SONNET
Ton col surgit du sein comme une tour d’ivoire,
Jeune homme ! Les anneaux sombres de tes cheveux
Flottent sur sa pâleur, liquides et plus bleus
Que la Nuit aux yeux d’or en sa robe de moire.
Sous le maigre habit noir, tes flancs purs et nerveux
Des marbres consacrés éternisent la gloire,
Et ta bouche sanglante est le tiède ciboire
Où revit la senteur des chrêmes fabuleux.
Ton beau corps cependant, aux lignes cadencées,
Jamais n’assouvira l’amour des fiancées ;
Tes larges yeux, pareils aux gouttes de la mer,
Ne descendront jamais de leurs ciels poétiques
Où rêve dans le chœur des éphèbes antiques
Narcisse, l’enfant blond qui mourut de s’aimer.