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4.27/5 (sur 11 notes)

Nationalité : France
Biographie :

Professeur agrégé d’anglais dans le secondaire puis dans l’enseignement supérieur, Lauric Henneton obtient en 2006 un doctorat de civilisation anglo-américaine. Il est maître de conférences à l'Université de Versailles Saint-Quentin-en-Yvelines, au sein de l’Institut d’Etudes culturelles. Il est Membre du Laboratoire ESR (Etats, société, religion), co-fondateur - avec Susanne Lachenicht de l’Université de Bayreuth - de la Summer Academy of Atlantic History (SAAH), coordinateur du Groupe de Recherches sur l'Espace Atlantique Moderne (GREAM) et fondateur et administrateur de l'Observatoire Socio-Politique du Monde Anglophone (OSPOMA). Il est vice-président du REDEHJA (Réseau pour le Développement européen de l’histoire de la jeune Amérique). Il s’intéresse particulièrement à la géopolitique du monde Atlantique à l’époque moderne, aux liens entre histoire, mémoire et identité et au rôle de la peur dans l’histoire. Il est l’auteur de nombreux articles, communications et a participé à des ouvrages collectifs, notamment sur l'Amérique coloniale, l'histoire atlantique et la politique américaine contemporaine.
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Source : France Inter
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Citations et extraits (25) Voir plus Ajouter une citation
Les Américains sont partagés entre deux émotions contradictoires mais indissociables : l'optimisme (certitude de la grandeur comme volonté de Dieu) et la peur (être empêchés dans la réalisation de cette grandeur).
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Nous avons tenu enfin à prêter une attention particulière à la question du millénarisme, ou plutôt des millénarismes. Non pas dans un sens hollywoodien, spectaculaire et caricatural, mais en gardant à l'esprit une évidence : en plus de l'espérance du retour du Christ (ou parousie) et de la vie éternelle, qui donne une direction au christianisme, le canon biblique se clôt par le livre de l'Apocalypse, par la bataille d'Armageddon entre les forces du Bien et celles du Mal, la promesse du triomphe du Prince des armées sur les légions de Satan, et l'avénement de la Nouvelle Jérusalem et du règne du Christ pendant mille ans -le millénium. L'emploi de millénarismes au pluriel permet de distinguer le prémillénarisme, pessimiste quant à l'action humaine et qui postule une destruction imminente précédant la parousie, et le postmillénarisme, optimiste, qui croit au progrès de la condition humaine par la réforme sociale, notamment, par laquelle l'homme peut construire le Royaume de Dieu sur terre, préalablement au retour du Christ -une séquence millénium-parousie qui explique le post de postmillénarisme. Cette distinction pris tout son sens au XIXe siècle, comme nous le verrons à partir du chapitre 7, puis à travers des échos ultérieurs, en apportant deux rapports au monde radicalment différents. c'est ce qui explique notamment l'abîme entre modernistes et fondamentalistes, puis entre les incarnations successives de la droite chrétienne (religious right) et des libéraux et progressistes qu'ils considèrent toujours comme de diaboliques "humanistes séculiers" et qu'ils accusent de vouloir déchristianiser -donc de dénaturer -des Etats-Unis, selon eux profondément et intrinsèquement chrétiens, ou pour le moins religieux.
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Parler d'une société fondée sur des églises implique une réflexion sur la place en son sein du pouvoir civil -du magistrat, comme on disait à l'époque (dans un sens plus large que le seul judiciaire). Voilà qui amène donc à la question si souvent mal posée de la théocratie, une question ecclésiologique, certes, mais aussi et peut-être surtout politique et sociétale. Le projet de société puritaine entrepris en Nouvelle-Angleterre, contrairement à ceux tentés en Angleterre reposait sur l'homogénéité d'une population transplantée et donc passée au tamis d'une traversée transatlantique aussi longue et pénible qu'onéreuse et exigeante. Cette homogénéité, plutôt que cette pureté, il allait falloir s'employer à la préserver en mettant en place, de manière progressive et pragmatique, des mesures de filtrage. En d'autres termes, une société authentiquement puritaine, pour perdurer, se devait d'être exclusiviste ou intolérante pour se prémunir de toute forme de pluralisme ou d'hétérogénéité, d'altérité, qui pouvait corrompre non pas tant sa pureté que son homogénéité.
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Toutes les colonies anglaises, à l'exception du Maryland, furent fondées par des protestants anglais. Leur protestantisme militant et son corollaire farouchement anticatholique constituèrent un puissant ciment identitaire, de la même façon qu'ils l'avaient été dans l'Angleterre des Tudor, puis des Stuart. Puis suivirent des apports de populations non anglaises mais toujours protestantes (écossaises, allemandes, néerlandaises, françaises, voire scandianaves), qui s'efforcèrent de préserver leur identité européenne avec plus ou moins de succès. Le préjugé anticatholique a été si longtemps et si solidement ancré que, jusqu'à nos jours, un seul candidat catholique a été élu à la Maison Blanche -John F.Kennedy. A présent, paradoxalement, les catholiques, qui représentent un quart de la population, sont une cible électorale particulièrement convoitée.
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L'influence directe de Luther et du luthéranisme sur le protestantisme anglophone est très brève; elle sera en réalité plus importante dans les siècles suivants, à la suite de l'immigration de nombreux Allemands dans les colonies américaines au XVIIIe siècle, puis de Scandinaves au XIXe. On peut résumer la Réforme protestante en trois axiomes : la grâce seule, la foi seule et l'Ecriture seule -sola gratia, sola fide, sola scriptura. Ce sont les trois grands piliers qui soutiennent le temple de l'ordo salutis protestant, qui jalonnent la voie du salut, car c'est bien la question du salut et des moyens de l'obtenir qui est au centre de tous les débats, toutes les querelles, toutes les polémiques.
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La grâce seule, ou sola gratia : Luther était torturé par une question existentielle : comment l'Homme pécheur pouvait-il se tenir debout devant Dieu ? Il en vint à penser que la réponse ne pouvait se trouver que dans le don gratuit de la grâce salvatrice par Dieu, par amour pour sa création, et non dans les oeuvres humaines, qui perdaient ainsi son rôle dans l'ordo salutis. Contrairement à ce qu'affirme le dogme catholique, l'Homme ne peut rien faire pour son salut, Dieu seul le peut en lui donnant la grâce.
Le foi seule, ou sola fide : l'Homme, toujours pécheur mais justifié par la grâce, reçoit par le Saint-Esprit la foi, lien intime qui unit l'Homme et Jésus-Christ. A nouveau, il s'agit d'un don gratuit de Dieu, auquel l'Homme ne peut rien. Les (bonnes) oeuvres sont à la portée de tout un chacun : (...). La foi n'est pas un acte de volonté, elle ne se commande pas, elle est un don de Dieu.
L'Ecriture seule, ou sola scriptura : les réformateurs du XVIe siècle ne sont pas les premiers à poser la primauté de l'Ecriture puisque c'est une revendication que l'on trouve déjà chez Wycliffe. Cependant, deux nouveaux paramètres changent irrémédiablement la donne : la révolution épistémologique que constitue l'humanisme chrétien, et la révolution technologique de l'imprimerie. La fonction de l'Eglise, et donc du pasteur, est de prêcher la Parole et d'administrer les sacrements, mais débarrassés de tout soupçon d'idolâtrie ou de paganisme : seul le baptême et l'eucharistie subsistent parce qu'ils ont une origine scriptuaire.
Cette rationalisation du nombre des sacrements ouvrira la porte, le moment venu, à des interprétations divergentes qui seront à l'origine de scissions. Ainsi, le courant (...) baptiste s'oppose au baptême des enfants : l'entrée dans l'Eglise doit être un acte conscient et volontaire, un acte de foi, réservé aux adultes consentants.
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Certes, le 13éme amendement (1865) affranchit tous les esclaves, qui deviendront des citoyens (1868) avec le droit de vote (1870), mais ces droits sont inapplicables en pratique. Le Sud, occupé militairement pendant douze ans, repasse progressivement sous le contrôle des Démocrates. Les progrès sont minces : à l'esclavage succède la ségrégation.
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Malgré la surreprésentation d'athées et d'agnostiques au sein du Parti démocrate et dans le monde universitaire, les Etats-Unis semblent être un îlot de religiosité dans un Occident largement déchristianisé, au moins sécularisé. (...)
Aux Etats-Unis, comme l'a récemment montré Denis Lacorne, deux conceptions de l'histoire s'affrontent : l'une héritée de la période coloniale et de la poussée évangélique du XIXe siècle, qui se représente le pays comme une "nation chrétienne" par essence ; l'autre dérivée des Lumières, rationaliste, pour laquelle la religion n'a pas sa place dans l'espace public. Ces deux interprétations antagonistes de l'identité américaine et les héritages sur lesquelles elles s'appuient montrent la pertinence d'une exploration de l'histoire des phénomènes religieux aux Etats-Unis depuis les fondations coloniales.
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Autre grand principe du protestantisme : à Dieu seul la Gloire, soli Deo gloria. c'est l'affirmation d'un Dieu Un, d'une absolue transcendance et puissance. Dieu seul, sans aucun médiateur que le Fils Jésus-Christ. Dieu peut tout et l'homme ne peut rien par lui-même. A lui seul revient la Gloire, à lui seul le salut de l'homme. Voilà qui revient à mettre sur la touche, à court-circuiter l'Eglise médiévale, médiatrice entre Dieu et l'Homme. C'est à la fois une profonde remise en cause du rôle de l'Eglise-institution, du pouvoir des papes, rabaissés au rang de simples "évêques de Rome", du pouvoir des conciles, et une redéfinition non moins considérable du rôle du prêtre, qui devient pasteur, ministre de la Parole, de l'Ecriture sainte, de la Bible, dont les réformateurs estimaient qu'elle était intelligible à tout fidèle.
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Vouloir établir une distinction entre la sphère séculière (le monde) et la sphère religieuse serait aussi fallacieux que réducteur. Plus souvent qu'on l'imaginerait de prime abord, le monde fut (et est toujours) pleinement mis au service de la promotion de la religion, promotion au sens commercial, notamment, (...).
Cette promotion de la religion , c'est l'évangélisme, phénomène qui transforma radicalement l'expérience religieuse américaine, notamment à travers les réveils (awakenings), qui ont contribué à marginaliser la doctrine, si centrale au XVIIe siècle, au profit de l'émotion, de l'expérience sensible de la grâce et de la conversion, cette "nouvelle naissance" en Christ qui produit des chrétiens "régénérés" (born again), de nos jours plus que jamais.
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