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Citation de Sodapop_Curtis


Revenons une dernière fois sur les ressorts profonds du ou des types de viols collectifs qui semblent dominer en quantité, du moins dans les grandes agglomérations, à savoir ceux qui mettent en scène des groupes de jeunes hommes habitant les quartiers populaires. Cette forme de violence sexuelle exercée par de jeunes hommes envers de jeunes femmes ne doit rien à la "culture d'origine" de ces personnes, encore moins à une religion dont ils sont au contraire très éloignés. Le contresens constamment opéré dans le débat public, par des commentateurs de l'islam qui ignorent à peu près tout de la réalité des pratiques religieuses, est ici total. En effet, les chercheurs et les professionnels de terrain constatent depuis plusieurs années que la conversion à un islam réellement pratiqué, loin d'être un facteur de violence, est au contraire un moyen efficace pour sortir des pratiques délinquantes : d'une part, cette conversion suppose l'adoption d'un mode de vie structuré et structurant, d'autre part, elle offre un cadre identitaire et revalorisant s'agissant de jeunes hommes qui cachaient derrière leurs attitudes provocatrices et supérieures des fragilités narcissiques importantes liées à leurs multiples échecs depuis l'enfance.
L'idée d'une culture maghrébine et d'une religion musulmane qui prédisposeraient à la violence envers les femmes constitue donc un grossier préjugé ethnocentrique (consistant comme toujours à considérer l'autre comme un barbare) et un argument de lutte politique malhonnête (consistant à prétendre que les hommes d'origine maghrébine ou africaine violentent particulièrement leurs femmes, pensant ainsi promouvoir l'émancipation de ces dernières). Loin de ces idées reçues, nous avons vu que la pratique des viols collectifs dans les quartiers pauvres des grandes agglomérations doit se comprendre à travers l'analyse des groupes de pairs ou des bandes de jeunes et de leurs systèmes de normes propres : c'est parce que le virilisme compensant la marginalisation sociale des jeunes hommes ainsi que les mécanismes de formation des bandes jouent beaucoup plus dans ces quartiers que les viols collectifs y sont plus nombreux. La preuve en est que, à des époques et dans des populations différentes, des mécanismes similaires ont produit des comportements similaires.
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