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Laurent Chabin lit un extrait de Le canal de la peur
Composer des histoires, accumuler des pages de descriptions, de psychologie, de fins commentaires... Noircir du papier. Hélas!
La littérature n'est pas là, justement. Écrire un roman, ce n'est pas aligner des mots, des phrases, des pages. Au contraire! L'essentiel, c'est de savoir placer les points et les virgules. Les vides! Le plus dur est là : résister à la tentation de s'épancher, de trop remplir les blancs...
Le cerveau ne s’use que quand on ne s’en sert pas.
Contrairement à ce que pensent la plupart des gens, ce n’est pas le manque d’insuline qui est dangereux pour le diabétique et provoque le coma, puis la mort. C’est, au contraire, l’ excès d’insuline. C’est cette substance, nocive pour le cerveau, qui en bloque l’oxygénation et conduit à la mort.
Les histoires de momie, pour moi, c’était réservé aux films d’épouvante ou aux jeux vidéo. Comment une telle chose est-elle possible? Ne s’agirait-il pas d’un canular? Nous ne sommes pas le 1er avril, pourtant.
À force de lire des romans policiers, elle a voulu imaginer le sien, et le vivre par-dessus le marché ! Une espèce de don Quichotte de la littérature de mystère. . .

Nous voici donc repartis pour une nouvelle expédition. Avec, cette fois, Thomas qui prend les devants. Et il n'est pas peu fier! Elle est loin, l'époque du "pot de colle" dont je ne savais pas comment me débarrasser lorsque je sortais avec mes amis.
Mais il est clair qu'aujourd'hui, c'est lui qui a eu l'idée géniale qui nous permettrait de mettre les informations contenues dans le carnet entre les mains des enquêteurs de la police, et cela sans nous compromettre.
-Il suffit d'aller déposer ce carnet là où j'ai trouvé l'autre, et d'avertir ensuite la police au moyen d'un appel anonyme, a-t-il déclaré tout à l'heure, face à nos mines ahuries.
Patricia n'en revenait pas. Et moi, pas davantage. Ce gamin qui me tape sur les nerfs depuis qu'il sait marcher venait de nous tirer d'affaire là où nous ne savions plus par quel bout prendre le problème! Il a même ajouté, joignant le geste à la parole:
-Il faut bien l'essuyer pour ne pas laisser d'empreintes digitales.
-Il l'a ensuite saisi avec un mouchoir en papier, avant de le glisser dans sa poche.
-Un instant! s'est alors écriée Patricia. Ce serait plus prudent quand même d'en garder une copie pour nous. On ne sait jamais...
Aujourd’hui, c’est fini tout ça. Plus de fantômes dans mes nuits. Je ne crois plus à ces histoires. En lire, oui, tant qu’on voudra, toujours. En écrire, un jour, peut‑être, j’aimerais bien... Mais c’est tout. Je ne veux plus me laisser piéger par mes propres illusions. Tout ce que je veux, c’est qu’on me laisse tranquille...Je ne vois plus de monstres partout.

Quel idiot je fais là! Les agents m’ont repéré, bien sûr, et la voiture accélère, comme pour me prendre en chasse.
Emprunter la passerelle toute proche et passer de l’autre côté du canal, à Verdun? C’est absurde. J’ai tout du type qui n’a pas la conscience tranquille et les policiers ne me lâcheront pas, quitte à me poursuivre à pied. Autant renoncer tout de suite. D’autant que, même s’ils n’en ont en principe pas le droit, je sais qu’ils tirent parfois sur les fuyards.
Je m’immobilise donc et attends, nerveux. La voiture se gare lentement à quelques mètres de moi, près du trottoir. Les agents se méfient. Une vitre s’abaisse.
— Ne tentez pas de vous enfuir!
Oh non! Je ne vais rien tenter du tout.
Voyant que je ne bouge pas, les deux policiers descendent enfin de leur véhicule. L’un d’eux braque sa lampe sur moi. Le faisceau lumineux s’attarde sur la tache pourpre, bien visible sur mon T-shirt clair. Sans un mot, son collègue dégaine son arme de service et la pointe vers moi.
Sa voix claque dans la nuit, sèche, menaçante:
— Pas un geste!

Enfermé dans mon sous-sol, je ne sors pas de la journée. Je n’ai aucune raison d’aller dehors, il ne s’y passe rien. Jamais rien. C’est ça, Calgary. Du ciel bleu, de l’air frais et, dans mon quartier particulièrement, pas un bruit.
C’est bien pratique pour mon métier: au moins, on me fiche la paix. Tout ce qu’il me faut, je l’ai ici: du silence. Du grand air? Non, pas pour moi. La lumière m’indispose, elle me fait peur. J’ai besoin d’ombre. Les montagnes, je les trouve très jolies sur les cartes postales, mais je n’y mets pas les pieds.
Six mois d’hiver, pour moi, ça signifie six mois de réclusion. Six mois pendant lesquels le froid décourage les innombrables démarcheurs qui se mettent à pulluler au printemps et sonnent à ma porte au moins cinquante fois par semaine. Six mois de tranquillité, six mois de travail…
Et pourquoi est-ce que je sortirais, d’abord? Pas la peine. Je n’ai même pas eu besoin d’Internet, depuis des années je suis connecté en réseau avec des collègues dans tout l’Ouest. Des traducteurs, dont je corrige les textes en français.
Le problème, quand on approche de la mort, c’est qu’il n’y a plus rien pour s’en distraire, on ne pense plus qu’à ça.