À quinze ans, Nico rencontre la femme de son frère pour la première fois et tombe en adoration devant ses yeux verts et les reflets dorés de sa chevelure.
Le jour il murmure « Adela ! » à l’oreille de son cheval, la joue posée contre son cou. Et la nuit, la tête enfouie dans son oreiller, il répète inlassablement son nom : « Adela, Adela, Adela ! »
À seize ans, Nico se donne en spectacle devant une assemblée hilare, des hommes lui tapent dans le dos et lui servent à boire.
Au bout de la table, les yeux furieux du prince Ebnezer lui lancent des éclairs et Adela baisse la tête pour dissimuler son regard compatissant.
Nico ne manque pas d’amoureuses, mais aucune ne fait battre son coeur, aucune ne le rend heureux. Il s’enivre, tombe, se relève ... et boit encore car, hormis son père qui le méprise et Adela qui a pitié de lui, tout lui est indifférent. Parfaitement indifférent.
Lorsque la pénombre a enfin repris sa place entre nous, les joues de Nico étaient baignées de larmes.
— Tu es un miroir impitoyable, mademoiselle, a-t-il dit tout bas.
J’ai soudain été saisie d’une vive douleur à la tête. Je savais que tout ce que je venais de voir était vrai, et que Nico avait revécu chacune des scènes que je découvrais.
Nina ressentit la même pointe de tendresse que lorsque Anton ou Ida avaient de la fièvre ou vomissaient dans leur appartement. Alors, elle allait leur chercher des glaçons, une boisson et des serviettes humides à leur étaler sur le front, et ne pensait plus qu’à une chose : leur faire du bien. Quand ils étaient malades, c’était tellement facile d’être une bonne mère. Et si compliqué le reste du temps.
«le maitre t'attend dans le salon de marbre .»
je haïssais cette phrase désormais .chaque fois que je l'entendais,mes mains se glaçaient et mon ventre se nouait [...] et pas un jour ne se passait sans qu'il trouve l’occasion de réprimander ces pauvres gens,parfois même à plusieurs reprise .Il me convoquait alors dans son salons ou dans son cabinet de travail,et tandis qu'il assistait avidement au spectacle,je devais pousser les malheureux à demander pardon.qu'ils se repentent de ce qu'il leur reprochait ou de toute autres chose lui était égal.ce qu'il aimait,c’était les voir ramper,sangloter,supplier qu'on les laisse partir.extrait de la page 189
Les gens peuvent faire preuve d’une imagination sans bornes, quand c’est nécessaire.
Au même moment, elle se souvint avoir lu quelques années plus tôt un article qui parlait de l’aptitude des enfants à survivre même dans les milieux les plus hostiles. Ils étaient comparés à des missiles à tête chercheuse. Si un enfant venait à perdre sa mère, il se tournait vers son père, et si celui-ci disparaissait à son tour, il se tournait vers l’adulte suivant et ainsi de suite, en quête de celui qui pourrait assurer sa survie et l’aimer si possible.
La première partie n’était qu’un mensonge, mais elle avait pris un réel plaisir à l’évoquer. La seconde était vraie. Elle consacrait une grande partie de son temps libre à son réseau. Une trop grande partie, au goût de Morten, qui lui faisait parfois remarquer que c’était seulement pour se procurer sa dose d’adrénaline. Mais il y avait beaucoup plus. Elle éprouvait toujours le besoin de sauver le monde, de se prouver qu’elle n’était pas impuissante.
Mais c’est toujours la même chose. On élabore des plans minutieux. On maîtrise toutes les données. Puis une connasse débarque et fout tout en l’air…
Que Karin fût celle des deux qui éprouva le plus de difficultés à réaliser ses rêves de mariage et de famille avait toujours été une énigme pour Nina, mais pour une raison mystérieuse, les hommes ne s’intéressaient jamais longtemps à Karin. Nina, en revanche, avait eu droit au pack complet sans jamais l’avoir désiré et c’était probablement ce qui avait fini par séparer les deux amies.
Le jour où le professeur prendrait sa retraite, elle perdrait son emploi et serait aussitôt renvoyée. Pour l’université non plus, l’indépendance n’avait pas été synonyme d’opulence. Les moyens manquaient et les gens se battaient comme des hyènes pour conserver leur travail.
On n’abandonne pas son enfant dans une voiture. Encore moins par une chaleur pareille.