Charlie n’écoute pas de musique. Elle en joue. Trois mois après notre emménagement, la chaîne hi-fi n’était pas recâblée et nos CD demeuraient empilés dans des cartons. Le détachement de la musique de loisir dont faisait preuve ma chérie constitua la première révélation de notre vie commune et, à l’entendre, son cas n’était pas isolé. Écouter semblait une affaire trop sérieuse pour s’accomplir distraitement en dégustant un whisky les deux pieds posés sur une table basse, en lavant la vaisselle, ou en repassant des chemises. Unique exception en ce qui concernait Charlie, je l’ai signalée : le hard rock. Mais il s’agissait plus d’une expérience de dépossession corporelle que de mélomanie.