Festival Voix Vives 2023
D'une rive à l'autre : Laura Lutard
Images et montage : Thibault Grasset
#Poésie #VoixVives #LauraLutard
L'éclosion de nos paupières au matin
Douce enveloppe
Pour parcourir le monde sous l'aile
De ta main dans la mienne
« La jeunesse se fracasse de n’avoir plus de place
Les boules de sincérité brinquebalées
Sous les semelles de refus
Et les cheminées de lin
Quelques parasols servent de refuge éphémère
La pierre des piliers a beau être malade
La jeunesse se fracasse
De n’avoir pas de place
C’est sa tâche » …
Cette histoire-là…
Cette histoire-là nous regarde
Que tu la prennes ou non
Que tu l’embrasses ou non
Que tu l’aimes ou non
elle te regarde avec sang-froid
Lucide et forte
Cette histoire-là vaincra
La lâcheté n’a pas assez de poids
Pour venir à bout de la révolte enflammée des mornes
Il y aura toujours une faille où elle germera
Cette histoire-là
Que tu sois d’accord ou non
L’Histoire s’en fout
Elle est plus vaste que nous
Je ne veux agresser personne
Je sais trop ce que c’est
Si aujourd’hui j’écris ça
Si maintenant je te dis ça
C’est parce qu’avec cette histoire
En dehors de moi
Je me restaure
Et te tends les bras
Tomber debout
Il faut tomber pour apprendre à se tenir debout
sur ses jambes à soi
Sans tuteur
Sans tumeurs dans la colonne
Sans béquilles de carton
Sans plomb dans les poumons
Sans crabe le long des veines
Sans cailloux dans les pupilles
Sans peur du soleil frappant la nuque
Avec la gorge droite pour laisser place au chant
Avec les tendons en harmonie sur le mouvement
Avec les chevilles jouant des aléas du ruisseau
Avec les genoux flexibles au gré du temps
Avec l’odorat débarrassé des convenances
Avec la peau brillante des découvertes à venir
Avec la marche ancrée dans le maintenant
À peine écrit déjà mort
Les paumes ouvertes sur le deuil
Agile dans l’aurore comme dans la mort
Il faut tomber beaucoup pour espérer seulement.
Souillée jusqu’au bassin de verve masculine…
Souillée jusqu’au bassin de verve masculine
Je me lève digne pour me sécher
Dans le calme du jardin
Sous les étoiles témoins mes pores
Creusent jusqu’aux tambours lointains
J’appelle
Tout ce qui me fera approcher
Mon histoire aux jambes coupées
Comme celle de Mamie
Cette histoire noire
Oui
Noire
Que j’effleure souvent par hasard
Grâce à la hargne la patience l’endurance et le courage
Des braves de la mémoire
…
"Ici il n'y a pas d'ombre
Nous sommes au centre du monde
(...)
Je voudrais
Une plus grande boîte pour ma vie
(...)
Au bord du cœur
Au bord des os
Au bord du bord
Toujours ce bord
A m'en détruire les orteils
De tant de résistance au vide
Comme coincé dans une aube répétitive
(...)
Demain ricoche sur les tombes
Les pierres
Comme des moutons de poussière
(...)
Les cendres
La vague les larmes
C'est que
Ton sourire m'est revenu
(...)
Où se déposent les empreintes ?
Et après ?
(...)
Sais-tu qu'avec tes baisers de plumes t
Tu redonnes à la tendresse toute la gloire de son ivresse ?
(...)
Une barrière est une barrière quelle que soit sa langue
(...)
Qu'importe l'illusion d'être astre solaire
Pour la grandeur les barbelés restent des ronces
(...)
Ne t'inquiète pas demain va revenir
Mais pour cela il faut avaler aujourd'hui
Et digérer l'absence de lumière
(...)
Ainsi nos corps
Dessinent
L'infini"
« Ici il n’y a pas d’ombre
Nous sommes au centre du monde
Le soleil est droit
Comme des jambes
Et entre les lèvres des hémisphères
La peau brûle verticale
J’ai trente ans
Mes parents sont morts
Je ne me sens pas jeune »
Cette histoire sèche…
Cette histoire sèche où les crimes s’entassent
Dans les sols bien plus garnis que les rayons sages
Des bibliothèques chauffées sous la neige
Cette histoire qui m’arrache des soupirs
Venus de si loin que dans ma lignée
Certaines gorges ont perdu le goût du présent
Cette histoire de sueur et de femmes debout
Debout et enfantant debout et se battant
D’une résilience à couper la chique aux scénaristes
bien-être
…