D’autres regardent inlassablement de vieilles photographies en noir et blanc. À force de les fixer, ils se souviennent des nuances. Puis l’image s’anime au fond de leur rétine. Ils retrouvent les crissements des roues sur les rails, le vent dans les arbres, sur les blés dans les champs immenses et dorés, l’écoulement régulier de la fontaine, les pas dans la boue, le café corsé que le barman jette dans le percolateur qui écrase le grain en petite poudre, infime.
C’est la seule chose qu’on ne peut pas nous prendre. La pensée. Les images nous appartiennent. On dit que même ceux qui sont victimes de maladies dégénératives oublient d’abord les souvenirs récents. La mémoire retient les plus précieux.