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Citation de Santantonios


Page 135 ( extrait de l’interview d’Isabelle, anthropoloque, 44 ans)

« J’ai oublié de le préciser : à 25 ans j’ai voulu me faire ligaturer les trompes, mais d’abord les gynécos que j’ai vus ont refusé, et puis une amie a réussi à me « récupérer » en me disant : « Imagine qu’il arrive une catastrophe sur la planète, type nucléaire, et qu’on soit parmi les rares survivantes, que l’on ait absolument besoin d’enfant, et que toi tu ne puisses plus en avoir ! Tu vas t’en vouloir à mort ! » Ça a fait sens, pour moi, cette manière de recadrer ma réflexion dans une dimension collective, et j’ai renoncé.
Mais d’une certaine façon, je me suis ligaturé les trompes mentalement, j’ai beaucoup réfléchi à la question à ce moment-là, j’étais très seule dans ma réflexion, j’en parlais peu, mes amies me regardaient avec des yeux ronds, certaines étaient au bord d’accoucher, les garçons n’étaient pas intéressés par le sujet…

(…) Aujourd’hui j’ai 44 ans, plus personne ne me parle de ça. Je suis soulagée, moi ça m’embêtait d’être si souvent prise à partie. J’avais envie d’écrire un petit argumentaire et de le distribuer lorsqu’on me posait la question, parfois je variais mes arguments, parfois j’avais des mouvements d’humeur, ras-le-bol, foutez-moi la paix.
Peut-être les hommes ne comprennent-ils pas qu’on ait un organe pour et qu’on ne s’en serve pas, je me suis posé la question aussi : « Je suis née avec un utérus, est-ce que j’ai le droit de ne pas m’en servir ? » Mais en fait l’espèce humaine est contre nature, plus rien n’est naturel chez nous, tout est codifié, acculturé, il n’y a plus rien qui se fait de manière naturelle. Si on veut invoquer la nature pour justifier ses choix, il faut aller vivre dans un arbre… Toute notre histoire est de s’extraire de la nature.
Heureusement je suis d’une génération post-soixante-huitarde, post-IVG, contraception, etc., heureusement, car j’ai beaucoup de compassion, de colère aussi, vis-à-vis du fait que des femmes, à travers le monde, n’aient pas le choix et soient prisonnières de leur corps »
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