Il avait tenté de créer autour de moi une bulle artificielle pensant savoir ce qui manquait à mon bonheur. Une sorte de bouclier magique qui me protégerait des réalités de ma vie – la prison, les flics, l’alcool, la déchéance, la folie, la violence, la misère -et surtout de mes frères. En voulant me garder d’eux, il s’est exclu de la fratrie et est redevenu l’étranger. En me protégeant d’eaux, il tue le seul lien qui me reste. Il me tue.
C’est terrifiant de voir la folie de ceux que l’on aime. C’est même insupportable. On se dit que non, ils ne sont pas fous, ce n’est pas possible, et donc puisque ce n’est pas possible, c’est surement qu’une partie de ce qu’ils disent est réelle. Et tout s’inverse. On se dit c’est moi qui vais devenir folle. A trente ans, c’est sûr, je serai folle. Mon esprit ne pourra contenir tout ça. Mon esprit n’a pas été fabriqué pour ça.
Il découvre quant à lui la mienne de chienne de vie aux bouleversements perpétuels d’un volcan toujours en éruption.