Personne ne revient de cet endroit où tu t’es rendu. Personne ne s’échappe jamais de la Panse.
Le quartier d'affaires semble un paquebot de luxe, mille millions de loupiotes flottant dans le ciel d'encre.
Des fois je me dis qu'on a jamais que ce qu'on mérite (...). Les coups dans la gueule, c'est mal vu. Les sévices laissent des traces. La manipulation, par contre. La manipulation est devenue la panacée. C'est comme ça qu'on vend le savon et qu'on dirige ses subordonnés. Tu vois, le pervers narcissique, ça n'est au fond que l'adaptation du mâle dominant à son nouvel écosystème.
Dans le noir et le silence de la nuit, les chemins que nous parcourons se dessinent pour nous. Que celui qui possède les oreilles attentives de l’intelligence intérieure, que celui-là, dans l’ardent amour du miroir que je suis, aspire à mes paroles et les écrive dans le secret de son âme.
- J'attends une réponse ferme pour demain matin. Je ferai installer un computeur ici pour enregistrer vos voeux, en espérant que vous accepterez.
La femme salua d'un signe de tête et ajouta :
- Comprenez que nous ne pouvons nous passer d'aucun d'entre vous. Vous devez être sept à accepter cette mission. Je vous souhaite une bonne nuit.
Personne n'ajouta mot. L'ascenseur se referma sur la longue silhouette. Les robots, à leur tour, quittèrent la pièce.
- Bien, soupira Brescia quand ils furent tout à fait seuls. Qu'est-ce que vous en dites ?
- ça pue l'embrouille, cracha Vostok.
"Nous voilà sur le seuil, dit-il encore. Nous sommes devant la porte. Suivez-moi, je vous mène au-delà."
"Le labyrinthe comme le cercle sont des formes d'architecture qui gaspille de l'espace. Ce sont des figures irrationnelles et inefficaces, donc inattendues. Elles déroutent les énergies et piègent les flux. Elles ont le pouvoir de dissimuler et de rendre invisible."

Voici Hélendrude.
On peut préférer l’appeler Elyndruda, ce qui sonne mieux, peut-être, à nos oreilles, et choisir en toute impunité de maquiller ses traits, de la décrire comme ceci ou comme cela, et reconstituer autour d’elle un monde bâti de matériaux imaginaires, ombres de pierres, ombres d’eaux et de carpes énormes, ombre de l’ombre des arbres centenaires. Hélendrude est une moniale. Elle vit en dehors du siècle, dans un temps cyclique rythmé par les cent cinquante psaumes de l’Ancien Testament et le passage des astres. Comme son monde de reflets, elle avance en cercles de plus en plus larges, tendant aux rivages ternes de la fin des temps, cette grève où, tous, nous patientons en stase, dans l’attente d’un verdict à nul autre pareil.
Hélendrude aime les chiens, les lévriers gris du couvent de planches claires, et la terre nue sous ses pieds nus. Au printemps, vêtues de blanc, elle et ses sœurs avancent vers les bois hirsutes poussés des marécages, et y coupent, du jour à la nuit, les brassées de joncs à épandre sur les pierres. Elle n’est pas très habile de ses mains, ni très pieuse, et son latin achoppe aux termes les plus communs. Ses vertus sont surtout des manquements : elle est discrète parce que peu vive, elle est obéissante et simple. Elle vit dans un monde clos, gros comme un poing fermé, sans vraie curiosité pour là d’où viennent les oiseaux du ciel, où file le cours du fleuve, et ce qui pousse sur l’autre rive. Hélendrude se nourrit de l’affection de ses sœurs et vieillit doucement. On peine à lui distinguer des ascendants. On la dépeint seule, au milieu du tableau, agenouillée au sol, paupières et lèvres closes, front bas, humilité.
(INCIPIT)
Le temps qui reste est toujours le plus précieux.
Aimer, ce n'est pas tout accepter de l'autre ! L'amour n'est pas un état, c'est un geste. Un effort, une tension vers autrui.