CHOUQUETTE D'OR N°23 - Là où vivent les loups - Laurent Guillaume
– Je le sais, mais je dois vous demander de ne pas diffuser cette photo.
Tanya prit le temps de réfléchir quelques instants.
– Ça va à l’encontre de ma règle à moi.
– Qui est ?
– L’inverse de la vôtre : informer les gens, quoi qu’il advienne. Les pires saloperies se cachent dans l’ombre des petits accommodements.
LÀ OÙ RÈGNE LA VIOLENCE, IL N’EST DE RECOURS QU’EN LA VIOLENCE ; LÀ OÙ SE TROUVENT LES HOMMES, SEULS LES HOMMES PEUVENT PORTER SECOURS.
Je jouis enfin, lâchant une giclée brûlante comme de la lave, un foutre que j'imaginais noir et gluant comme le pétrole. Samantha me fit son numéro, le bouquet final. Elle hurla de plaisir, les yeux révulsés et la perruque de travers.
Dans ces affaires, tout n'est qu’une question de rituel, une formalité.
« Éden et Neal pouvaient voir les mineurs creuser une terre jaunâtre et boueuse des dernières pluies dans un décor de cratères et de cicatrices béantes .
Des bulldozers et des pelleteuses grignotaient la jungle luxuriante , inexorablement .
Les mineurs faisaient passer la terre fangeuse au tamis sous la surveillance laxiste de gardes de sécurité armés de kalachnikovs .
Les armes automatiques , c’était nouveau.
Les sociétés minières avaient armé leur personnel … » .
L,homme a se choix: laisser entrer la lumière ou
garder les volets fermés.
Il était là, assis sur une chaise de camping, exposant son résidu grotesque d’humanité à la lumière impitoyable de la lampe torche. Il avait gonflé comme un ignoble Bibendum. On ne distinguait plus ses traits au milieu d’un amas de chair boursouflée qui virait au noirâtre. Il avait commencé à se répandre, des liquides épais avaient coulé jusqu’au sol pour féconder la terre polluée du terrain vague. Un nuage de grosses mouches bleues s’envola en vrombissant de colère. Mako recula pour échapper à l’infecte nuée. Kamel retint péniblement un hoquet qui venait de loin. Sophie était livide, elle essaya de respirer par la bouche. Se rendant compte qu’elle pouvait avaler un de ces infâmes insectes, elle posa la main sur la bouche. Les miasmes putrides soudain répandus dans l’atmosphère rendaient l’air irrespirable. Mako ricana en se bouchant le nez.
— Putain, il est faisandé celui-là.
Il flottait dans l'air épais un parfum de putréfaction, l'odeur grasse de la mort. Il avait beau savoir que tout cela n'était qu'une chimère, le produit onirique de son esprit esquinté, il ne pouvait se défaire de l'intime conviction que c'était réel, qu'elles lui faisaient passer un message. Il devait payer le prix du sang. Elles s'avancèrent vers lui, glissant silencieusement dans son esprit, les yeux étincelants comme des soleils.
La guerre permet à certains de faire la démonstration de leurs capacités à accomplir ce qui en temps de paix serait considéré comme un crime. Pendant la guerre on appelle cela de l’héroïsme, du patriotisme, en temps de paix, ça te vaut un séjour à Sing Sing.
Sur l’écran, un journaliste à l’accent savoyard épais comme un reblochon fermier interviewait un officier supérieur de la gendarmerie – un lieutenant-colonel d’après les galons. Un bandeau rouge déclarait : « Urgent : les évadés de Savoie demeurent introuvables. » Des photos de signalement judiciaire montraient deux types, l’un moustachu et l’autre barbu, avec des gueules de gibier de potence. Un métèque et un Blanc. Le galonné expliquait que les enquêteurs de la section de recherche de Chambéry avaient du nouveau dans la poursuite des deux évadés du centre pénitentiaire d’Aiton.
« Nous sommes sur une bonne piste. Nous aurons des éléments à vous communiquer sous peu. »
— Sous peu, répéta Monet avec un sourire mauvais. En gros t’as rien, tu patauges dans la semoule, Cruchot.
Voir les gendarmes tenus en échec par des fugitifs mit un peu de baume au cœur du policier.
Il s'était dirigé vers la douche, les yeux à moitié fermés, avec l'haleine lourde d'un sarcophage entrouvert.