Laurine Roux

Le silence englue la pièce. Papa repousse son assiette. Derrière son détachement affleure de la sauvagerie. Il se lance. De toute manière, quelle drôle de manie que de fêter les anniversaires ; il ne comprend pas. Il n'y a que le temps qui passe. Puis, adressant un signe du menton à Maman : N'est ce pas Alexandra ? Elle ne répond pas. Elle peut faire la sourde oreille, il n'a pas besoin d'elle pour se rappeler. Il la revoit dans leur maison au bord de la mer, comme elle chérissait ces petites bougies qu'on plantait sur les gâteaux, ces couches de chantilly qu'on empilait, ces kilos de sucre qu'on versait pour masquer la misère des années supplémentaires, pour oublier cette chose impossible à admettre : qu'on est assez cons pour célébrer, chaque année qui passe, la fin qui approche.