Laurent Marzec

Mon saut de l'ange est un modèle du genre, parfait.

Le bout de mes doigts soudés touche les rides de l'eau, puis pénétre en étrave pour protéger ma tête. La différence de température saisit mon corps, gorgé de chaleur depuis des heures.

A ce moment, je "casse" et cherche la courbure maximale pour faire plier mon dos. Trop tard. La poche de profondeur était 1 mètre plus loin. Comment ai-je pu ne pas me rappeler, puis ne pas voir dans une eau si transparente, que je plongeais dans 50 centimètres ? Comment ai-je pu si mal calculer mon saut ? Mes doigts s'enfoncent dans le sable. Mes bras plient. Ma tête ploie sous le poids et la vitesse conjugués, heurtant violemment la surface.

Je m'ecrase en boule, le menton contre les clavicules. Craquement sec. Déchirement au niveau de la nuque. Décharge électrique soudaine qui irradie mon corps de part en part, comme si j'avais mis les doigts dans une prise de courant. Elle part du cou vers l'extrémité des membres. Puis une sensation diffuse suit... Je suis engourdi.

Tout vacille. Curieusement, je ne suis pas évanoui.