Citations de Laurine Rousselet (19)
fibres doigts mains unies quatre…
fibres doigts mains unies quatre
la vie jaillit et précise l’inconnu
signes et gestes qui appuient
la table soupire puis s’immobilise
les années à crire
la langue a minuit
pénètrent des notes de passage
endormies enroulées s’affairant
bouche ouverte l’aventure dit
l’étrangeté s’évanouit en gravant
sentiments voyageurs
lèvres baisant
la légèreté contemple
l’attention au présent illumine
FRANCHIR LA PORTE…
Extrait 3
éprouver forces opposées
quand l’œil se dégage de l’encrier
pour rapidement replonger
quarante et un ans carillonnent
à la fréquence d’un trait par brassage
assis à la table le sens
désir crâne doigt coïncidence
le danger dans la vision de l’enjambée
l’absence souffre de résidus
d’odeurs repêchées sur la rade
intense avalée de lumière blanche
le galop vers l’explosion
l’infirmité au-dessus du manifeste
lundi couvre noyade
l’écriture minuscule se gonfle
de petits signes tourbillonnent
s’avancent à vide dans le soir
L’instant rivalise avec l’attente…
l’instant rivalise avec l’attente
l’halètement de la lumière
par son air absent obsède
l’amour ne tarit pas de brûlures
la fouille au corps est
la trahison du vivant
maintenant la bouche engloutit loin
l'abandon ne parle pas
toujours l'absence dort
ouvrir le corps
la flambée
j'écrase oubli comme soleil brûle
des lèvres passent
la fatigue gèle les doigts
le silence se dilate
demain enfonce profond
la découpe du ciel
LE CONCRET S’AVANCE AU CREUX DE LA MAIN…
le concret s’avance au creux de la main
un pan du passé m’est perdu
la mémoire a ses départs
ses coups de pied et famines
il y a magie si dans l’énormité du jour
la perte saisit la lettre pour l’obliger à vivre
au milieu des touffes d’herbe
je vois racines desséchées
soupçons de bulbes
conflits prêts à gonfler
la bataille reste de crire sur fond blanc
la femme est nue
la femme est vue
décamper pour raccourcir l'horizon
l'absence ne craint pas l'attente
le danger flambe
tonne la beauté
les secondes s'extasient en plaisirs acérés
l'irrigation bombe
la solitude approche
six heures du matin
baiser poudroie
le corps veut vivre
de désir le corps veut
assécher le sens du vrai du faux
marquer la peau par le livre
partir
boucler le soir
le pot de terre sur ma table attend
la lune ne vient pas
les poussières comme autant de résonances
le désir défile
blanc
EN HAUT DU TEMPLE…
Extrait 2
trouver la trappe
la pesée du secret
qui sort de l’ombre pour coucher avec elle ?
la bouche s’habitue à la clarté
les révolutions dans le monde
le silence secoué hurle
écouter la vérité du cœur
qui ne dit rien d’autre que son pas
EN HAUT DU TEMPLE…
Extrait 1
en haut du temple
l’aveu de lumière
le tôt de l’espérance
les pieds agrippés au ciel
le soleil indivisible gagne l’amour
la lutte est dans le goût de sel
les racines dans la permanence
la vie
ses pétales
au sein l’enfant boit
…
LA DÉBACLE VIENT DU RÉEL…
Extrait 2
l’agitation vient du futur que le temps ne verra pas
être une autorité dit quoi ?
qu’écrire disparaît à mesure de présence arrachée
qu’écrire dévore la borne même le fait
seize heures dix-huit
les cellules suffoquent devant la fenêtre ouverte
LA DÉBACLE VIENT DU RÉEL…
Extrait 1
la débâcle vient du réel
aujourd’hui prouve la limite
les volets fermés avouent toucher le drame
l’enjeu ne vient ni du ciel ni de la terre
à peine le hasard de la naissance ose coucher
clairement vivre appelle à flamber
l’impraticable cherche la clé dans l’argile
obligeant les mains à échanger
les forces vives avec des mots
…
FRANCHIR LA PORTE…
Extrait 2
remplir présent
impose au cœur de se fixer
s’enfler de la mort pour ouvrir chemin
les marches rouges pour nous enraciner
attendre soir d’été
l’avancée dans le corps toujours
pour balayer secrets
l’horreur te quitte, le temps d’une virgule
délire de l’immensité pulvérisant l’espoir
à l’intérieur ruine balance
transport dévoration les yeux roulent
se perdre dans la vitesse s’ancrer
horizon avalé pliure tremblement
claquement d’eau déformation
à l’assaut de l’océan le silence éclate
…
FRANCHIR LA PORTE…
Extrait 1
franchir la porte stupéfaction
l’odeur du désir collé à nos bouches
bloquer le thorax démesurément
fenêtre sombre
plein soleil se cache
s’entendre griffonner strier
déborder du rectangle de la pièce
nos embardées pour nous quitter plus
vrombissements impulsions précisions
s’accoupler fouetter galoper
le corps passionnément
dans un soulagement partagé
additionne le trouble à l’insensé
chargées de nos manques
les cuisses même y répondent
l’intensité explose aux flancs
sur ta peau des lettres de passage
accidents ailes foudroiements
ruine balance
qui dira quel est son sens ?
...
l’hiver est un rempart aux larmes
le froid écoute la solitude
les mitaines entourent le dénuement
mes vacillations de la faim
marcher les mots dans la bouche
les retourner
le désir en son centre
s’évertuer à résister
libérer poème
éclatant
l’hiver s’emploie à rechercher la présence
il connaît le chemin qui remonte du loin
repart et court après faim
les rêves s’agencent dans des accords douteux
les bras imprimés de rébellion
ou marbrés de contes de fées
ravir les lettres culbutées
les assembler
comme une mémoire projetée
entasser des traits d’union
s’enfoncer naturellement
dans des mots insurgés
débordants d’étrangeté