Book trailer Prospérine Virgule-Point
- Vous savez pourquoi mes grands-tantes me mentent ? murmura Sue.
- Le mensonge a toujours revêtu différents aspects. Notre esprit nous pousse souvent à cacher des éléments aux personnes que l’on souhaite protéger.
Le village de Demi-Mot existait pour une seule et unique raison. Dans le monde réel, dès qu'un Auteur gribouillait une ligne - un début de roman ou une simple liste de courses -, des ouvriers venaient bâtir des hameaux, des villes et parfois des métropoles entières afin de veiller à la prospérité des caractères.
Mais l’immortalité n’est en rien un cadeau : c’est de savoir que l’existence a une fin, qu’elle peut s’achever du jour au lendemain, qui pousse l’être humain à se surpasser.
Ce n’était pas seulement le décor d’une toile, c’était un espace hors du temps où elle s’était sentie libre d’exister.
Au numéro 12 impasse de la Métaphore s'élevait la demeure de la famille Virgule-Point. Avec son toit en forme d'accent circonflexe, elle était la construction la plus haute, mais aussi la plus étroite du comté. En réalité, il s'agissait d'un ancien I qui avait été reconverti en habitation. Cette architecture lettrale n'avait rien de surprenant à Demi-Mot, car le village était bâti à la limite du Texte.
« Il existait une liberté qui jamais ne s’évanouirait. La liberté de rêver… » (p. 7)
- Peut-être qu'il reste encore une chance de sauver le village, murmura Prosperine.
- Qu'est-ce que vous ne comprenez pas dans le mot "danger" ?
- S'il ne subsistait vraiment aucun espoir, Pêle-mêle aurait sans doute utilisé un terme plus parlant, non ?
- Plus parlant ? s'étonna Honoré. En lisant "danger", j'ai tout de Suite traduit par "Barrez-vous".
- Je veux dire quelque chose comme "mort" ou bien "destruction"... "Danger", cela signifie juste qu'une menace pèse sur nous, mais pas que cette menace causera forcément notre perte.
- Ravi de voir que vous êtes optimiste.
Mais comment pourrait-il admettre qu’une illusion avait surpassé sa raison ?
— Vous n’avez donc pas de cœur ?
— Absolument aucun, répondit Élias, mais dans un élan de romantisme, j’ajouterai que mon cœur de pierre n’appartient qu’à vous.
Avez-vous déjà entendu la Mort ? Je ne vous parle pas d’un corps inerte, je parle de cette voix qui vous susurre à l’oreille que plus rien ne sera comme avant.