Je ne veux pas lire quelque chose que je ne veux pas savoir.
Ma mère soupira.
Le savoir c’est le pouvoir. Ne vis pas dans la peur de l’inconnu.
Je vais y réfléchir.
Je discernai le bruit d’une sirène dans le lointain. Quelques minutes plus tard, une voiture de police se garait devant la maison. Deux agents en sortirent, et je me levai pour les rejoindre.
Vous allez bien, mademoiselle ?
Oui ? Non ? Bonne question.
Je crois, oui.
C’est le sang de qui ? demanda un policier en regardant ma cuisse, là où j’avais frotté ma main. Je tournai ma paume ensanglantée vers le ciel pour en extraire une écharde.
C’est le mien. Aucun de nous deux ne porta plainte. Mon père ne fut pas en mesure de prouver que les affaires dans ma voiture lui appartenaient, et je gardai donc tout. Au moins, je n’avais pas fait le voyage pour rien. Rancunier et rageur, il demanda a la police de m’escorter hors de sa propriété. Je n’aurais jamais cru quitter un jour la maison de mon enfance entourée de deux agents de polices.
J’avais besoin de lui faire comprendre qu’il pouvait continuer, mais je ne savais pas comment. J’optai pour le signe qui voulait dire « s’il te plaît », et il haussa les sourcils, visiblement amusé. Sauf qu’il ne bougea pas pas. Il était vraiment têtu comme une mule. Je tirai obstinément sur son t-shirt et, enfin, il le retira. Pour la première fois, je pouvais admirer son corps, et je faillis en avaler ma langue. Je n’avais jamais mordu un mec auparavant mais, en voyant son torse athlétique et parfaitement défini, je mourais d’envie de le faire.
Il attrapa l’ourlet de mon T-shirt et haussa les sourcils d’un air interrogateur. J’étais loin d’être aussi en forme que lui, mais je décidai d’oublier tous mes complexes. Je hochai la tête et mon T-shirt rejoignit le sien par terre. Il embrassa d’abord mon oreille, puis ma joue, puis mon cou, et il continua à descendre jusqu’à aspirer un de mes tétons entre ses lèvres.
Je m’arquai contre lui. Les millions de terminaisons nerveuses désormais rassemblées à cet endroit étaient folles de joie, à tel point que d’autres parties de mon corps étaient jalouses. Quand il passa à l’autre téton, mon excitation creva le plafond. Il faisait exploser tous mes barèmes. Ses baisers = 10/10, ses mains = 10/10, et je nourrissais de grands espoirs quant aux notes qu’il risquait d’obtenir avec d’autres parties de son corps.
Le premier site sur lequel je me rendis renfermait un dictionnaire visuel. Je cliquai sur « merci » et j’eus la confirmation que c’était bien le signe que Reed m’avait montré. Qu’est-ce qu’il m’avait appris d’autre ? « Café. » Je trouvai le signe correspondant. Effectivement, ça ressemblait à celui que je l’avais vu utiliser. Pendant l’heure suivante, je consultai le dictionnaire, bien plus concentrée qu’à mon habitude. J’absorbais chaque mot comme une éponge. Je n’avais pas besoin de faire des efforts surhumains pour comprendre les vidéos. Certes, elles ne montraient qu’un homme ou une femme qui faisait le même signe encore et encore, mais je trouvais quand même ça cool. Je passai aussi un certain temps à étudier l’alphabet, imitant ce que je voyais à l’écran. À la fin de l’heure, je m’allongeai sur le dos et je regardai ma main. C-A-R-L-I, C-A-R-L-I, C-A-R-L-I. R-E-E-D.
Comment était-ce possible que personne n'ait écrit un bouquin intitulé Pourquoi papa et maman ne m'aiment pas ?
Je peux me débrouiller toute seule. Ça avait toujours été ma devise. Mon père l’avait même fait graver au-dessus de la porte d’entrée de notre maison : « Débrouillez-vous. » Juste à côté de quoi ? « La perfection n’est jamais surfaite. »
Règle d'or du guide de la perte d'audition : se fondre dans la masse. J'étais devenue très douée à ce petit jeu, au point de presque passer maîtresse dans l'art d'être invisible. Même pas besoin d'une cape magique. Prends ça Harry Potter.
Est-ce que personne ne savait ce que j'étais en train de traverser ? Apparemment, non. Et je n'avais pas la moindre idée de comment leur expliquer, comment leur montrer, leur faire comprendre à quel point j'étais sens dessus dessous.
Une réelle belle histoire, pleine de douceur et de tendresse.
J'ai beaucoup aimé, les personnages sont sensibles et attachants, un très bon moment passé en leur compagnie
(...) quand on ne peut pas communiquer avec la majorité des gens, on s'accroche un peu plus longtemps aux personnes avec qui on peut communiquer.