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Biographie :

Né en 1966, Laurent Cohen est traducteur et essayiste. Après une adolescence plongée dans le punk, il découvre l'étude kabbalistique et l'exégèse biblique. Il vit désormais à Jérusalem, où il est journaliste.

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Citations et extraits (3) Ajouter une citation
Laurent Cohen (II)
Mon ami d ´enfance toujours fourrés ensembles je ne t ´ai jamais oublié je suis partie vivre à l ´étranger je t ai recherché pendant des années c est Natalie Mutzel ici ton ami d’enfance boulevard Beaumarchais j espère que ta sœur Nathalie va bien et tes parents contente que tu sois en vie Laurent
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Laurent Cohen (II)
Après l'enterrement, certains d’entre nous se rendirent au domicile de Wösul. C’était la première fois que j’y entrait. La vérité, c’est que, tout en sachant qu’il logeait là, je ne me l’étais jamais figuré dans son intimité, parmi ses éléments, désoeuvré, en pyjama, somnolant ou zappant sans intention précise. Je ne dis pas que son épicerie était son royaume, car elle n’était qu’un moyen, Soraya avait été très claire sur ce point,, elle n’était que l’instrument séculier de son destin, qui culminerait à son retour à Sfax. Mais Wosül était mort, et il était mort en chemin : c’était toute à la fois un cas de figure archibanal (des milliards d’individus sont morts en chemin) et un profond philosophème, qui avait fasciné les Anciens comme les Modernes, leur inspirant des aphorisme à gogo, des assertions abstruses, éminemment paradoxales. Kafka, par exemple, estime que le “vrai chemin passe par une corde qui n’est pas tendue en l’air mais presque au ras du sol ; elle paraît plus destinée à faire trébucher qu’à être parcourue”, pendant que les hassidim, qui n’ont pas froid aux yeux, apostrophent l’homme et lui disent : “Ne demande jamais ton chemin à qui le connaît tu risquerais de ne pas t’égarer”, ce à quoi Celan fait volontiers écho en écrivant “Tordu était le chemin que j’allais, tordu il était, oui, car oui il était droit”, tandis que Nietzsche déclare gaiement : “Je vais un chemin aussi tordu que possible”, et que Lao-Tseu, qui n’a pas de temps à perdre, se contente de laisser choir : “Le chemin de la lumière paraît obscur et le chemin du progrès, rétrograde”. C’était sans doute des pensées valables, mais ici, dans la maison du deuil, elles me parurent curieusement déplacées, et même inopérantes ; j’examinais les portraits du défunt, disposés un peu autour de nous ; Wosül adolescent, l’air grave, à côté d’une mosquée, Wosül le footballeur, en sueur, brandissant un trophée, Wosül en épicier, placide, vêtu d’un tablier, -chaque image racontait des choses très différentes. Soraya et d’autres filles servaient les plats préparés en de telles circonstance ; deux garçonnets entouraient la vieille pleureuse, chacun d’eux lui tenant une main, tandis qu’elle récitait très rapidement des invocations, peut-être même prophétisait-elle, annonçant que les temps étaient mûrs pour de grands châtiments, et les égrenait un à un, à l’instar d’une pythie consciencieuse, soucieuse de ne pas laisser se perdre une miette des grands malheurs qu’elle prédit.
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Le 3 juin, ne reculant devant aucun procédé sentimental - je fêtai mon départ d'Amsterdam sur une péniche ; le 5, je pris le train du soir pour Paris ; en l’attendant, j’eus encore plusieurs accès de crétinisme affectif, digne de cette marmelade du coeur que certains psychologues appellent “prénostalgique” ; dès lors, tout vint à moi dans un halo laiteux : le grand étalage de paumés et autres néogueux , le tapin express qui s’organise des quais aux lavabos, des clochards de de 25 ans velus comme des patriarches, flanqués de chiens crasseux, mal nourris et lunatiques. Ce sont eux les vrais propriétaires de Centraal Station d’Amsterdam, romantisais-je en mangeant du gouda ; eux qui tiennent l’accès à la cité, donc la cité elle-même. Etc. J’en étais à peu là quand un jeune lorsqu’un jeune homme vint se planter à ma droite, il jetait un coup d’oeil à sa montre toutes les dix secondes ; le pire c’est qu’à chaque fois il en était abasourdi et tenant à me le faire savoir par des promptes onomatopées. Comme s’il découvrait là, sur le cadran, qu’un bon millénaire venait juste de filer, ou que l’humanité inaugurait, à l’instant même, un âge radicalement nouveau. J’eus envie de lui demander l’heure -mais je n’en fis rien, car mon train entrait en gare, et, comme pour m’en aller dans un symbole, j’expédiai discrètement mes restes de gouda sous ses roues d’acier.
Sols, Laurent Cohen, p. 18.
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