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Citation de Wyoming


Et alors simplement parce que le jour décline, que le soleil est moins brûlant, les faces rocheuses se piquant d'ombres déjà moins fortes et de coupures moins abruptes, dessinant des lignes, des nuances, des reflets mauves et jaunâtres de fin de jour, le crépuscule allant baigner d'un flou grisé l'horizon et les montagnes, le ciel et les plaines en contrebas, alors on se lance à corps perdu, le corps penché sur le cou du cheval, le nez et la bouche en prise avec la crinière et les mains refermées sur les touffes de crin, les jambes plaquées contre les flancs qui s'agitent et les muscles qui roulent et les chevaux comprennent et s'élancent en fendant le vent -- le frappant comme s'il était un champ de maïs trop haut qui en retour fouette le visage --, la sueur coulant dans le dos et glissant dans les cheveux, sur le front, aveuglant les yeux, ruisselant sur la poitrine, la sueur et la fatigue, l'humus de l'odeur humaine, salée, âcre, qui se mêle à celle des chevaux, la crinière et la poussière qui dégagent cette chaleur et cette chaleur de l'animal et les vibrations de son corps, sa vitesse, sa fougue et sa force qui résonnent dans les bruits des sabots et des fers -- claquement, martèlement, roulement sec frappé, rythmé, toujours avec le même son syncopé plus ou moins rapide, plus ou moins fort, jamais défaillant, d'une exactitude multipliée par chaque cheval lorsqu'il s'élance comme l'écho de l'autre, avec la même précision, les chevaux libérant toute leur énergie et cette puissance prête à jaillir alors qu'on la croit à sa limite -- mais non, après une journée où ils avaient grimpé, trotté, où ils s'étaient arrêtés des heures à ne rien faire qu'à brûler au soleil, à brouter quand l'herbe était grasse, ça repart, un coup de talon, un geste électrisant tout le corps, les chevaux partageant l'excitation aussi entre eux, le défi devient le leur, ça dure ce que ça dure, c'est court, quelques centaines de mètres avant de retomber, de s'essouffler, de se calmer, humains et chevaux, de se dire que c'est fini, ça finit, on finit par s'arrêter, oui -- et même ça est difficile : souffler, retrouver son rythme, sa respiration.
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