Laura Ziepe

Je veux qu'on se sépare, annonça-t-elle avec assurance. Maintenant qu'elle avait pris sa décision, elle ne reviendrait pas dessus.
Simon haussa les sourcils et contempla le sol, incrédule. -Tu veux divorcer? demanda-t-il, surpris. Ça ne va quand même pas si mal, bon sang.
-Pour moi, si, rétorqua tristement Grace.
-Oh, allons, Grace, ce n'est pas comme si je te battais ou que je te maltraitais...
Il fit claquer sa langue, comme si elle dramatisait, quelle faisait des histoires pour rien.
Grace fronça les sourcils.
-Tu ne me traites pas bien et je suis malheureuse. Ne pas être battue n'est pas une raison suffisante pour rester mariée.

Parfois, Holly avait du mal à croire qu’Emma était la même personne que l’adolescente plantureuse qu’elle avait rencontrée à la fac longtemps auparavant, et qui s’habillait au rayon grandes tailles. Elle semblait mener une vie de rêve… Sa seule carrière consistait désormais à poster sur les réseaux sociaux. C’était dingue, et Holly était enchantée pour son amie, qui avait autrefois une piètre estime d’elle-même. Emma était à présent très mince, constata Holly, surprise de sa métamorphose.

Tout ce à quoi aspirait Emma, c’était une famille. C’était étrange : elle aurait toujours cru qu’à cet âge, elle serait déjà mariée et maman. Ne pas se marier ne la dérangeait pas, mais ne pas avoir d’enfants était impensable. Elle adorait les petits. Pour sa part, plutôt mourir que de les abandonner pour s’installer à l’étranger, même une fois adultes.

Elle se sentait toujours beaucoup trop jeune pour faire quelque chose d’aussi adulte, bien qu’elle ait trente-trois ans. C’était curieux comme son corps continuait à mûrir, bien que son esprit ne soit pas différent de ce qu’il était à vingt et un ans. C’était effrayant et elle aurait vraiment voulu que le temps ralentisse…

Elle n’appartenait pas à la catégorie des femmes qui envoient des textos aigris et utilisent leurs enfants comme des armes. Ils se comportaient tous deux en adultes. Le bien-être de leurs enfants passait avant tout.

La vie était trop courte, et elle méritait de s’amuser.

La perspective d'être seule lui semblait bien plus agréable que celle d'être considérée comme un meuble jusqu' à la fin de ses jours.

Son amie était casanière, beaucoup plus heureuse en pyjama et chaussons qu'en petite robe noire et escarpins.

Être parent, c’était renoncer au temps libre.