraiment ce qu'on prétend qu'il est? et puis, pris dans un tourbillon de faits, de preuves mais aussi de mensonges, la vérité se fait confuse, au grand plaisir des docteurs. Eux même ne seraient-ils pas peu ou prou mêlés à cette histoire ésotérico-scientifico révolutionnaire?! Beaucoup de questions tournoient, les styles, et les genres s'alternent et embrouillent le lecteur qui sent lui même poindre une certaine folie..



Magistral, décalé, Dogra Magra est un Ovni inclassable édité en 1932 au Japon, réédité bien des fois, étudié, et ici en France, traduit avec brio par Patrick Honnoré qui nous en laisse un gout indescriptible..
Lien : http://ranatoad.blogspot.com
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Dogra Magra

Quel ouvrage étrange que ce Dogra Magra ! Je pense que tous les lecteurs s'accorderont sur ce point ! Il faut déjà faire l'effort (c'est le mot) de passer les premières 400 pages, en ce qui me concerne j'ai eu l'impression de lire un manifeste fictif de psychiatrie (et donc de perdre mon temps, préférant dans ce cas lire un vrai manifeste psychiatrique). Cette partie étant nécessaire à la suite certes, mais n'avait pas la nécessité d'être si longue. Vient ensuite une partie vraiment intéressante, décalée, complexe et habilement construite, où l'on pense cette fois vraiment "entrer" dans le sujet. La dernière partie étant un peu un mélange des deux premières où l'on se sent pour finir perdu (déçu ?). Dans tous les cas ce livre inclassable vaut le détour, si ce n'est pour la qualité de l'ouvrage (que chacun jugera complètement différemment), au moins pour l'expérience !
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Dogra Magra

J'avoue être passé tout à fait à côté du livre. Les longueurs m'ont en effet totalement lassé. Les pages s'enchaînent... OK, elles créent une ambiance, une atmosphère... mais d'autres auteurs arrivent au même résultat avec beaucoup moins de longueurs, de lenteurs, de digressions. Le suspense se dilue (à mon sens) et le roman perd en intensité. Et pourtant, je suis un grand fan des thrillers japonais, lents et glauqes.
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Dogra Magra

Arrrrgh. Minou ! Tu t’es déjà fait amputer de ta frustration par une 4e de couv’ ? Parce que oui, effectivement c’est « stupéfiant » et « inclassable » bordel… Mais faudrait ajouter dérangeant et malsain et …



Pfiou. C’est un roman dans des romans, ça joue les poupées russes avec la narration. C’est écrit que c’est l’assassin la victime mais le narrateur principal dit tout le temps « je », ben en fait c’est avec tes nerfs que ça s’amuse et c’est toi la victime++



C’est certainement un des romans les plus cinglés que j’ai lu et que je range illico à côté des perturbants La Maison des feuilles, Jérusalem et tous ces romans qui à force de mises en abîme te font somatiser sans prendre les petites pincettes de la délicatesse.

J’ai vu des critiques ou certains laissent carrément tomber, parce que c’est vrai que faut s’accrocher, c’est une lecture difficile avec des styles différents suivant les narrateurs, on passe par exemple d’un phrasé classique à une retranscription verbale mots pour mots, le tout dans une sorte de labyrinthe de labyrinthes de labyrinthes de labyrinthes… Euaaarrrh au secours !

Je suis pas mécontent d’en être sorti mais putain quelle claque ! C’est costaud j’te préviens lis pas ça si tu te sens pas trop bien dans ta vie en ce moment. Ça parle de psychologie héréditaire mais c’est de la grosse stratégie mentale entre psychologues, le patient, le(s) criminel(s), les faits historiques et certaines références aux cultures chinoise et japonaise (c’est très très riche quoi).

Écrit en 1936, il faut au moins être aussi dément que l’auteur pour comprendre toutes les subtilités (c’est pas mon cas 😭) mais wow…



(T’es prévenu bb y’a moyen que tu t’y casses les dents, la mâchoire et le cowboy qu’essaiera de te les refourguer)


Lien : https://www.instagram.com/p/..
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Dogra Magra

Pas facile!

Une œuvre hors norme pour une expérience littéraire hors du commun.

A tenter même si beaucoup s' y cassent les dents ou le cerveau...
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Dogra Magra

À trop vouloir perdre le lecteur, l’auteur de ce roman labyrinthique a atteint son objectif, il m’a perdu.

L'article complet sur mon blog.
Lien : https://touchezmonblog.blogs..
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Dogra Magra

Beaucoup trop lent et répétitif à mon sens... Dommage
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Dogra Magra

J’avais acheté ce livre parce qu’il est dit qu’il rend fou, je voulais voir, je voulais savoir, j’étais curieuse. Puis ça avait l’air bien dingue en effet, et l’histoire m’intéressait vachement. Puis en fait eurgh, j’ai réussi à lire 200 pages sur 700. Ca commence bien, mais ensuite ça se perd, ya trop de dialogue, trop d’explications de malades, et alors quand on se retrouve à lire les dossiers que le docteur a laissé alors là ça devient complètement n’importe quoi et j’ai absolument rien compris. Après avoir lu quatre pages qui parlait du cerveau ou je sais pas quoi j’ai finis par rendre les armes. Je suis certe maso et veut finir même les pires livres, mais ya des limites. C’était de la torture, ça me trouait le cerveau, et j’aurais certe finis folle à la fin du livre mais juste parce que je ne comprenais rien. Voilà. Il a eu raison de moi et tant pis.
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