Laurent Dujardin

Un soldat en plomb, un chapelet perdu ou une pendule écrasée apportent autant que la lecture d'un témoignage, même écrit à l'époque des faits. En 1953, Lucien Febvre, dans Combats pour l'histoire, écrivait: "L'histoire se fait avec des documents écrits, sans doute. Quand il y en a. Mais elle peut se faire, elle doit se faire avec toute l'ingéniosité que l'historien peut lui permettre d'utiliser... Donc avec des mots. Des signes. Des paysages et des tuiles. Des formes de champ et de mauvaises herbes. Des éclipses de Lune et des colliers d'attelage."

Ce dernier est blessé, Roger est encore vivant. Les secouristes alertés choisissent de l'emmener pour l'opérer au Bon-Sauveur. Malheureusement, il succombe à ses blessures. "Alors, Mme Mangnan, au paroxysme de la douleur, pousse un cri de douleur déchirant, sorti des profondeurs de tout son être... Dans cet univers souterrain écrasant, avec la guerre comme toile de fond, c'est terrible. Bien des années se sont écoulées; cependant, dans ma tête, je garde en mémoire ce cri qui témoigne de la torture du coeur d'une mère" (Louisette Berlinguez-Gimonnet)

Au total, 10 000 tonnes de bombes sont déversées sur la ville qui est détruite aux trois quarts. Sur les 60 000 habitants que compte l'agglomération, 2 000 trouvent la mort et 20 000, soit le tiers, ont la vie sauve en se réfugiant plus ou moins longtemps dans une carrière souterraine. Le martyre de la ville a semblé et semble encore à beaucoup injuste et inutile au vu du nombre de troupes ennemies stationnées à l'intérieur.