La semaine perpétuelle de
Laura Vazquez
Une tête ne tombe pas, elle ne peut pas tomber. Elle est reliée par un fil qui descend jusqu’en bas de la personne, et si la tête tombe, le reste tombe. Il ne faut pas casser notre tête, mais on peut casser nos membres. Quand on se casse un membre, on se souvient du membre. Quand une dent s’infecte, elle vibre à l’intérieur, on dirait qu’elle nous parle. Quand on pince une main, elle apparaît. On crève un œil, et cet œil devient le centre de la personne. En vérité, le corps est mou. Les personnes sont molles. Leurs mains sont molles, elles sont plus tendres que le bois, plus molles que le plastique ou que les carapaces, elles sont plus molles que les fruits, elles sont plus tendres que la plupart des choses dans le monde. On pourrait les percer, ce serait simple, avec une aiguille, avec un clou, ce ne serait pas la peine de forcer. Traverser les mains, avec une pique, un bout de bois, rien de plus simple. Perdre les mains et qu’elles pourrissent, des mains qui tombent, il resterait les bras. Mais pas la tête. La tête ne tombe pas.
Certains robots portent une tête comme un ornement. On change leur tête, on la dévisse, on change leur apparence, ils gardent le même esprit. Salim imaginait des robots, plusieurs villes de robots dirigés par des robots. Une famille de robots dans une maison normale, le bruit de leurs pas dans les escaliers, ils discutent, ils mangent. C’est une famille ordinaire. Il arrêta d’imaginer. Il se regardait dans l’écran de son téléphone, son visage changeait. Le miroir est en train de parler, le miroir est orgueilleux et triste. Salim dit : Tu veux quoi ? Le miroir est en train de se taire.
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