Cela se passe dans la plus grande ville du monde connu. La Cité de la toge noire, la Ville aux mille fumées, donnez-lui le nom que vous voulez, vous y êtes déjà allé
et nous vous proposons d'y retourner, en compagnie de L.L. Kloetzer.
Qu'y a-t-il de plus amusant que discuter d'un roman, si ce n'est jouer dans l'univers dudit roman ? Fervents amateurs de jeux de rôle, Laure et Laurent Kloetzer feront jouer Nicolas Fructus (illustrateur au talent indicible) et Erwann Perchoc (n°1½ du Bélial') dans l'univers de Noon du soleil noir, partie à laquelle nous vous convions.
Ce sera en direct, ce sera probablement un rien expérimental, et, nous l'espérons, amusant ;-)
https://www.belial.fr/l-l-kloetzer/noon-du-soleil-noir
Illustration : Nicolas Fructus
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Qu’elle qu’ait été sa nature, j’ai aimé ce garçon. Je l’ai aimé non comme on aime parfois un enfant ou comme on aime un homme, je l’ai aimé pour lui-même. J’ai eu envie de le protéger, de le soutenir, de le croire. De le suivre. Les récits de Wissam et de Mehdi étaient clairs, sans lui ils n’auraient jamais parcouru la route, jamais fait ce chemin. Sans son charisme, sans le regard toujours aimable qu’il portait sur le monde et cet espoir qu’il tenait par dessus tout que les choses allaient s’améliorer…
Ils traversèrent Dvern figée en sa gangue de pierre, déserte et abandonnée à leur volonté. Nerio se sentait la force de devenir le maître de ce navire de roc, il se sentait la force d'affronter les fantômes et les dieux enfouis de cette cité millénaire. En cette nuit de tempête, la ville laissait apercevoir sa véritable nature, lavée de ses dorures et de ses fanfreluches atlanes... Elle apparaissait telle qu'elle était, une cité cruelle et sanglante, vénérée jusqu'à la mort, destinée à régner !
Il s'est campé, jambes écartés, au milieu du toit et il a déployé le drapeau de notre Union soviétique, le grand étendard rouge de la révolution prolétarienne. Nous étions une expédition de quatre tracteurs géants, nous venions de parcourir 1 400 kilomètres et nous arrivions après trois semaines de voyage, portant le carburant, la nourriture, la chaleur, j'avais le coeur fier pour l'équipe, pour notre grand pays.
Une cité d’esclaves, de marionnettes et de fous. L’Amance, la drogue des rêves, malgré le danger, il fallait qu’il essaye, pour s’échapper, du monde et de lui-même. Le rêve, à sa portée, ses rêves sous son contrôle… Il laisserait bien volontiers ses journées à Jaël de Kherdan, s’il pouvait rêver à volonté pendant ses nuits !
《Que veux-tu faire, maintenant?
- Vivre. Juste vivre.》
Elle avait raison… Jaël de Kherdan n’était jamais coupable de rien, même quand lui, Jaël l’était. Jaël de Kherdan n’avait pas déshonoré Sara… Il était parfaitement possible qu’il ait tué Livar Mordien dans un geste de colère, qu’il n’y ait jamais eu le moindre spadassin, pas même d’insultes de la part de l’imprimeur… Et qu’ensuite, en écrivant… Non. Jaël préféra continuer à lire.
Vostok est un promontoire. Ton frère et ses copains voient nos cabanes pourries et les vieilles machines soviétiques, et le froid, et le vent, mais toi tu sais que c'est un lieu tout au bout du monde et que rien n'y est comme ailleurs.
(Vassili à Leo)

Juan dit : "Irvin et moi cherchons un trésor. Une pierre précieuse. Une clef enchantée. Là dedans."
Il désigne les machines. Leo les examine. Des consoles modernes. Un autre, plus ancienne, épaisse, les bords renforcés, la coque avec une sorte de métal rayé. Irvin travaille dessus, il laisse avec réticence Leo en regarder l'écran. Des textes incompréhensibles défilent, comme si les entrailles du système étaient mises à nu, elle n'y comprend rien.
"Une clef pour quoi faire ?"
- Pour ouvrir le Vault des Andins.
Ouvrir le Vault des Andins. Elle croit à une blague, attend le rire moqueur, qui ne vient pas. Juan se tient debout, les mains dans le dos, elle l'a déjà vu ainsi, quand il reçoit une nouvelle recrue. Le regard tranchant, jugeant chaque attitude, chaque réaction. Mais elle est sa soeur, pas un tueur à son service, elle ne fait pas partie de sa bande, merci.
Irvin crache : "Tu as compris ce qu'il disait ou il faut te le redire lentement ?"
- ça va, oui.
La vie de la base dépend de la centrale électrique. Un bâtiment à l'écart contenant deux moteurs diesel qui tournent en permanence pour générer le courant dont nous avons besoin. Il s'agissait à l'origine de moteurs de bateau, robustes et et fiables, installés séparément des lieux de vie. Ils sont le coeur battant de la base, source de lumière et de chaleur, objet des soins constants d'Anatoli Kouprine, chef électromécanicien lors de mon deuxième hivernage. La cause du départ de feu n'a jamais pu être déterminée : un court-circuit, un fût d'essence mal refermé diffusant ses vapeurs dans un espace confiné, une étincelle... La négligence, la malchance.
(Extrait du livre "La base du bout du monde" par Veronika Lipenkova).
Il regarde les fantassins hagards et voit les Compagnons, les cavaliers de la première heure, les plus keltes des Keltes, ceux qui se battent torse nu en hurlant, le visage et la poitrine tatoués des marques de la déesse. Il voit ces hommes avachis par les langueurs de l'Orient. Ils ont vaincu, ils ont conquis, oui, mais où sont leurs conquêtes? Où sont ces royaumes qu'ils ont écrasés sous leur botte, où sont ces terres dont ils ont renversé les armées dans un grand élan furieux? Pour eux, elles ne sont pas plus qu'un rêve... Des cités d'or et de vieilles pierres perdues dans les brumes de l'autre monde, colonnes de temples, bois précieux et soieries... Tout cela est si loin d'eux... Juste un rêve oui, dans les yeux de leur roi (...)