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Critiques de Laurence Vilaine (93)
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La Géante

Aux côtés de mon amie Patricia, j’ai fait un crochet à la librairie. En parlant de ma recherche de livres au libraire, quelle ne fut pas ma surprise de découvrir que La géante était sa lecture du moment. Il m’en a parlé avec pleins d’étoiles dans les yeux. Quel plaisir de l’écouter me parler de ce petit livre.



Alors j’ai suivi le fil... Dans ce roman, j’y ai découvert une nature à visage grandiose aux pieds de la Géante, une montagne immuable tantôt au service de ceux qu’elle protège tantôt dangereuse pour ses ennemis.



J’ai rencontré Noële et son frère Rimbaud puis l’hiver et le soleil dans une atmosphère combien mystérieuse et hypnotisante. Une montagne décrite en long et en large sous une pluie harassante d’images toutes aussi belles ou puissantes.



« Jamais la Géante n’a connu de cri de la sorte, jamais dans ses gorges, dans ses bois, dans ses grottes, parmi ses bêtes, jamais de ses milliards d’années d’existence ou bien ce cri peut-être venait-il de là, de ces milliards d’années-là jusqu’à cet instant, un long cri de guerre, celui-là même peut-être qui fait trembler les entrailles de la terre, se dresser les montagnes et rugir les océans - le cri des hommes contre la mort. »



Le fil s’est enrubanné peu à peu autour de moi, prise dans les filets de cette écriture majestueuse. Impuissante à tout démêler, je suis certainement passée à côté de l’histoire de fond qui m’a semblé trop énigmatique. Je n’ai jamais cerné les personnages, je n’ai vu que des ombres, j’ai lu des lettres d’amour car ce livre est à mon sens un hymne à l’amour. Noële si isolée nourrira une fascination sans borne pour les lettres que deux amoureux s’écrivent. Elle y découvrira le nom de l’amour. Elle effleurera la robe de la poésie charnelle, les mots dans ces lettres seront autant d’images d’un sentiment qui doucement s’éveillera en elle.



Mais tout cela est vraiment très subtil. La plume de Laurence Vilaine est tellement impressionnante, regorgeant de métaphores à la pelle que je me suis retrouvée à contempler une œuvre d’art abstraite sans cerner la profondeur de la toile.



Ce fut une lecture hypnotique, berçante que je devrais mieux cerner lors d’une seconde lecture.

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La Géante

C’est avec ravissement que j’ai découvert l’écriture subtile, poétique et suggestive de Laurence Vilaine dans « La Géante ».

Laurence Vilaine n’a pas sa pareille pour décrire les émotions et nous rendre ses personnages si proches. Ses mots pulsent au rythme des pensées de Noële la narratrice, ils font écho à sa vie rude, proche de la nature. L’auteure excelle aussi à nous décrire cette nature sauvage, parfois effrayante en plantant le décor dans une montagne éloignée et entourée de mystères et superstitions. La nature règne en maître dans ce lieu perdu, on y vit entre soi et l’étranger y est rare. Tout est là, il n’y a plus qu’à dérouler tout doucement l’intrigue.

« Ça sent la terre profonde dans le bois, j’ai pensé aux bêtes sauvages, et aux femmes et aux hommes qui un jour sûrement sont passés par là des années, des siècles avant moi, je me suis dit que le bois n’avait pas voulu d’eux, ni de leurs ponts, ni de leurs chapelles, que la nature est plus forte que les humains qui passent leur vie à chercher leur place »

La Géante, c’est la montagne à l’ombre de laquelle a grandi Noële et son frère muet surnommé Rimbaud, qui se passionne pour les oiseaux. Noële a suivi le chemin tout tracé de la tante qui l’a recueillie et élevée avec son petit frère, elle vit de ce que lui offre la montagne et ramasse ses plantes médicinales et le petit bois qu’elle fagote. Un jour, un journaliste vient s’installer dans « la maison froide » voisine de la sienne. Elle va s’intéresser à cet homme malade et solitaire mais qui reçoit les lettres touchantes d’une femme. Noële, par sa présence discrète, va vivre dans l’ombre de cet homme énigmatique et taciturne. Dépositaire de ces lettres, elle va découvrir l’amour entre les lignes, cet amour qu’elle, l’enfant abandonnée, n’a jamais connu.

On part à la rencontre, au même rythme que Noële, de la femme amoureuse, photographe et bourlingueuse, cette Carmen dont les lettres émaillent l’histoire et c’est émouvant.

« Ses lettres étaient un fils de soie qu’elle tendait dans leur ciel trop grand »



Une belle découverte que ce court roman qui se lit d’une traite et que je recommande.



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La Géante

« Partir dans la montagne par une nuit calme et sombre comme l'enfer pour y trouver la folie ou la félicité, c'est peut-être cela vivre quelque chose. »

Jón Kalman Stefánsson



C'est en flânant dans une libraire que mon regard s'est posé sur ce livre aux couleurs franches qui marient la chaleur de l'orange et la profondeur du bleu. Cette couverture m'a rappelé les superbes critiques de mes amies DianaAuzou et Ladybirdy que je vous encourage à lire. Quant à moi, je les remercie, leurs deux billets m'ont permis de découvrir une petite pépite.



Le nature-writing et les jolies plumes poétiques m'attirant comme un aimant, j'ai commencé à le feuilleter et après avoir lu l'incipit, je n'avais qu'une envie, celle de poursuivre ma lecture tranquillement chez moi.



Après une première lecture où je suis malheureusement restée en surface, une relecture m'a permise de ne pas passer à côté de ce roman beau et fort, en comprenant ce qui m'était demeuré trop flou et pas assez explicite au départ.



*

Ce court récit nous emmène dans les vallons de la Bendola, au pied de la Géante, cette montagne dont la présence majestueuse, tranquille et silencieuse est à la fois un baume pour les maux des hommes, une gardienne, une bienfaitrice, mais également un menace, un rappel constant à l'humilité et au respect pour tous ceux qui s'y aventurent.



« Ton coeur devient petit, c'est celui de la Géante que tu entends battre. »



Compagne des bons et des mauvais jours, elle rythme la vie des hommes qui vivent en son sein dans une alternance d'ombre et de lumière, de passé et de présent, où les harmonies complexes des voix se répondent et s'emboitent les unes dans les autres.



*

C'est dans cet endroit reculé plein de rudesse, de mystères et de superstitions que vivent Noële et son frère Rimbaud. Elevé simplement par leur tante, ils ne font qu'un avec cette terre qui les a vu grandir : Rimbaud le muet vit la nuit à l'écoute du Petit-Duc, cherchant à la pleine-lune dans le lit de la rivière Bendola des petits cailloux dorés ;



« Mon unique culotte avait un large trou

- Petit-Poucet rêveur, j'égrenais dans ma course

Des rimes mon auberge était à la Grande Ourse

- Mes étoiles au ciel avaient un doux frou-frou »



quant à Noële, la narratrice, un peu sorcière, elle suit les pas de sa tante, vivant de ce que lui offre généreusement la nature, cueillant dans la montagne des plantes médicinales pour en faire des tisanes et des onguents, ramassant du petit bois pour les longs mois d'hiver. Dans cette vie de labeur et de solitude, elle n'y puise aucune chaleur. Elle ne sait pas ce que signifie aimer. Orpheline, personne ne le lui a appris. Elle ne connaît ni la tendresse, ni le désir, ni le réconfort de bras qui vous enserrent.



« La vie n'est pas sans épine. »



*

Les mots de l'auteure insufflent une force et une âme à ce récit. Mon esprit s'est chargé d'images, d'odeurs, de couleurs et d'impressions.

J'ai aimé suivre Noële, emprunter les sentiers balisés par les sangliers et les chevreuils, mêler mes pas aux siens, la regarder vivre en parfaite harmonie avec la nature. Ignorante, je l'ai regardée fagoter, chercher les plantes qui soignent.



*

Et puis, un jour, un homme, Maxim, vient s'installer pour quelques temps dans « la maison froide ». Il recherche le silence, la discrétion, la solitude, loin de l'agitation du monde dans lequel il baignait jusqu'alors. Il a laissé derrière lui sa vie tumultueuse, bruyante, et Carmen, sa petite amie.







« La guerre battait son plein, il ne voulait personne dans les rangs. Lui seul et le silence, dont il fait son arme. Il voulait tout éteindre, le volume en même temps que la lumière et le bruit du monde, jusqu'aux mots sur le papier qui bruissaient trop fort. Plutôt se taire quand on n'a rien à offrir et aucune promesse à faire… »



*

Noële va se rapprocher de cet homme qui l'intrigue et dont elle sent la peur et la souffrance.

Elle va découvrir les lettres intimes de Carmen qu'il n'ouvre plus et les lire en secret.



Ces lettres d'amour d'une beauté douloureuse sont comme des fils de soie, elles tissent un lien invisible mais résistant entre Carmen et Maxim, entre l'absence et la distance, entre la vie et la mort. Elles sont chargées de douceur et de force, mais aussi de silence et d'ignorance.



« Pour vivre sans l'urgence de te voir, je suis en train de faire de mes espoirs des certitudes pour plus tard. »



« J'ai peur, bien sûr que j'ai peur, mais avec la peur, on ne fait rien. Aussi je la congédie. Parce que la vie, c'est maintenant. »



Pour Noële, cette indiscrétion va lui ouvrir les portes d'un monde qui lui était fermé jusqu'alors. Elle va découvrir ce qu'est l'amour, le désir, l'attirance.



*

L'histoire étant racontée de manière fragmentée, décousue, la structure du récit m'a paru particulièrement obscure au départ. Je ne l'ai comprise que très tardivement, d'où mon envie de reprendre le texte depuis le début.



Sans dévoiler l'intrigue, je vous indique quelques clés pour entrer plus facilement dans ce récit.







*

Ce roman rappelle irrésistiblement un autre roman qui fut un coup de coeur pour moi, celui de « Je chante et la montagne danse » d'Irene Solà dans lequel l'écriture lyrique, la beauté sauvage et mystérieuse de la montagne m'avaient charmée.



*

Pour conclure, Laurence Vilaine est une formidable conteuse.

Je vous encourage à découvrir ce très beau récit dont les thèmes, la solitude et le silence, l'éveil du désir et la découverte de l'amour, la vie et la mort, l'absence et le deuil, peuvent sembler rebattus, mais dont la poésie et la sensibilité m'ont charmée et totalement emportée.

« La géante » est un magnifique roman qui se révèle par la délicatesse des mots, la beauté de la nature et de cette Géante, la simplicité des personnages qui se découvrent comme un voile que l'on soulève et que l'on rabat délicatement par pudeur.
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La Géante

Il est des livres que l'on commence et qu'on ne lâche plus, comme si l'histoire et l'écriture nous avaient envoûtés, La Géante est un de ces livres.



Ce roman tourne autour de six personnages principaux :

La Géante, la montagne qui veille sur les humains, qui leur fournit tout ce dont ils ont besoin.

Noële la narratrice, elle parcourt les flancs de la géante pour cueillir des plantes et fabrique des tisanes et des onguents, et faire des fagots pour entretenir le feu.

Rimbaud, le frère de Noële, il ne parle pas, mais il connaît le langage des oiseaux.

La Tante, elle a élevé Noële et son frère, tout ce que sait Noële c'est elle qui le lui a enseigné.

Maxim, un journaliste, il est venu s'installer dans la maison froide, pour oublier la bête qui ronge ses yeux.

Carmen, photographe, d'un dispensaire du Congo, elle continue d'envoyer à Maxim des lettres, à lui expédier de l'amour.



Il est de romans qui sont comme une rencontre, comme un vieil ami avec qui on a envie de passer du temps.

Il est des livres qui racontent une histoire banale une vie simple qui n'exige que de quoi manger, de quoi marcher, un toit pour dormir, mais parfois les mots, la qualité de la plume de l'auteure transforme le récit en un moment de grâce.



Il est des romans qui sont tout petits, et pourtant quand on les ouvre on découvre un véritable trésor, la littérature à l'état pur qui brille tout au long des 187 pages. Avec son écriture poétique où chaque mot a été finement ciselé, Laurence Vilaine nous délivre un roman d'amour dans un cadre grandiose.



Il est des livres qu'on lit avec son coeur tant l'atmosphère vous pénètre, tant les mots couchés sur la page vous parlent, vous émeuvent, vous transportent.



Il est des romans qui méritent d'être lus, connus et reconnus. Lisez La Géante, faites lire ce livre à vos amis, vous leur ferez un immense plaisir.



Un grand merci au cercle livresque de lecteurs.com pour ce cadeau, car ce roman est un véritable cadeau.





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La Géante

Sous fond de guerre et de maladie, un récit initiatique d’une grande beauté, porté par une plume poétique, imagée, magnifique.

La géante, c’est la montagne où vit cachée Noële avec son frère Rimbaud depuis le décès de sa tante. Sa rencontre avec Maxim, un journaliste, va bouleverser sa vie tranquille et linéaire. Lectrice puis messagère de ce dernier, Noële va découvrir dans sa correspondance avec Carmen l’amour, l’absence, le poids des mots. Un roman lu une première fois dans le cadre du prix Fnac et relu pour le plaisir de la langue ! Superbe 👍🏼
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La Grande Villa

Il y a d'abord une grande maison en bord de mer - La Grande Villa - avec son caractère, ses manies, les tomettes qui cliquettent, les poignées qu'on actionne à l'envers, les jeux de lumière du soleil dans les fenêtres, les voilages, sur les planchers, les meubles, l'armoire rouge du vestibule...

Un antre dans lequel la narratrice vient retrouver une présence, un autre séjour cinq mois plus tôt mais accompagnée cette fois-là, un lieu où elle vient chercher une consolation, la possibilité, en évoquant une présence en ce lieu, de rompre les liens étouffants du chagrin...



Il y a le platane dont les branches sont si longues, la ramure si étendue que les feuilles se tendent comme autant de mains à travers les croisées, aussi douces que peut l'être une caresse qui console, qui étreint...



Il y a l'eau, celle où l'on nage, celle où l'on flotte, celle où l'effort physique tente de faire taire l'esprit, l'eau comme une frontière, l'eau comme une promesse de départ vers un autre pays...



Il y a la solitude, celle de cette fille qui reste, gardienne de la mémoire de ce père qui n'est plus...

Il y a les tentatives d'écritures de cette jeune femme qui tente d' exorciser la douleur d'une absence, les silences qui ne peuvent être effacés, qui tente de dompter les mots pour calmer les idées qui assaillent, les regrets qui submergent, calmer ces mots qu'on n'a pas osé prononcer et qui toujours hantent et reviennent...



Les souvenirs, comme autant de clichés en noir et blanc, comme autant de moments qui sont restés gravés en mémoire, comme autant de circonstances rêvées, imaginées, inventées...



Il y a l'absence, le vide, la perte, l'envie d'une consolation peut-être, ou simplement le désir de garder un lien, une main tendue par delà la mort...





De ce père disparu, trop peu connu finalement parce qu'il intimidait tant la petite fille qui l'observait, de ces questions jamais posées comme autant de montagnes jamais escaladées, de cette absence qu'on voudrait interroger, sonder pour rattraper tout ce qu'on n'a pas su apprendre, tout ce qu'on n'a pas demandé, ce qu'on est obligé d'édifier pour faire revivre celui dont la main a glissé.

De ces mots qui doivent être écrits pour dire les sentiments qu'on a tus, par pudeur, par timidité. Comme si en les prononçant, il leur était donné la possibilité d'être encore entendus, d'avoir encore une raison d'être, d'atteindre celui à qui ils sont destinés...







(...)

"Avoir vingt ans, perdre son père (...) Alger la Blanche, oui, et avant la Mer de Chine, le Tonkin, la Cochinchine. Tu pensais quoi au bastingage ? Combien de semaines, combien de nuits ? (...)"

(...)

"La dernière fois nos mains ensemble, c'étaient les miennes autour de la tienne, sans la serrer pour ne pas te réveiller, comme on enveloppe une fleur épanouie, une main en cloche au dessus de l'autre pour ne pas la froisser. La dernière fois nos mains ensemble, c'était les miennes autour de la tienne, je m'étais endormie à tes côtés. Et de cette sieste, tu ne t'es pas réveillé."

(...)

"Quand l'écriture trouve la grande solitude pour y naître, on n'est plus seul. Aussi peut-être est-ce pour ça qu'on écrit, pour ne pas faire seul le voyage. Et rendre plus douce l'attente. de l'amour, de la mort."

(...)



Un livre tout en résonance.
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La Géante

Petite explication

Noële, une femme un peu sorcière et plus toute jeune , vit dans le Mercantour,au pied de la montagne , la Géante, avec son frère un peu simple Rimbaud

Noële va rencontrer Maxim, journaliste très malade, retiré dans une petite maison voisine

Carmen c' est le grand amour de Maxim, une journaliste baroudeuse toujours au bout du monde

Carmen écrit des lettres d'amour

Noële aide le facteur et dépose les lettres chez Maxim.Le récit peut commencer

Pourquoi ce préambule ?Parce que j ‘ aurais bien aimé l' avoir avant de commencer la lecture

Car il est très difficile de s' y retrouver dans les 90 premières pages.Le texte est très beau mais je n'ai pas compris la construction du livre

Qui est cette femme(Noële) qui suit, en cachette,une autre femme mystérieuse (Carmen)?Et ces jolies lettres d'amour , que viennent elles faire dans ce récit de montagne?

Mystère et j'avoue que j' ai été obligé d' arrêter la lecture pour trouver une explication ailleurs avant de replonger dans le livre

Soyez donc patient au début du roman car tout s'explique en seconde partie

Bon roman quand même ? Sans aucun doute car l'ecriture est soignée, poétique et très douce .Elle est aussi très visuelle .

Facile d' imaginer les personnages , l' ambiance de montagne, les saisons, les fleurs et la vie quotidienne.A partir du moment où le récit prend corps,on rentre dans cette ambiance , on se sent complètement immergé et la lecture devient passionnante.

C' est un univers assez proche de celui de Paolo Cognetti Les huit montagnes ou de Erri de Luca

Merci à ma libraire pour cette belle découverte que j' ai beaucoup appréciée malgré un début de livre trop complexe à mon goût





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La Géante

«  Le monde est froid quand tu n'y es pas » .



«  «  La vie n'est pas sans épines, il va falloir que tu t'occupes de tes hommes, petite » .



«  Je déterrais les racines de guimauve, cueillais les dernières noisettes et sous les hêtres guettais les premiers pieds- de - mouton » .



Quelques passages de ce roman si singulier, une nature grandiose aux pieds de cette géante, dans les vallons de la Bendola, cette montagne mystérieuse , à la présence aussi silencieuse que majestueuse, tranquille, immuable, imposant son rythme ,fournir les fagots pour l'hiver, bourrache, gentiane ou bleuet pour les onguents et les tisanes, à la fois baume pour les hommes mais aussi menace grandiose , empreinte de solennité et de gravité , un rappel utile , constant à la fatigue et au chagrin éventuel, sauvage et élégant , rappel à une certaine humilité , au respect pour ceux qui osent y pénétrer .



«  Y pénétrer , c'est dire au monde si le diable veut bien, parce ce que c'est lui qui ouvre la route , caché sous les pierres rondes de la calade, douze lacets abruptes jusqu'à la clairière d'Agu, un chemin de croix sans station » .



«  Tu dois y monter sans t'arrêter, disaient les anciens » .



Noële a toujours vécu au pied de la géante, ,cet endroit pétri de mystère, de superstitions si anciennes , de ruses , un peu sorcière , vivant avec son frère Rimbaud qui ne parle pas mais chante avec le grand - duc, élevés par leur tante , qui les as recueillis , ces deux - là ne font qu'un avec cette terre rugueuse.



Noële sait bien qu'on ne peut rien attendre du ciel , ne lève plus les yeux vers lui depuis longtemps .



Repliée loin de tout , elle mène une existence aussi rugueuse et dure qu'un silex , un chemin à la pente très forte ,vouée au travail, enveloppée dans un nuage de sorcellerie .



Soudain surgit dans sa vie , l'histoire de deux inconnus , dont un certain Maxime , très malade , qui vient s'installer dans «  la maison froide », laissant loin derrière lui, sa petite amie Carmen et sa vie tumultueuse.



Noële découvre alors ce que peut être le manque et le désir, l'amour qui encombre ou qui porte très haut , l'absence , le poids intense des mots , cela bouleversera sa vie …. Elle aimera par procuration ….



C'est un roman initiatique d'une grande beauté , à la structure fragmentée , au début très obscure, l'auteure n'a pas son pareil pour décrire la nature avec un grand N , l'écriture est poétique , subtile, ciselée et originale,



J'ai vraiment eu du mal à comprendre les 90 premières pages malgré la beauté du texte, l'écriture est pourtant très soignée , délicate , la langue riche , incroyablement poétique , puis plus tard le récit très touchant nous prend aux tripes .



Il nous faut patienter et revenir en arrière .



Un roman qu'il faut s'approprier !



« De la douceur je n'ai connu que les oreilles d'ours qu'enfant je cueillais et glissais dans mes poches. La Tante me houspillait, l'école prend déjà bien assez de temps , il y a autre chose à faire que se caresser le menton.



Couper, tailler, cueillir, le bois , le feu, les plantes, ramasser, effeuiller , sécher, ensacher, ranger, aller porter. de la douceur à coups de kilomètres dans les mollets et de besognes en rentrant ,aux fourneaux, au grenier, ,à la table ,jusqu'à tard » …..











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La Géante

Il est des livres qui s’attachent à des souvenirs, et aux lieux qu’ils décrivent. J’ai eu la chance de lire « La côte sauvage » de Jean-René Huguenin lors d’un séjour en Bretagne, le plaisir de découvrir « les mémoires d’Hadrien » de Marguerite Yourcenar en villégiature à Rome. Ça change tout, et voilà ce qui m’a manqué dans « La géante » : la présence d’une montagne. L’auteur n’y est pour rien, j’aurais dû prendre mes dispositions. Car tout, jusqu’au titre du roman, converge vers la masse millénaire qui semble écraser celles et ceux qui l’approchent.

L’histoire est touchante, empreinte de gravité et de mélancolie. La narratrice a grandi dans l’ombre ingrate de La géante, oubliant qu’elle est femme, absorbée par le chaos d’une famille éclatée. La géante est son double, et son alibi. Jusqu’au jour où elle découvre une correspondance amoureuse dont elle devient, à son insu, la dépositaire. Entre les lignes, elle réapprend son corps, encore trop loin des sentiments (formidables pages 122-125) mais avec assez d’intensité pour éprouver des regrets et nourrir quelques espoirs. Elle aime, par procuration.

Ce livre est plein de contrastes, alternant la brutalité et la minéralité avec des passages beaucoup plus doux, plus poétiques. La pente est raide, il est parfois difficile de suivre la sinuosité de ce roman. Il faut franchir des paliers, s’habituer aux ellipses, faire fi des tournures escarpées et des chassés-croisés entre le présent et le passé, mais au bout du chemin, il y a des sommets d’émotion.

Bilan : 🌹

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La Géante

La Géante , Laurence Vilaine, Editions Zulma****



Si on me demandait quelle est l’histoire que raconte ce roman, je dirais que c’est une histoire de sens, de leur langage simple à lenteur de fleuve d’où des vérités s’échappent et trouvent leur interlocuteur dans la montagne, la Géante, dans les rivières, dans l’air ou dans le ciel, auprès des bêtes, en foulant la terre. « J’ai été élevée sans broderies et aux couleurs de la pierre et des forêts sombres. » p.107. L’histoire est racontée à la première personne par « Noële, oui. Avec un seul l » p.93. Elle vit au pied de la montagne depuis son enfance, depuis que sa mère a été emportée dans l’au delà en donnant naissance à son frère « ma mère était plus blanche que les lys, elle s’était éteinte sans une braise pour éclairer la nuit qui l’emportait, et Rimbaud naissait sans un cri… Sa voix est restée dans les ténèbres et il est venu au monde sans le dire à personne. » p.44. « Et jamais il ne parle à personne. Jamais une poignée de main et à peine un regard à qui le croise ou lui parle, il n’y a que les pierres et les bêtes qui ont grâce à ses yeux, peut-être parce que, comme lui, les unes n’ont pas de voix et les autres, pas de mots. » p.21.



Je reste sous le charme de la beauté de ce texte à qui la plume de Laurence Vilaine donne souffle d’une manière des plus subtiles. Des mots qui disent le silence la solitude l’amour le désir. L’histoire est racontée par bribes, déchirures, extases, souvenirs, lectures presque indiscrètes de quelques lettres d’une femme amoureuse. Il y a des moments où la narration s’arrête pour suivre les mouvements d’un corps dont le langage frappe les yeux, saisit les entrailles : « ...avec les poings elle a cogné comme on cogne parce qu’on devient fou d’être enfermé. Les coudes saillants sous le grand manteau laissaient deviner son corps fin en dessous, mais le corps fin ne laissait rien préjuger de sa force. » p.17.

Il y a les lettres qu’une femme, Carmen, écrit à l’homme qu’elle aime, Maxim réfugié dans ces lieux pour combattre un crabe qui lui ronge la vie. Elles tombent dans les mains de Noële et le récit, du début à la fin n’est écouté que par la Géante. Quatre personnages et une montagne présente comme leitmotiv, lien, référence, présence immense, force protection et indifférence. Présence - absence, toutes les deux de la même puissance. Et le temps qui va vient et à nouveau s’en va, un pas en avant un pas en arrière, un présent qui se brouille, un passé qui revient, un temps qui monte un temps qui descend, quelques lettre qui laissent entrevoir une histoire , mais un voile cache les lignes nettes et laisse seule une sensation, « ton cœur devient petit, c’est celui de la Géante que tu entends battre. » p.64.

L’histoire se brouille, s’illumine, se noue, se serre, se cherche et se perd, son fil se casse, il est repris plus loin. La force de l’histoire n’est pas dans ses événements mais dans la façon dont elle est ressentie, la Géante en est le témoin fidèle. « Jamais la Géante n’a connu de cri de la sorte...un long cri de guerre… le cri des hommes contre la mort... Et de son dos tellement triste, j’ai été jalouse, de sa nuque pliée et de sa tête à genoux, de l’amour dont elle avait rempli le trou, du couvre-lit pour la nuit éternelle. Et j’ai eu grande pitié de moi. » pp.30-33



Le style de Laurence Vilaine simple, soigné dans le choix des mots, des pauses, des rythmes et de larges respirations donne à cette histoire racontée à la première personne un certain mystère qui présente des personnages plutôt esquissés, suggérés par ce que la vie les a marqués, un manque, un trop plein, un désir à peine avoué par un corps qu’il a touché et surpris. Des silences et des écoutes, un regard tendre sur Rimbaud, le garçon qui ne parle pas : « L’or fait courir le monde mais le monde se trompe de course, on ne fait pas belle fortune en vidant les rivières, et surtout quand l’or est de la pyrite de fer. Aujourd’hui…. Les cailloux qui brillent n’intéressent plus personne car il n’en reste de toute façon plus guère. A part aussi Rimbaud qui cherche et ramasse ceux-là que le monde n’a pas mis dans ses poches, parce qu’à courir, le monde passe à côté de l’essentiel, à côté des discrets, les plus secrets qui scintillent et répondent à la lune... »

La Géante lie relie révèle. Unique, elle est démultipliée dans chacun des quatre personnages, elle fait peur et protège, écoute toujours et ne répond que rarement, mystérieuse et familière, elle est vivante. Elle reconnaît, avec indifférence, les mots qui viennent du cœur, ceux qui s’étouffent et meurent avant de naître, les mots timides, les mots violents, et tous les mots que le silence sait dire si bien.

Une feuille emportée frémit au gré du vent, elle danse, se ploie, gémit chante murmure, elle est fleur et guerrière, elle nourrit notre imagination et touche nos sens du premier au sixième et d’autres encore. C’est aussi l’écriture de Laurence Vilaine. Des pages à relire, s’imprégner d’une atmosphère, et aller jusqu’à la fin car « Sans gravir les montagnes, à moins d’être un oiseau de tout là-haut, on ne peut pas savoir ce qu’il y a derrière. » p.94



Un grand merci à Magali (Ladybirdy), Régine (Zéphirine) et Yves Montmartin qui, par leur chroniques sensibles, m’ont fait découvrir la plume délicate de Laurence Vilaine.
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La Géante

Ce court roman est un petit bijou et je n'ai pas la même virtuosité des mots, du son et des phrases comme Laurence Vilaine pour en parler mais je vais tenter de les trouver pour exprimer tout ce que j'ai ressenti et pourquoi il m'a tant touché.



"La femme qui monte regardait les flammes comme on baisse les armes et comme on se rend, à la vie et à la mort quand elles nous dépassent, quand leurs seuls noms qu'on chuchote, qu'on se répète, la vie, la mort, nous font lucioles ou cigales, briller ou chanter le temps d'un amour éteindre la lumière ou descendre de l'arbre quand il prend fin. (p163)"



J'avais commencé ma chronique en voulant vous résumer l'histoire et finalement je préfère vous la laisser découvrir en vous disant seulement qu'il s'agit d'une histoire d'arrière-pays du sud, dans une région rude, reculée, à l'ombre de la Géante, cette montagne qui rythme de son ombre la vie des habitants, à la fois protectrice et inquiétante. C'est l'histoire de Noële (avec un l et un e), une femme sans âge, mi-sorcière, mi-guérisseuse qui tient de la Tante qui l'a élevée ses connaissances dans les plantes et dans l'art du fagotage, du souffle sur les braises et de l'utile présence d'une boîte d'allumettes dans sa poche. Mais ce qu'elle ne connaît pas, ce qu'on ne lui a jamais appris c'est la beauté des sentiments et à travers un homme de passage, Maxim (sans e) et des lettres de Carmen, elle va s'ouvrir à l'amour mais aussi porter un regard sur elle, se sentir vivre, vibrer et ressentir des émotions dont elle ne se sentait pas capable.



"La Tante nous a élevés aussi simplement qu'elle vivait, comme elle cueillait les herbes, comme elle râpait les racines et effeuillait la sauge, avec son cœur de samaritaine calleux mais plein comme un fruit mûr, et comme ça jusqu'à ce qu'il lâche l'affaire.(...) L'appeler la Tante, c'était ma couverture de survie.(p104)"



Il y a eu d'abord quelques pages qui plantaient le décor, l'ambiance, mystérieuses et presque énigmatiques mais le ton était donné : j'arrivais dans un village où le moindre passage d'étranger est une question.. Et puis il y a eu l'écriture et peu à peu je l'ai entendue : rythmée, douce et sèche comme le sont les pensées de Noële, imagée et parfumée à la manière d'un ode poétique qui vous transporte dans la nature : cela sent le froid, le bois qui se consume et le serpolet. D'ailleurs en épigraphe figure une phrase de Jon Kalman Stefansson, résumant parfaitement où vous vous immiscez :



"Partir dans les montagnes par une nuit calme et sombre comme l'enfer pour y trouer la folie ou la félicité, c'est peut-être cela, vivre pour quelque chose. (La tristesse des anges)"



Ecoutez le son de ces mots même s'ils sont sous la forme de prose, ils ont la beauté et le charme d'une voix qui vous murmure des secrets, une voix de notre temps mais qui vit à un autre rythme, dans un lieu retranché. Et cette femme sans âge, presque sans visage possède bien des dons mais qu'elle ne délivre qu'à ceux qui trouvent grâce à ses yeux. Alors, et alors seulement, elle se fait messagère, intermédiaire, porteuse de lettres, présence attentionnée et discrète, comme cela l'air de rien. Elle n'attend rien, n'espère rien simplement découvrir un monde inconnu.



"Dans son chagrin, cette femme puisait les mots qui ne cachaient rien, elle se mettait à nu comme elle allait prendre un bain et nageait dans des eaux profondes avec la peur de rien. A côté d'elle, je marchais morte, morte de marcher à côté de l'essentiel.(p112)"



Ce roman à la rudesse des paysages, la sincérité des gens du cru, de ceux qui vivent loin de tout, parfois sans avoir fréquenté l'école, il y a la douceur d'une naissance, d'un éveil et quand on y prête un peu d'attention, on s'aperçoit que tout a un sens, pourquoi Léon, le jeune frère s'appelle Rimbaud, pourquoi la majuscule se mérite, se respecte : la Géante, la Tante, la Maison Froide, le Pont des Sémites.



Et puis il y a les lettres, celles de Carmen pour un homme partit trouver refuge au pied de la Géante, qui se mure dans le silence, acceptant la présence de Noële que parce qu'elle est comme lui, économe en mots, discrète et nécessaire parfois.



Voilà, j'ai quitté Noële (avec un l et sans e) avec regrets, après l'avoir vu se métamorphoser, se révéler, Laurence Vilaine se faisant mi-sorcière, mi-poète pour lui donner vie, pour relater l'histoire d'un apprentissage et d'une renaissance.



Une pépite !



"Pour vivre sans l'urgence de te voir, je suis en train de faire de mes espoirs des certitudes pour plus tard. (p132)"
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La Géante

Il faut s’arrêter, inspirer puis lire chaque page lentement, s’imprégner de ses mots, vivre sa langue douce et chantante jusqu’à ce qu’elle enveloppe et enlace de ses poèmes, la nature sublimée, l’Homme à ses mamelles.

Que ce texte est admirable !

Noële est rude comme sa montagne, privée de sensations autres que celles de la nature dont elle nourrit son quotidien ; aucune fantaisie, aucune émotion, elle boutonne jusqu’au col sa chemise de nuit, se couche avec les poules, porte des blouses par-dessus ses habits gris, trime, sarcle, pioche, fait des potions et renifle la Géante. L’habitude rythme les jours, les mois, les ans, Rimbaud à ses côtés, jusqu’à la venue d’un voisin et le courrier qu’on lui destine. Les sens s’aiguisent gavés de l’amour tu, de lettres que Noële ouvre, lit et récite, gavée encore et encore. La vie se découvre.

Ce roman est complètement déstabilisant, attachant, stupéfiant tant par le charme de son langage que par son contenu. Il est parfois terre à terre dépeignant une nature authentique et réelle puis s’échappe dans un récit métaphorique où le lecteur s’immerge prisonnier d’une richesse de la langue. Tout est beau, tout est remarquable ! Les mots, les images, le récit, l’amour, la quête, les mensonges, l’abnégation, la quintessence du monde, le vent et le soleil, les saisons, les corps, les silences. La Géante.

Une lecture à savourer page par page, à choyer et s’approprier. Un coup de cœur.


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Le silence ne sera qu’un souvenir

Les débuts de cette lecture furent assez difficiles.

Qui est ce vieillard qui parle ? Est-il vivant ? Est-il mort ? A qui s’adresse-t-il ?

Qui est cet enfant blond ?

Et puis les choses se mettent en place et on entre dans un tourbillon douloureux.

Les passages racontés par Maruska sont poignants.

Ce séjour au milieu des roms de Slovaquie m’a complètement absorbée, passionnée, bouleversée.

Et puis il y a ce visage, à chaque fois que j’ai pris le livre en main, ce regard qui en dit tant et reste dans mes pensées.

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La Géante

" Rimbaud marche toute la nuit, et à l'aube il s'assoit pour contempler sa récolte, seulement quelques pépites, parfois une bonne dizaine qu'il dispose en rond dans sa paume "

Ce roman est une pépite. Gardez le longtemps au creux de votre paume !

Court roman (187 pages ) mais quelle écriture quelle poésie!

L'écriture est ciselée, dentelée comme les pics et les arrêtes des montagnes ou se situe le roman.

Noele vit au pied de la Géante, montagne imposante et austère. La Géante est le personnage central qui veille, qui peut être bienveillante mais qui peut aussi être dangereuse pour qui ne la respecte pas.

Noele, narratrice, fille de cette montagne, sorcière à ces heures, la parcourt en tout sens afin de cueillir les plantes, fabriquer des tisanes et ramasser les fagots de bois qui présage les feux de l'hiver.

Noele a un frère , Rimbaud, qui parle aux oiseaux et qui court les ruisseaux et torrents afin de ramener les pierres d'or.

Noele et Rimbaud ont été élevés dans la montagne par La Tante. C'est la mémoire du pays , la mémoire de Noele.

A ces trois personnages il faut joindre Maxim et Carmen.

Maxim est un journaliste qui vient se ressourcer et se soigner au pied de la Géante.

Carmen est photographe engagée dans un centre sanitaire au Congo. Elle envoie des lettres à Maxim. Lettres que l'amour enveloppe.

Afin de faciliter le travail du facteur, c'est Noele qui apporte les lettres à Maxim.

l'histoire est posée. Seulement l'histoire. Elle ne se raconte pas. Elle émeut.

Pour le reste ce n'est que poésie , délicatesse, découverte ouverture.

L'écriture de Laurence Vilaine est un écrin dans lequel brille la montagne , ses calades , ses marmottes , ses immortelles bleues. L'écriture est précise pour nous dire l'importance d'une robe , d'une blouse , d'une flanelle ou le mouvement d'un chignon. L'écriture devient poétique pour nous enivrer des immortelles des argousiers des sorbiers et des Tiou Tiou Tiou du petit duc.

L'écriture est littérairement suave et élégante quand il s'agit de ressentir l'absence et la distance dans le transport amoureux:

"Je t'embrasse longtemps"

" Tu me manques... un peu. Ca veut dire infiniment "

"Dans ton cou je pose ma tête"

"Je te serre"

"C'est l'heure des silences que l'on chuchote, je t'enveloppe."

c'est un roman du coeur , de l'émotion, des sentiers et des chemins perdus dans la montagne à la recherche d'une chapelle, d'un amour.

Sans aucun doute il mérite une deuxième lecture , installé dans le Mercantour au pied de la Géante. et de la vallée des Merveilles.

Merveille comme ce roman !


















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La Géante

Un superbe texte, qu’il m’a fallu un peu de temps pour apprivoiser. J’ai été un peu perdue au début entre les personnages, dans les brumes au pied de la Géante avant de comprendre où l’auteure voulait m’emmener. Puis, j’ai commencé son ascension en compagnie de Noële et Carmen, je me suis laissé porter par les phrases de Laurence Vilaine et leur douce poésie. J’ai beaucoup aimé ce voyage dans la montagne, les bois, la vie rude, frustre et sans amour de Noële et celle bien remplie, trépidante de Carmen, mais incomplète car il lui manque l’essentiel, l’amour de Maxim. Maxim, qui une fois qu’il sait son combat contre la maladie perdu, va peu à peu se détacher d’elle et ne plus répondre à ses lettres éperdues d’amour.

Cependant, dans ce récit, il m’a peut-être manqué un fil d’Ariane pour adhérer complètement à l’histoire, une trame plus robuste qui aurait donné un peu plus de structure à l’ensemble, un but. J’ai fait cette lecture sous le charme, mais en ayant l’impression d’être passée à côté de certaines clés qui m’auraient permis de pleinement savourer cette belle découverte.

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La Géante

Ce que je retiens avant tout de ce livre , c'est l'écriture, car Laurence Vilaine sait, avec les mots, créer un décor, des images, et se mettre au coeur des personnages.

Ici il y a Noële, qui a perdu sa maman à l'âge de sept ans, et cherche dans la nature , outre plantes et petit bois, le réconfort des herbes, la caresse du vent et les odeurs des forêts. Au pied de cette montagne qu'elle appelle La Géante elle vit avec son frère Rimbaud, qui ne parle pas mais chante avec le hibou.

Dans cette vie austère son plaisir viendra de la rencontre avec le facteur, qui lui confie des lettres à apporter à un homme vivant seul, dans une maison loin de tout.

Les lettres portent en elles beaucoup d'amour, d'attente, de joie.

Ce livre est un peu déroutant...J'ai dû parfois relire les phrases dont la poésie peut embrumer le sens, c'est le reproche que je ferai à ce roman.
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La Géante

Un magnifique récit initiatique nous transportant sur les sentiers escarpés de la Géante, révélatrice de sensibilité et d'amour. Des promesses faites au Ciel et des secrets confiés à la Montagne. Noële y fait la rencontre de Maxim, et bientôt de Carmen à travers les lettres qu'elle lui envoie. Par effraction, elle les lisant, elle y apprend l'amour, les silences, le manque, la peur d'un être aimé qui s'en va. Elle qui ne connaissait que la nature grandiose de la montagne découvre des sentiments qu'elle ne connaissait pas...



Laurence Vilaine nous offre un roman humain d'amour et d'apprentissage, tout ce qu'il y a de plus pur, avec une magnifique écriture poétique.
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La Géante

Voici aujourd'hui un court roman, 187 pages à peine, que j'ai trouvé à la fois étrange et très poétique.

La Géante c'est la grande montagne qui semble veiller sur le village.

Noële vit là, dans la vallée avec son jeune frère muet de naissance qui aime la nuit avant tout et la montagne, ramasser de la pyrite dans les ruisseaux et chanter avec le grand duc. Leur mère est morte en mettant le petit garçon au monde. Le père est reparti un matin pour travailler et n'est jamais plus revenu. Les enfants ont été élevés par une vieille tante qui est une simple voisine qui les a pris sous sa coupe et a pris soin d'eux, même si elle-même était plus que démunie jusqu'à sa mort. Elle a appris à Noële à cueillir les plantes qui soignent.

Noële ne connait rien à la vie, le lecteur ne sait pas son âge. Elle ne connait rien à l'amour non plus, vu que le village est perdu en haut de la vallée... et qu'elle n'a jamais quitté ses montagnes.

Mais un jour, un homme débarque et s'installe dans la "maison froide" en face de chez elle. Il vit simplement, reçoit de nombreux courriers de toutes provenances d'une femme amoureuse, se dit malade et explique ses absences par des visites médicales et des envois au journal dans lequel il rédige des chroniques littéraires. C'est Maxim. Il était photographe dans les zones de conflit. Son amoureuse, Carmen, aussi...



Par petites touches subtilement amenées, grâce à l'alternance du récit qui donne la parole à l'un ou l'autre des personnages, le lecteur découvre ce que chacun a enfoui au fond de lui-même.

Noële se fait indiscrète, lit les lettres que lui ne veut plus lire, en apprend chaque jour davantage sur leurs relations. Elle devient le témoin d'un amour qui n'arrive pas à s'exprimer et peu à peu comprend ce qui relit deux êtres qui s'aiment...Elle va peu à peu grâce aux mots qu'elle lit et qu'elle intègre redécouvrir son corps, et renouer avec la vraie vie.

Le lecteur ne sait pas toujours où il en est, mais se laisse porter par les propos. Il découvrira peu à peu pourquoi Carmen, cette "femme qui monte" au long manteau est venue jusqu'au village en plein hiver (le roman commence par là), pourquoi Maxim s'est installé là dans ce village du bout du monde, pourquoi Noële a baptisé son petit frère qui ne parle pas, Rimbaud, et pourquoi elle a si peur d'aller au-delà de la "Pierre debout" et de suivre les sentiers qui montent vers le sommet de la Géante.

La fin m'a cueilli sur un chemin que je n'avais pas pris, une belle surprise donc.

Un livre à savourer mais à lire d'une traite pour rester sous le charme de ce très beau texte, une véritable ode à l'amour.
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La Géante

J'ai lu "La Géante" de Laurence Vilaine dans le cadre du Prix "Passeurs de Mots" 2023 auquel participe ma médiathèque : 5 romans présélectionnés avec la nature pour thématique cette année, et ce sont les lecteurs qui votent pour leur titre préféré. Il est rare qu'une lecture me laisse une impression aussi étrange. Je ne saurais dire si j'ai vraiment apprécié ce roman ou pas, mais j'ai été assurément interpellée par son écriture.



Noële, la narratrice, vit en solitaire au pied de la Géante, une montagne aussi protectrice qu'impitoyable. Orpheline, elle a été élevée avec son frère par une femme du village qui lui a appris la science des plantes et comment tirer partie de la nature omniprésente. Sans âge, un peu sorcière, elle vit désormais au service des autres, s'oubliant totalement derrière ses oripeaux. L'installation dans la maison d'en face de Maxim, un journaliste venu se réfugier loin de tout pour affronter le cancer qui le ronge, va bouleverser sa vie. A travers la correspondance que lui envoie son amante Carmen qu'il refuse de voir, Noële va découvrir les douceurs et les souffrances de l'amour.



J'ai bien décelé toute la beauté de l'écriture de l'auteure. C'est la poésie de chaque mot qui souligne aussi bien la rudesse de cet univers de solitude imposé par la montagne, que la magie de l'éveil de Noële au sentiment amoureux. J'ai aimé le contraste avec ce lieu coupé du monde et de son agitation qui vit au rythme de la nature, capable d' imposer à Maxim et Carmen, journalistes, donc en lien permanent avec l'actualité mondiale et les réseaux, à correspondre par ce moyen si désuet qu'est la lettre. Malheureusement, ce côté très lyrique du texte me l'a rendu imperméable. J'ai vécu dans un rêve éveillé, ayant du mal à suivre des personnages qui évoluaient comme dans un théâtre d'ombres, impression accentuée par le fait que passé et présent se mélangent allégrement.



Je suis restée sourde à la beauté de ce roman initiatique auquel j'accorde un 12/20 car j'en reconnais tout de même les qualités d'écriture. Le sentier à gravir pour en découvrir toute la magie du sommet était sans doute trop escarpé pour moi...
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Le silence ne sera qu’un souvenir

D'une plume vibrante et absolument magnifique, Laurence Vilaine nous entraîne en même temps dans le peuple rom, sa fierté et ses souffrances, et dans une terrible histoire d'amour et de silences. Le vieux Miklus enfin parle de sa communauté installée sur la rive slovaque du Danube. Mais il parle aussi de rejet, de mépris, de violences inutiles et de musique. Le réalisme est parfois insoutenable.
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