Chacun porte avec soi, dans ses traits et dans sa démarche, tout ce qu'il est, les ouvrières leur misère, les employés leur ambition, les patrons le sentiment de leur importance, les gueules cassées l'horreur de la guerre.
Elle n'aura aucune descendance, et ce sera mieux ainsi.
Chauve, tatoué et visiblement adepte de séances de musculation intensive, il ressemble à un candidat d'émission de téléréalité et à tous ces gars que l'on invite à parler vite et fort de n'importe quel sujet, cette horde de panels représentatifs, de témoins, de victimes, de people, capables d'aligner les clichés les plus débiles sur un ton qui pourrait faire croire qu'ils viennent de découvrir la théorie de la gravitation universelle.
Cette envie naissante qui vous remue au-dedans, vous la saluez comme une vieille, une très vieille amie. Avec elle, c'est sûr que vous irez loin, là où seuls les sages et les fous osent s'aventurer.
Devenue neurologue, elle décida de lutter contre la plus grande des inégalités : celle de l’intelligence.
Le capitalisme a triomphé, non par le glaive et le feu mais en prenant racine dans l'endroit où il est le plus difficile à combattre : à l'intérieur de nos corps, de nos cerveaux, de notre désir éperdu de confort.
Il restait sur ses gardes, considérant avec un mélange de désir et de méfiance cette belle jeune femme qui s'était si mystérieusement intéressée à lui.
… qu’est-ce que je fiche ici, entouré de tous ces fous authentiques, pourquoi ne font-ils participer à leur comité stratégique, je n’ai même pas fini ma période d’essai, tant mieux, je peux partir sans donner de préavis, il est peut-être encore temps de le faire, je savais que le monde de l’entreprise était dur mais à ce point, quand je vois cet empilement d’insatisfactions, de souffrances, de ressentiment et de volonté de puissance ubuesque j’ai envie de prendre mes jambes à mon cou, partir pour ne plus jamais revenir, je suis venu ici pour manager des équipes, pas pour licencier des salariés que je ne connais même pas, c’est pourtant la seule chose qui les intéresse, alléger la masse salariale, diminuer les charges, ils n’ont que ce mot à la bouche,…
nous t'avons fixé des objectifs, il te reste un semestre pour les atteindre, ou, mieux, les dépasser, pour le moment tu en es encore loin, il n'est que temps de passer à la vitesse supérieure, aïe, mes intestins, je lui sortirai alors le bon vieux coup du dégraissage, l'arme suprême du financier aux abois, le joker absolu, alléger la masse salariale, lâcher du lest pour compenser la morosité du marché et retrouver une bonne marge opérationnelle, oh, rien de bien méchant, trente pour cent des effectifs d'ici la fin de l'année, à raison de huit ou neuf licenciements par mois pendant six mois pour éviter le plan de sauvegarde de l'emploi, ni vu ni connu, ah en voilà une idée qu'elle est bonne, de quoi tranquilliser mes pauvres intestins
Mais il faudra attendre le XXe siècle pour comprendre qu’il suffit d’un simple dérèglement biochimique, d’un minuscule dysfonctionnement de telle protéine, d’une infinitésimale carence de telle molécule, pour que la vie ne vaille pas la peine d’être vécue.