Stéphane Laporte, « On n’annule pas le printemps », La Presse, 21 mars 2020.
« Ne pleurez pas madame. Ça va aller ? Avez-vous le droit au moins, de sortir un peu, de vous promener ?
– Oui ça, on peut. Mais seule.
– Je vous promets que tous les jours, vous ne serez pas seule, je serai avec vous, quand vous ferez votre marche. Vous ne me verrez pas. Mais je serai là. Dans chaque feuille dans les arbres, dans chaque brin d’herbe, dans chaque rayon de soleil, dans chaque nuage blanc, dans chaque oiseau qui chante, dans chaque fleur qui renaît. Et quand je partirai, je dirai à l’été de vous accompagner, aussi. Il est tellement chaleureux, lui. Ça va bien aller. On peut tout arrêter. Sauf la vie. La vie ne s’arrête pas. La vie continue. Toujours. Et il faut tout faire pour continuer avec elle. Alors, faites ce qu’on vous dit, et l’année prochaine, je serai là, bien sûr, et vous serez là aussi. Et on pourra se sauter dans les bras. »
La dame fait un léger sourire. Quitte son balcon. Et rentre chez elle.
Le printemps s’assoit dans le parc. Seul. Comme il ne l’a jamais été.
Les temps seront durs. Mais le printemps restera.
Les temps seront durs. Mais le printemps reviendra.
https://www.lapresse.ca/covid-19/202003/20/01-5265768-on-nannule-pas-le-printemps-.php
Je ne sais pas quel jour on est. Mardi? Mercredi? Quelle différence? En vacances, il n'y a pas de jours. Il n'y a que le temps. Et aujourd'hui, il fait beau. Très beau. Le bateau a mouillé près des rives de la Corse à une heure de Bonifacio. Nous avons trouvé une petite plage déserte.Et nous nous baignons dans la Méditerranée.
Dans mon cas, se baigner est un grand mot. Avec mon mal de dos et mes petites jambes blanches, je ne nage pas, je barbote. Comme une barbote déjà cuite.
Lettre aux survivants de Beslan
Chers enfants,
Ce que vous avez vécu cette semaine est dégueulasse, cruel est inhumain. On vous a terrorisés. On vous a séquestrés. On vous a blessés. On a tué vos amis. On a volé votre enfance. On vous a marqués à vie. Vous en voudrez sûrement aux adultes durant toute votre existence. Et vous aurez raison. Les adultes sont cons. Nous sommes des cons. Et tout est notre faute.
Les mots sont la pire des armes. Le plus coupant des couteaux. La plus meurtrière des bombes. Et je sais en jouer.
Tuer ce n’est pas aimer… Aimer, c’est laisser vivre… Les crimes passionnels ne sont pas des gestes d’amour. Ce sont des gestes d’égoïsmes…. Joyeux 15 février, car c’est chaque jour qu’il faut s’aimer.