Vraiment, il ressemblait à un arbre : robuste, silencieux et vivant. Il avait conçu un plan, qu'il ne pouvait révéler aux autres. Parmi les tireurs, les ennuis de chacun servaient de sujet de conversation à tous. Au coin des rues, dans les maisons de thé, dans les cours, chacun racontait, en l'arrangeant, sa petite histoire, qui devenait un bien public et se propageait comme une chanson populaire. Siang-tse était un campagnard ; il n'avait pas la parole aussi rapide que les citadins. Il n'avait d'ailleurs aucune envie d'imiter ces mauvaises langues. Son histoire, il la gardait pour lui-même. Ne gaspillant pas son temps en bavardages, il pouvait réfléchir tout à loisir.