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Critiques de Larry Fondation (39)
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Effets indésirables

« Les guirlandes de Noël brillaient au-dessus de la scène, au-dessus des stripteaseuses, toute l'année, rouges et vertes. Les filles dansaient principalement sur du mauvais rock'n'roll. Les barmans, les serveuses, les danseuses et le videur étaient des femmes. L'endroit s'appelait The Last Stop. »



Plaisir avouable que de rentrer dans ce sombre bar qui doit sentir la fumée du siècle dernier, la sueur des danseuses d’il y a dix ans, le foutre et la pisse de la veille. Un dernier arrêt avant la fin de la nuit, un dernier verre avant la fin d’une vie. En vieil habitué de ces lieux mythiques où traîne mon imagination perverse, je me fonds, le regard triste, les yeux sombres dans le noir de cet endroit aux décolletés chamarrés. En vieil habitué, la serveuse m’apporte sur son plateau argenté une pinte d’une bière assez fade et un bourbon au gout de vieille planche. En vieil habitué, je reluque son cul en train de flotter vers une autre table, l’envie irrévérencieuse de lui fourrer mon désir ardent. En vieil habitué, je me rabats vers la danseuse qui arrive à garder un semblant de sourire malgré le glauque de sa vie, et lui glisse un billet en compensation entre les charmes luisant de sueur et la ficelle de son string. Des habitués comme moi, le coin en déverse chaque nuit sa flopée de solitaires venus juste boire un verre, lire un livre, attablé, assoiffé dans un brouhaha immonde et quelques poupées bien roulées.



« Ron aimait boire seul, mais il n'aimait pas être seul à sa table. Quand il commandait au bar, il demandait toujours un verre de tequila puis il allait toujours à une table où il y avait des gens qu'il ne connaissait pas et à qui il n'adressait pas la parole. Les gens jetaient un coup d'œil dans sa direction mais ils ne disaient rien. »



Évidemment, j’en suis également de la partie. Boire seul semble être la seule chose que je sois capable de faire. Chacun ses compétences ou ses plaisirs. Quand le désir a abandonné toute vie, il reste des lieux fréquentés pour un dernier arrêt, The Last Stop et ainsi méditer un verre plein une bouteille vide sur les « Effets indésirables » de la vie. Des bouts de vie anonymes qui virent lorsque la lune cache sa luminescence bleue à l’absurdité de vies en parcelles invisibles. Larry Fondation écrit sur les caniveaux, le bitume, l’asphalte brûlant et tous ceux qui trainent leurs démarches bringuebalantes autour, entre deux bars illuminés de néons bleu ou entre deux ruelles sombres qu’arpentent des porte-jarretelles rouge incandescents. Des minuscules nouvelles, tendance polars ou paumées, Los Angeles et son univers glauque, celui des bas quartiers et des quartiers de bars où des pauvres types boivent seuls leur bière, devant leur souvenir d’une vie ratée.
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50 Micronouvelles

Etonnant ! Pas seulement vite lu, ce qui est la qualité la plus évidente d'un tel livre. J'ai lu ces 50 micronouvelles avec intérêt, 50 petits messages, 50 tweets.



Ces micronouvelles donc, sont destinées à être lues en version numérique.

Je les ai lues sur mon ordinateur portable, pas sur ma liseuse (quoique le format y serait accessible aussi après quelques manipulations informatiques).



Les nouvelles ont plus souvent le goût étonnant d'un court polar, une touche de suspense, un trait d'absurde, d'humour noir ... Peu ont la poésie d'un haiku (pourtant une forme courte aussi, si on y songe), mais j'avoue largement préférer des micronouvelles à du "nouveau roman". Je peux lire avec plaisir des pavés, mais à condition qu'une ponctuation bienvenue permette de respirer.



50 courts textes à découvrir.



PS ouvrage disponible en EPUB gratuit à ce jour (27 septembre 2014). Bonne lecture.
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Sur les nerfs

« Sur les nerfs » (titre anglais, Angry Nights) est le premier roman de Larry Fondation.



Puissant, glauque et graveleux à souhaits, l'ouvrage plonge son lecteur dans un monde nord-américain postmoderne où « le système » s'avère être un mixte de chair et de béton, où la trahison fait partie intégrante de l'expérience quotidienne. Dans cet opuscule (188 pages), les scènes – parfois ultra-courtes, résumées à deux ou trois lignes - se succèdent jusqu'à l’écœurement : quelqu'un remet les clés de la voiture de son copain mort à un étranger dans une sombre salle de cinéma ; un autre type tire à bout portant sur des rats dans une pièce en pleine obscurité pour se préparer à assassiner un gars dans la jungle urbaine, une femme suce son mec en pleine rue, quelques minutes avant qu'il ne se fasse descendre par trois loubards, en toute impunité, des ados boivent de la vodka pure au goulot, les rackets se succèdent, une bagnole percute un petit garçon qui jouait sur la chaussée et file sans demander son reste, des dealers fourguent de la camelote à de pauvres hères pour qu'ils assouvissent leur soif de défonce, etc.



À une époque où le sort de l'Amérique urbaine produit de plus en plus de titres bien sombres, où l'avenir des villes soulèvent une flopée de questions, « Sur les nerfs » constitue un récit saisissant et vécu de l'intérieur de la vie d'une grande ville américaine, Los Angeles. Dans une prose laconique, distante et hérissée de tensions, « Sur les nerfs » nous met sous le nez un monde hyper chargé que beaucoup d'entre nous craignent ou préfèrent nier. Comme « A Clockwork Orange » ou « Last Exit to Brooklyn », « Sur les nerfs » est un livre dérangeant : vous passez du lavomatic, à une rave où les démons s'invitent à la fontaine du parc, d'une paillasse où les corps se donnent sans protection à une séance de piqure au LSD en plein parc urbain. La nuit est en elle-même une colère où les êtres humains comme leurs ombres hantent la réalité et où chacun ne possède plus que le souvenir de promesses non tenues. Alors, est-ce un roman exceptionnel ? Certains ont dit qu'il s'agissait d'un OVNI littéraire : le côté cru (trous de balles, rats explosés, ongles rongés, cicatrices, plaies ouvertes …) fait probablement recette, mais est-ce pour autant de la littérature ? Enfiler les images et les textes non travaillés les uns après les autres, comme dans une recherche désespérée d'effets stroboscopiques qui conduisent à noircir encore plus le côté documentaire, noir et blanc (en fait, pas beaucoup de blanc!) de l'ouvrage, ça ressemble à de l'art brut. Les personnages sont quelconque, sages ou hyper violents. Une caméra pointée sur des pauvres, des truands, des dealers, des junkies et un texte bien acide qui vous mettra parfois le cœur au bord des lèvres, un concentré de misère et de violence pour dénoncer un monde impitoyable. La considération pour autrui a disparu : vous êtes à des années lumières de tout rêve. « I've got my dreams like everybody else, but they're out of reach, yeah, right out of reach » (Chrissie Hynde, The pretenders – Mystery Achievement). Vous aimerez ou vous détesterez.



Réservé aux lecteurs curieux.
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Sur les nerfs

Il y a quand même de drôles de loulous dans la littérature américaine actuelle. Des gars sortis de nulle part qui ont été ouvriers, soldats, camionneurs, bûcherons ou que sais-je encore. Des autodidactes qui racontent leur Amérique cauchemardesque et c’est pas joli à voir. Je pense à Donald Ray Pollock, à l’indien emprisonné pour meurtre Joël Williams, à Benjamin Whitmer, à Eric Miles Williamson ou encore à Frank Bill (je vous en parle tout bientôt). Larry Fondation est de la même trempe. Médiateur de rue depuis plus de 20 ans, il connaît les pires endroits de Los Angeles comme sa poche. C’est à l’évidence dans son quotidien qu’il puise son inspiration.



Fondation, c’est un peu comme si Carver oubliait pour un temps les petites gens et allait traîner ses guêtres du coté des damnés de la terre. Dans son Los Angeles, on est loin d’Hollywood. On y trouve des crétins qui font boire de la vodka pure à un gamin de quatre ans hyperactif pour l’assommer un bon coup. Des gangs qui sortent les flingues à la moindre broutille. Dans les quartiers sinistrés, on s’occupe en tirant sur les rats au fond des caves désaffectées ou alors on se bourre la gueule en fumant du crack sur des parkings à l’abandon.



L’écriture est minuscule, fragmentaire. Certains textes font à peine quelques lignes. De la microfiction qui vous saute à la gorge. Une juxtaposition de petites séquences formant un tout désordonné ou la violence et le désenchantement prédominent. Une peinture froide, glaciale même de ces populations misérables qui ont perdu toute humanité. Pas de jugement, aucune empathie, juste un coup de projecteur furtif sur une forme de déchéance absolue.



A bien des égards, la construction de ce recueil m’a fait penser à la dernière partie du cultissime Last Exit to Brooklyn de Selby qui s’intitule Coda : on saute de personnage en personnage, de lieux en lieux dans un périmètre très restreint. C’est électrique, sans fioriture, nerveux à souhait. Tout ce que j’aime.



Est-ce que pour autant je vous conseillerais une telle lecture ? Surement pas. Trop peur de me faire enguirlander si au final vous en concluez que c'est trop barré ou sans queue ni tête. Moi en tout cas j’y ai trouvé mon compte.
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Effets indésirables

Commençons par nous réjouir que quelqu’un ait eu la riche idée de continuer à éditer en France les écrits de Larry Fondation après que Fayard a cessé de le faire. Sans surprise, ce sont les audacieuses éditions Tusitala qui ont choisi de le faire et on ne peut que les en remercier.

Ceux qui connaissent déjà Larry Fondation ne seront pas dépaysés ; quant aux autres ils prendront le délicieux risque de se faire secouer par un auteur singulier. Comme à son habitude, Fondation balance des fragments de vies – et de mort – à la face du lecteur dans de courtes nouvelles qui vont de quelques lignes à quatre ou cinq pages.

Dans les quartiers de Los Angeles que sillonne Larry Fondation se croisent SDF, femmes et hommes célibataires à la recherche de compagnie ou de sexe, drogués, travailleurs pauvres, petits bourgeois libéraux, déséquilibrés, voleurs à la petite semaine ou retraités. Ils sont blancs, latinos ou noirs et sont en quelque sorte l’âme de la ville même si on ne les voit pas.

Tour à tour violentes, désespérées, durement ironiques et bien souvent très émouvantes, ces trajectoires heurtées ou interrompues forment des flashs qui s’impriment autant dans le cerveau que sur les rétines tant l’écriture de Larry Fondation, malgré une apparence trompeuse d’économie de moyens est évocatrice.

Témoin et poète, Fondation donne une voix à ceux que l’on n’entend généralement pas et prend irrémédiablement aux tripes. Autant dire qu’il ne faut pas passer à côté de ses écrits.

« J'avais vraiment envie de tuer quelqu'un, mais je ne voulais pas faire de taule. Il a fallu que j'élabore un plan. Ça devait être de la légitime défense. J'ai réfléchi à mes options. [...]

Un soir où je me promenais pas loin de Sunset, près d'Echo Park, j'ai entrevu un début de réponse. Une école d'arts martiaux.

-Vous apprenez comment tuer quelqu'un à mains nues ? j'ai demandé.

-Oui, m'a assuré le professeur. Mais surtout, on vous apprend comment ne pas avoir à le faire.

-Bien entendu, j'ai répondu.

J'ai su que c'était le bon endroit. » (« Envie de sang »).


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Criminels ordinaires

Un an après Sur les nerfs, Fayard édite le deuxième roman de Larry Fondation consacré à la violence ordinaire des quartiers pauvres de Los Angeles. Pas de gros coups organisés, mais, comme le titre l’indique, l’ordinaire des crimes : un braquage minable qui tourne mal, une dispute entre automobilistes qui vire au drame, une agression pour quelques dollars, un défenseur des animaux qui butte un chien et son maître, un viol commis par des ados, un couple séquestré par un camé…



Les histoires s’enchaînent, souvent très courtes – quelques paragraphes, parfois un seul – comme des flashes éclairant une réalité sordide. L’accumulation des histoires, certaines très proches les unes des autres et répétitives, met en lumière à la fois l’immuabilité du processus du crime engendré par la pauvreté – économique et culturelle – et la perte de sentiments, haine ou amour, qui lui est inhérente. Car tout est raconté, souvent à la première personne, avec un froid détachement qui rend plus prégnante la crudité du propos.

Malgré tout, la violence de ces histoires ne ferme pas la porte à un humour très noir que manie avec dextérité Larry Fondation, ni à un semblant d’espoir qui s’exprime, malgré la violence omniprésente jusque dans la jouissance, l’acte sexuel s’accompagnant ici toujours de sang, par l’opiniâtreté avec laquelle chacun des personnages cherche à vivre envers et contre tout.



Extrêmement efficace sur le mode court, peut-être un peu moins lorsqu’il développe ses histoires, Larry Fondation, avec ces nouveaux instantanés de la violence ordinaire, nous offre une nouvelle fois un très bon livre sur la crudité de la violence quotidienne dans la mégapole californienne.


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50 Micronouvelles

Etrange ouvrage s’il en est que ce recueil de textes ultra courts ! Les éditions Thaulk ont proposé à 50 auteurs d’écrire autant de micro-nouvelles de 140 caractères maximum. Le résultat en est aussi disparate que leur notoriété (importante pour Norbert Spinrad ou Joëlle Wintrebert, un peu moindre pour Thierry Crouzet et quelques-uns ou carrément confidentielle pour certains autres). Le lecteur y trouvera quelques haïkus, aphorismes, poèmes en prose, sans oublier quelques additions ou jeux de mots ou d’idées. Comme toujours, du bon et du moins bon, du quelconque et de l’excellent. Chaque micro-nouvelle est présentée sur une page elle-même précédée de la couverture d’un livre de l'auteur.

Il est bien difficile de donner une impression générale de ce recueil à la Prévert. Le lecteur se contentera de noter au passage ce qui lui a plus particulièrement plu : « Le lendemain de la fin du monde, le silence se fit dans l'univers. Soulagé, Dieu rangea ses éclairs et ôta ses boules Quiès. » (Michel Pagel) ou « Suite à des restrictions budgétaires, l'auteur de ce texte a été licencié avant d’entamer l’écriture de son manuscrit. » (Nicolas Ancion) ou encore « La souffrance des autres, je peux la supporter, mais pas la mienne. Bizarre. Les morts ont raison d'être morts, la preuve : ils y restent. » (Ulysse Terrasson) ou bien « Las de constater qu’ici tout était sexe, là tout était argent, qu’ailleurs tout était Dieu, il se contenta de penser que tout était relatif. » (Pacco) Rien que pour ces quelques (rares) pépites, cet ouvrage mérite la lecture, sans s’illusionner toutefois sur le côté promotionnel de cette bizarre entreprise.
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Effets indésirables

Sdf, stripteaseuses, pilliers de bars, dealeurs, voleurs, etc… Nous voilà entraînés dans le Los Angeles que l’on ne dévoile pas sur les cartes postales ou sous les paillettes de la télévision. Larry Fondation propose bel et bien avec son recueil Effets indésirables un regard entre réalisme et absurde comique sur ces minorités beaucoup moins représentées. Et dès la première nouvelle mettant en scène un client venu braquer un bar pour un verre, le ton est donné. Souvent fantasque et amusant, ce recueil offre un point de vue intéressant sur ces existences le plus souvent dans l’illégalité et pourtant doués de bon sens pour la plupart.



Oui, parfois, il est difficile de comprendre le comportement de ces personnages ou d’être d’accord avec leur décision finale mais tout le monde n’a pas la même perception du danger ou tout simplement les mêmes limites. Certaines nouvelles se ressemblent, d’autres poétiques sont parfois difficiles à déchiffrer mais le mélange de ces vies illicites reste attractif. Larry Fondation possède un verbe amusant et ses histoires, parfois banales mais le plus souvent inattendues, sont très distrayantes tellement elles paraissent loin du quotidien de la grande majorité des individus.



Au sein d’Effets indésirables, nous naviguons entre les rues d’un Los Angeles que certains découvriront. Là-bas, tout n’est pas toujours beau à voir et chacun peut devenir la victime d’un autre. Entre vols, deals, prostitution, violences, alcool et sexe, bienvenue dans la Cité des Anges ! Merci aux éditions 10/18 et à Babelio pour ce partenariat.
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Sur les nerfs

Très loin des medias qui nous rendent idiots avec une avalanche quotidienne de faits divers et de violences urbaines, de clichés sur la délinquance, et du mirage aujourd’hui absurde d’une vie sans risques, la voix de Larry Fondation, qui vit et travaille comme éducateur de rue dans les quartiers sud de Los Angeles depuis plus de 20 ans, sonne terriblement juste.



Il fracture ce récit de 120 pages en très courts chapitres, parfois histoires d’un paragraphe, qui sont des fragments coupants comme les journées de ces enfants en train de jouer avec des armes et des drogues, comme les éclats de verre qui jonchent le sol des immeubles dévastés, comme ces vies hachées et qui peuvent se terminer à n’importe quel moment.



«Jeff saignait, ce n’était pas si grave, mais pas du pipeau non plus. Des entailles sur la poitrine. C’était l’été, il faisait chaud. Les filles se pavanaient autour de lui. Elles voulaient toutes être l’heureuse élue qui aurait le droit de s’occuper de lui. Il n’y avait que Lorraine qui voyait à quel point il était barré, à cette époque. Mais pas un de nous n’écoutait. Il a dit :

-Ils me sont tombés dessus dans Darien Street.

Johnny Mac a pris les choses en main :

-On va chercher Mark et Tom. Danny a un flingue. J’ai un flingue.

Il s’est tourné vers moi :

-Tu viens ?

On a découvert plus tard que Jeff s’était fait ces entailles lui-même. Richie l’avait vu faire.»



«Angry nights» est le titre original de ce recueil de 1994 (traduit en 2012 en français grâce à Fayard), des nuits de colère, succession d’instantanés sordides et désespérés, qui recèlent parfois quelques éclats de courage.

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Criminels ordinaires

Plus accessible que son précédent roman Sur les nerfs, Criminels ordinaires est une œuvre qui transforme des faits divers en contes de fées modernes. Des contes urbains souvent tragiques mais aussi plein d'humour, qui vous hantent encore après avoir refermé le livre. Si vous ne connaissez pas Larry Fondation, commencez par ce livre qui vous donnera les clés pour mieux décrypter et appréhender Sur les nerfs. Voir le lien externe pour un avis plus détaillé.




Lien : http://www.4decouv.com/2013/..
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Sur les nerfs

« Pour certains, Los Angeles, c’est des bougainvilliers et des plantes tropicales luxuriantes dans le désert, tout ça soigneusement entretenu par des jardiniers. Un coin romantique. Les films. Un endroit où l’on peut tenter sa chance. Le cœur du rêve américain.

Ce n’est pas là qu’on est ».



Là, on est dans l’est de Los Angeles, quelque part entre les années soixante et juste après la première guerre du Golfe, dans ces quartiers où se croisent white trash, noirs et latinos. Skinheads et gangs mexicains. Bibine et flingues. Baises plus ou moins consenties et couteaux à cran d’arrêt. Shoots dans des squats ou sur des parkings de centre commerciaux abandonnés et chasse aux rats dans les caves.



Et c’est ainsi que Larry Fondation nous livre ces chroniques. Flash, fulgurances. Comme les pièces éparpillées d’un puzzle que l’on ne reconstituera pas mais dont chacune nous laisse présager de ce qu’il pourrait représenter. Et ce n’est pas beau.

Entre ennui, violence, plans à deux balles pour essayer de s’en sortir et révolte, Fondation, à coup de petites vignettes glauques souvent, lumineuse parfois, essaie de nous offrir l’essence de ces quartiers dans lesquels l’American Dream est passé au volant d’un camion poubelle pour décharger tout ce(ux) dont il ne voulait pas.



Il est heureux que les éditions Fayard aient exhumé ce premier roman initialement publié aux États-Unis en 1994, et le fasse paraître quelques mois après le Bienvenue à Oakland d’Eric Miles Williamson. La filiation entre Fondation et Williamson est évidente et, d’ailleurs, l’éditeur en joue en proposant une couverture qui utilise les mêmes codes que celle de Bienvenue à Oakland. Fondation, c’est un peu Williamson sans le gras. C’est dire si c’est sec comme un coup de trique dans votre face. Ceux qui ont déjà découvert le dernier cri de rage et d’amour d’Eric Miles Williamson retrouveront dans Sur les nerfs la puissance de la révolte de ces vignettes de la vie « ordinaire » d’un monde abandonné. Concentrée en un peu plus d’une centaine de pages, elle est d’une rare et belle violence.




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Effets indésirables

L'auteur met en valeur le banal avec un verbe simple, direct et compréhensible. Un quotidien bien lointain pour la plupart des petits français même si l'on ne doute pas que des situations similaires existent ici aussi avec un peu moins de sang. Sexe, drogue et rock'n roll sont au service de sa plume pour une plongé dans la littéraire noire. Le format de nouvelles permet d'avoir un grand panel de courtes histoires. Ainsi on peut aller à la rencontre d'un alcoolique à une prostitué en passant par une famille pauvre. N'espérez pas trouver une bouffée d'espoir et un peu d'humour. Rien de cela n'est présent. Vous aurez juste du désespoir, de la solitude, de la déprime et de la méchanceté avec parfois un mélange de tout. Un réalisme cru qui n'épargne aucun détail pour une plongée fugace dans un monde sans pitié. Est-ce que cela m'a fait tomber sous le charme de la cité des anges? Bien entendu que non. Et l'écriture a t'elle incité tourner les pages? Pas vraiment non plus. Le choix des histoires n'est pas sans rappeler ce cher Charles Bukowski mais en moins bien, en moins percutant, en moins sombre. Quitte à mettre sous la lumière les plus miséreux autant le faire avec éclat, cruauté et sauvagerie. Et là, je me suis un peu ennuyée à tourner d'aller de nouvelles en nouvelles. 
Lien : https://wp.me/p1F6Dp-8gr
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Effets indésirables

LA CITE DES ANGES FURIEUX



On nous avait prévenus. Ce livre exhalerait d’âcres effluves ? On y va, ça ne fait ni une ni deux. Autant demander à un blogueur d’accepter les services de presse - cependant cet exemplaire (notre unique choix) nous a été aimablement envoyé par Babelio.



A la lecture des premières nouvelles de ce recueil, c’est un silence intérieur qui s’impose. Lecture vigilante - on nous a averti -, lecture qui bientôt se laisse porter par le flux d’un philtre insidieux. Une image incongrue frappe notre rétine, celle d’un immeuble entouré d’un silence pesant qui précède les détonations des explosifs et ce bâtiment qui s’effondre dans un fracas assourdissant. On a beau s’y préparer, il est quasiment impossible de ne pas tressaillir. Qu’elles se limitent à quelques lignes ou bien qu’elles couvrent plusieurs pages, chaque nouvelle est saturée de cette déflagration qui prolonge le vide d’existences troublées, en suspens. Ces instants de vie (et de mort) nous éclatent dans les mains comme autant de pétards que l’on croyait mouillés. On sursaute. On n’était pas préparés.



Larry Fondation, que nous découvrons ici, témoigne en nous trimbalant dans la Cité des Anges, anges furieux. Dans cette folle parade cosmopolite ce sont des individus qui défilent avec souvent le trépas au bout de la route. Au cœur de cette violence - qui stoppe dans leur élan ces êtres souvent (dés)abusés - la stupidité du destin avec son sourire vicieux montre ses crocs pour annoncer le terme. Ces femmes et ces hommes sont tous en partance pour le pire. On rit sous cape, tant pis on s’esclaffe. Le désordre associé à la folie est un cocktail détonnant, un remarquable pourvoyeur de plaisirs immoraux - ici la lecture, ne soyons pas fous. On pouffe puis l’on est proche de l’effarement, le choc des contraires. Et elle danse cette poésie impertinente et affreusement savoureuse. L’auteur est féroce et canaille. La malice est létale. La vie semble si fragile - un faux pas ? C’est la dégringolade.
Lien : http://bobpolarexpress.over-..
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Dans la dèche à Los Angeles

Le violent et tendre roman de trois SDF, en troisième étape des nuits sombres de Los Angeles.



Sur mon blog : http://charybde2.wordpress.com/2015/03/23/note-de-lecture-dans-la-deche-a-los-angeles-larry-fondation/


Lien : http://charybde2.wordpress.c..
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Criminels ordinaires

Recueil de textes plus ou moins longs ou plus ou moins courts selon qu'on aime ou pas, dans la même veine que Sur les nerfs du même auteur. Larry Fondation place ses personnages dans des situations difficiles, dans des quartiers dangereux et chauds de Los Angeles. Il décrit des faits de la vie quotidienne qui tournent au tragique ou des actes moins courants comme des agressions, des vols, voire des meurtres mais qui deviennent quasi naturels dans ces quartiers. C'est un peu la version moderne de sexe, drogue and rock'n'roll qui se traduirait par sexe, drogue, rap and guns. Il suffit d'un regard parfois pour que ça tourne mal

Parfois entre deux histoires noires, violentes une pause survient et la chance ou la bonne fortune sourit à l'un des héros. Ce ne sont pas les nouvelles les plus répandues dans le livre, mais elles donnent une note d'espoir malgré tout.



Comme dans Sur les nerfs, les textes de Larry Fondation sont courts, très courts ou un peu plus développés. Il excelle dans les versions ramassées sachant raconter des petites histoires percutantes avec des personnages à la dérive, menés par l'alcool, la drogue ou le sexe et parfois les trois en même temps. Phrases courtes qui claquent. Efficaces. Il est une expression qui dit livre-coup-de-poing qui siérait parfaitement à cette oeuvre. Les héros de Larry Fondation sont de pauvres types, des filles paumées travaillant peu ou pas ou dans des jobs peu enviables

Un bouquin dur mais intéressant. Prudes et puritains s'abstenir car la violence et le sexe sont présents mais jamais gratuitement ; à chaque fois que L. Fondation décrit une scène terrible ou sexuée (voire les deux ensemble) elle est justifiée. Très actuel, sans doute très états-unien, mais croyez un non-amateur -mais point primaire- de la littérature de ce pays en particulier et sa culture en général (ah, ils en ont une ???), c'est un bouquin qui mérite un instant d'arrêt sur ses pages.
Lien : http://www.lyvres.over-blog...
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Sur les nerfs

Ce livre est un recueil de nouvelles très courtes pour certaines, qui ont toutes en commun de se dérouler aux États-Unis, dans des ghettos, des quartiers laissés à l'abandon, squattés ou habités par des gens pauvres, des truands, des dealers, des junkies. C'est noir, terriblement noir. Parfois une petite lumière qui pourrait illuminer ce noir, mais assez rarement. Appelons cela le destin, le "pas-de-bol", la malchance d'être né de ce côté de la barrière : pauvre dans un pays riche, le petit coup de pouce qui fait sombrer dans la drogue et les ennuis, ou tout autre terme, mais le fait est que les situations que décrit Larry Fondation sont malheureusement crédibles, et c'est ce qui les rend encore plus tragiques, plus terrifiantes.

Larry Fondation emploie un mode elliptique, rapide, haché. Certaines nouvelles déconcertent, on ne suit plus vraiment, mais la chute est là, souvent qui remet tout en place.

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Le temps est la plus grande distance

Roman étonnant, Le temps est la plus grande distance nous emmène dans le quotidien disloqué de Lawrence, jeune homme qui avant étudiait et qui maintenant survit dans la rue. Entre bribes de souvenirs, réflexions littéraires et la misère actuelle, Lawrence essaye tant bien que mal de trouver sa place dans ce Los Angeles délabré. Rare lueur dans ce panorama chaotique, Bekah, femme ayant la même condition que lui et qui lui rapportes quelques plaisirs simple de la vie. À travers une vision âpre de la société de consommation et de la gestion des sans-abris de cette ville, Larry Fondation dresse ici, grâce à sa forte poésie un roman aux formes multiples.

J'ai adoré ce roman, où chaque chapitre, comme dans un labyrinthe, nous perd dans les méandres des souvenirs, mélangeant le présent et le passé, le roman et la poésie. Un très bon Larry Fondation, à lire absolument.
Lien : https://www.instagram.com/p/..
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Effets indésirables

ça faisait un moment que je n'avais pas passé un si bon moment de lecture..Percutant,

Effets indésirables ..pas sur le lecteur assurément !

par Larry Fondation



un style vif, un brin déjanté, un style singulier,



cinglant qui fixe des fragments de vie, très efficaces,



nerveux , acéré,



une énergie folle,



un de ces livres qui vous laissent groggy,



qui vous secouent,



instantanés pris sur le vif, clichés noirs, sanglants, à l’état brut de l’humanité,



piochés au gré des rencontres, paysages de rues, Los Angeles,



l’Amérique des bas quartiers et des faits divers glauques, ces petites nouvelles fusent,



effrontées !

Superbe, je recommande sans modération aucune...Si vous aimez la littérature américaine, le style "polar noir" sous le mode de nouvelles, alors foncez !
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Effets indésirables

Recueil de nouvelles sur la classe moyenne américaine, et sur la ville de Los Angeles en particulier. Certaines nouvelles sont très intéressantes, drôles et bien ficelées, tandis que d'autres sont pauvres, dénuées de sens et non abouties selon moi. Livre cependant très plaisant mais malgré tout inégal, envie de découvrir cet auteur dans le futur qui possède un talent certain.
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Criminels ordinaires

"Je demande de l’argent à un sans-abri.

Il me donne 50 cents. Deux pièces de 25 cents. Je les dépense dans un peep-show.

Il fait humide, il vient de pleuvoir. Les lampadaires éclairent à peine.

Je ne sais pas où aller maintenant."



Dans la continuité de "Sur les nerfs", "Criminels ordinaires" frappe encore plus fort, avec ces histoires généralement courtes, parfois de seulement quelques lignes, sur les tueurs ordinaires, sur ceux qui vivent dans les marges d'une Amérique vitrine.



Assemblages de vignettes sur le désœuvrement dans cette Amérique sans travail, coups de couteau ou coups de feu tirés pour un rien, sexe et sang toujours accouplés, la violence, la noirceur de ces situations terriblement sordides font l’effet d’un coup de poing.



L’écriture sans effets de Larry Fondation, donne à ces shots.une crudité et une intensité maximales, avec une parenté parfois étonnante avec celle de Jean-Marc Agrati.





"Je me suis rendu à la manif pour les droits des animaux. Ce resto chic de Beverly Hills servait de la viande d’hippopotame au menu comme plat raffiné. (Cent boules l’assiette.) Ça semblait pas normal.

En rentrant à la maison, un type avec un pitbull m’a accosté. Il m’a demandé du fric. Quand j’ai refusé, il a lancé son chien sur moi. Le clebs m’a chopé la cheville et le mollet gauche, et s’est mis à me déchiqueter la chair. La nuit venait de tomber. On était à un arrêt de bus sur Little Santa Monica. Il y avait deux trois personnes dans le coin, pas beaucoup, surtout des jeunes nanas de la manif.

-Rappelle ton chien ! j’ai lancé au proprio, qui n’a pas bougé.

Les nanas hurlaient pendant que le clebs continuait à me bouffer la jambe.

J’ai sorti un flingue.

-Rappelle ton putain de chien ! j’ai gueulé.

Le proprio n’a pas dit un mot.

J’ai appuyé sur la détente – deux coups dans le front du mec – mais ça n’a pas arrêté le chien."
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