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Citation de Adan


« Il y a un truc qui m'intrique chez toi, reprit le retraité. Tu n'as pas peur de ce qui se passe ? C'est comme si tu n'avais pas l'air concerné. Comme si tu connaissais déjà la fin de l'histoire. »
Pol Pot aiguisa son plus beau sourire.
« Je suis que pour vous, les Blancs, notre sagesse ressemble à de la folie. »
Le regard du colonel l'encourageait à développer. L'encens lui piquait les yeux et les flammes ronflaient dans la vieille cuisinière. Il était un peu plus de minuit.
« Pourquoi devrais-je avoir peur ? Je n'ai pas d'enfant et je n'ai pas besoin de vivre parce que les miens ont fait mille millions d'enfants. Personne ne peut rien contre cette quantité. Je ne suis qu'une brique dans un mur, une maille de tapisserie, et moi mort mes descendant seront encore là. C'est pour ça que je n'ai pas peur. Vous, les Blancs, devriez avoir peur. Mais vous êtes fous, alors… Vous êtes vieux et ne faites plus d'enfants. »
[…]
« Vous croyez que cette arme qui vous aide à mieux dormir va vous sauver, mais moi je ne le crois pas. Si les vôtres ne sont plus là, vous ne serez pas sauvés. Une république n'a d'avenir que les enfants de ses femmes. Vous les Blancs tirez votre gloire de vos idées. Vous en oubliez de vivre, et vos idées vont vous tuer. Et vous brûlez ceux qui vous en avertissent. Le mélange dont l'idée vous rend si fiers empoisonne votre peuple, et va vous anéantir. Vous allez disparaître, vous dissoudre dans ce que vous êtes, dans ces autres que vous croyez sauver… Votre race est orgueil, elle porte sa mort. Dans ses entrailles technologiques, dans le gouvernail de ses idées. Elle est ce navire titanesques qui qui défie nature et dieux, puis sombre et se perd à jamais. »
[…]
« Je crois que l'Occident hurle et s'agite vainement, comme un nourrisson abandonné sur le rivage avant la marée. Et nous dans mille ans serons toujours là. Nous aurons vu comme le sage les cadavres de nos ennemis passer. Tôt ou tard, tout se dissoudra dans notre nombre et notre unité. Alors peut-être que demain vos soldats viendront encore vous sauver, que vos médecins et vos marchands adouciront la fin de votre vie. Mais au fond, je crois que votre race est finie. Déprimée par sa frénésie, étouffée par sa supériorité. Vous n'avez plus les armes pour cette vie, et peu à peu vous y renoncerez. »
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