Romantique ou pas
nunuche ou pas
chialeuse ou pas
idéaliste ou pas
réaliste ou pas
optimiste ou pas
iste ou pas iste
« Tu ne comptais quand même pas rester à traîner tout l’été en ville avec tes amis lâche-nous» (prononcer le dernier mot avec une pointe de dégoût à peine déguisée). Voilà comment et pourquoi je m’étais retrouvé dans cet avion. Ah, non, j’oubliais aussi le fameux coup final, le truc qui achèverait n’importe qui de sensé : « Voir du pays ne te fera pas de mal. Et tu as ta famille, tes origines là-bas, ne l’oublie pas! » Bien sûr, la famille, dans le genre l’ex-beau-frère de mon arrière-tante par alliance! Génial! Fantastique! J’avais une de ces hâtes d’arriver! Vous pouvez l’imaginer... Et côté origines? Tu m’en diras tant! Made in France par ma mère, vaguement Italien par mes ancêtres paternels et Québécois d’adoption! Vous voyez le topo?
Le regard perdu dans la masse nuageuse, mes yeux suivaient machinalement la frange éclatante qui bordait les nuages, abrupte comme une falaise, laissant parfois transparaître, bien plus bas, le ruban bleu du fleuve à travers le hublot. Hier j’avais eu seize ans, et hier je ne savais pas encore ce qui m’attendait, ce qui venait vers moi à pas de loup – c’est le cas de le dire – pensant comme vous tous que les catastrophes n’arrivaient qu’aux autres et que certaines tragédies n’étaient destinées qu’aux acteurs ratés. Et pourtant...