La Colombie et l'avenir - Colombie-France : post-conflit, paix et mémoire .
Avec : Francisco de Roux, père jésuite, Président de la commission de la vérité Laura Restrepo, écrivain Libia Posada, artiste David Djaïz, philosophe, auteur de la guerre civile n?aura pas lieu (Les éditions du Cerf) Animée par : Olivier Compagnon, directeur de l?Institut des Hautes Études de l'Amérique Latine (IHEAL)Intervenants : Olivier Compagnon, Francisco de Roux, David Djaïz, Libia Posada, Laura RestrepoCC-BY-NC-ND 2.0
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El muchacho escogía las palabras que le parecían precisas y descartaba las demás, no quería que sobraran y al mismo tiempo no podía permitirse el lujo de que faltaran. Su mensaje tenía que surtir efecto, tenía que producir resultados, y él sopesaba las posibilidades de que no hubiera respuesta a esa llamada telefónica que estaba a punto de hacer como quien lanza al mar un SOS en una botella.
—¿Y si Ramón no me contesta, Lolé? —preguntó por décima vez y su voz disimulaba mal el miedo—, qué tal que su contestadora automática grabe mal y luego no se entienda, o algo así, qué tal si eso pasa, y entonces Ramón quiera llamarme pero no pueda porque no entienda bien mi mensaje, o a lo mejor ni siquiera se acuerda de mí, ¿tú crees, Lolé, que Ramón se acuerde de mí? —le daba mil vueltas a las eventualidades de un desencuentro como si en esta particular mañana de Buenos Aires pudiera deshacer tantos años de ausencia con su sola voz, con un solo párrafo que repasaba y volvía a repasar pero sin atreverse a marcar el número de su padre, a quien había visto por última vez hacía ya tanto, cuando tenía dos años y medio y él se lo llevó de casa.
Mes collègues m'ont toujours accusée de manquer de professionnalisme à cause de mon incapacité à rester objective et distante face à mes sujets. On m'a envoyée une fois faire un reportage de huit jours sur le conflit entre sandinistes et contras et, pour finir, je suis restée au Nicaragua, engagée jusqu'au cou dans la guérilla, du côté sandiniste. J'ai couvert la tragédie du volcan d'Armero pour le journal télévisé et, avant de m'en rendre compte, j'avais adopté l'un des sinistrés, une vieille femme qui avait tout perdu, y compris la mémoire, et qui depuis vit chez moi, persuadée d'être ma tante. Aujourd'hui je leur donnais une fois de plus raison et ce coup-ci de manière pathétique : on m'avait envoyée à la recherche d'un ange, j'avais réussi à le trouver, et en plus j'étais tombée amoureuse de lui.
En dehors du fait que les enfants Monsalve étaient olivâtres et les Barragan jaunes, il n’y avait entre eux aucune différence. Ils disaient papa au père et à l’oncle, ils disaient maman à la mère et à la tante, ils disaient grand-père à tous les vieux et les adultes, sans faire de distinction entre les petits-fils, les fils et les neveux, les élevèrent tous en bloc et dans le désordre, par douzaines, en troupe, à la force du poignet, le bon grain comme l’ivraie.
« Aguilar ne peut s’empêcher de ressentir que, par moments, il s’établit entre eux trois un lien générationnel qui tend à l’exclure, ou pour le dire tel qu’il le perçoit , un lien un peu hypnotique et de nature quasi physique lorsque la beauté d’Agustina fait briller les yeux de ses fils et qu’à son tour ,elle regarde avec nostalgie ces corps adolescents et bien bâtis comme qui renonce à un lieu qu’il ne lui sera pas donné de visiter. »
« D’une seule rafale, cet imbécile de Chupo s’est goinfré les deux cent cinquante mille dollars que valait Persil , parce que la vie c’est comme ça , ma poupée , en une seule nouba, on peut jeter des millions par la fenêtre sans que ça défrise le cheveu de quiconque » ...
« Voilà l’arbre endormi, dit Portalinus en désignant un myrte qui apparaît au bord du sentier menant à la maison, ni un manguier, ni un fromager, ni un anacardier ou un bignoniacée, aucun de ces arbres somptueux et odoriférants qui sur ces terres tempérées s’épanouissent en massifs exubérants chargés de pluie, de fruits , de parasites ou d’oiseaux , rien qu’un myrte malingre et rabougri mais gigantesque dans le souvenir , un myrte qui l’accompagne depuis la terre de son enfance et qui en conséquence est sien,« son arbre », l’ombre qu’il a choisie pour se reposer lors de ses promenades matinales » ...