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Critiques de Léon Daudet (10)
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La flamme et l'ombre

Lassé du parisianisme, Robert fuit à Venise et se réfugie chez son ami Jean de Rouaux, résidant dans un vaste hôtel sur le grand Canal, où vit également Claire et Mary, deux orphelines et voisines.

Dès qu'il les aperçoit, Robert tombe immédiatement amoureux de Claire, tout en reconnaissant les charmes de Mary. Mais il aurait peut-être mieux fait de prendre la fuite, car les deux jeunes femmes étaient redoutables pour des raisons différentes…



On le prévient de leur nocivité, mais les fatales prédictions l'intriguent davantage :



« Méfiez-vous de celle-ci, elle sent la catastrophe. Elle a la marque fatale (…) Il y a dans cette frémissante créature une force de désir que je n'ai observée en nulle autre femme. Elle est ténébreuse sous son masque fort simple (…) »


Tout éveille en lui un trouble profond, Robert désire percer les mystères enfouis dans l'âme de ces femmes à l'aura si énigmatique.



Les deux soeurs ont des personnalités radicalement différentes.

Mary, « l'Ombre », d'un sombre et inquiétant mutisme, lui témoigne une admiration profonde, discrète, ténébreuse, pleine de dévotion et de mysticisme, tandis que sa soeur, « la Flamme » bien plus avenante, manie l'art de provoquer et séduire avec subtilité.

Robert est séduit par les charmes de Claire lors d'une promenade en gondole, mais très vite, ressent un sentiment d'angoisse oppressant. Les paroles de Claire, à la fois intrigantes et lascives, prennent une dimension cauchemardesque, laissant présager une catastrophe imminente. Cette belle créature à ses côtés sur la gondole lui apparait comme une sirène diabolique :



« Et elle m'apparut sur cette nappe liquide, en cette noire petite demeure de rencontre, comme la plus éphémère, la plus fluide de ces sirènes qui sortent des flots, par un beau crépuscule, pour le désespoir des voyageurs, les étreignent quelques nuits en silence, les grisent de baisers et de larmes, puis les abandonnent sans merci, sous les étoiles méchantes et la lune ironique quand le dieu marin les rappelle. »



Elle a même l'outrecuidance de prévenir directement ses victimes : « Mais rappelez-vous que je vous ai averti et que c'est vous qui vous êtes obstiné… » (…) « Je ne suis plus une enfant. Vous apprendrez ma vie en détail, si vous en avez le courage. le mystère donne du prix à l'amour. »



Claire est déçue que sa proie soit si vite déstabilisée et recherche en vain on ne sait quel homme pétri d'audace et de courage qui la braverait, restant impassible à ses attaques… Elle l'encourage à être l'un de ses rares hommes, en l'humiliant, comme pour le pousser de manière à relever le défi :



« Tous les mêmes… Je ne veux rien savoir… tais-toi… Aimons-nous en silence… Faible… Faible… Faible, comme vos pareils… Faible, comme tous ceux qui parlent d'amour par de belles nuits semblables et offrent leur vie dans un baiser, mais sans pitié, sans sacrifice, sans vraie grandeur… Vous êtes poète, un poète naturel… Vous concevez la beauté, vous l'exprimez… Vous concevez la souillure qui parfois exalte la beauté, la rend plus pénétrante, plus humaine. Mais, comme vous la redoutez dans la vie ! »



Paralysé, Robert s'observe passivement avec lucidité et attend son dénouement fatal :



« Dès la première nuit, je ne m'y trompais point : c'était par sa faiblesse vicieuse qu'elle me tenait, comme dans un étau, par son abandon à la circonstance, à un bâillement, à un regard, à un sourire. En elle, au paroxysme, j'admirais et je détestais ce besoin de se détruire, qui fait la créature si chère, lorsque ce qu'elle détruit est rare et merveilleux.

Dans ses prunelles bleues, d'une naïveté perverse, ce que je redoutais davantage, après les phases de torpeur, c'étaient les phases de résurrection, car je savais alors qu'un dieu louche à nouveau l'agitait, ce dieu qui émane de ses doigts brûlants. La vie, la sauvage vie rentrait en ce tissu de douleur et de joie par l'ivresse de se déchirer, de se corroder, de s'abîmer de toutes manières. »



Mary est tout aussi inquiétante d'une autre manière : son mutisme, ses regards profonds, l'impressionnent - des liens étranges la relient à sa soeur, dans un besoin de complémentarité, « elle transforme en mysticisme ce dont sa soeur souffre en sensualité. »

Elle aussi a ses pulsions et aime Robert, sans doute plus que Claire mais se contient fermement :

« Bonne petite fille, très renfermée, très volontaire, mais peut, du jour au lendemain, se réveiller catin notoire. (…) En ce moment la religion dompte cette passionnée qui ignore la vie et la virilité. Mais il suffit d'un hasard, d'un passant, d'un tableau… et alors… »

Prise d'une vision un soir, elle se contraint à épouser Jean de Rouaux, l'ami De Robert, qu'elle n'aime pas.

C'est sa manière radicale de purger ses honteuses pulsions pour Robert, et se contente de répondre fermement à qui lui demande pourquoi le mariage fut si bref :

« Il faut se soumettre au devoir. »



Mais cela, par contraste, provoque l'ébahissement De Robert, et lui révèle d'autant plus les vices de Claire :



« J'admirais la svelte jeune fille, semblable à sa soeur et si différente d'elle, mystique sérieuse que parfume le devoir, qui, d'après une vision, s'est choisi un époux qui sa volonté aimera, près duquel elle vivra heureuse et honnête. »



A l'inverse, Claire, loin d'envisager le mariage qu'elle ironiserait volontiers, trompe même ouvertement Robert avec un capitaine vénitien aux airs prétentieux et fats, sans trop expliquer la raison de cet arbitraire liaison : « il faut qu'il me fasse la cour, afin de détourner les soupçons »



Tous ces excès le lassent, sa curiosité diminue et Robert ne se sent pas à la hauteur d'un tel monstre :



«  Vois-tu Robert, je parle toujours d'après ma sensation… Aujourd'hui je n'ai regret ni remords de rien (…) Je n'ai d'autre autel que moi-même. Tous mes serments s'adressent à Claire » (s'adressant à elle-même à la 3ème personne du singulier)



Il lui répond que le déclin de son amour semble irrémédiable.



Mais il ne cesse d'enrager en se rappelant que Claire allait s'éprendre librement avec son médiocre rival vénitien et un sursaut d'orgueil le ramène à cet amour impossible.

Sa fierté et son égo blessé, il provoque en duel le vénitien pour se donner le prétexte de quitter la ville et d'échapper à l'influence pernicieuse de Claire. le vénitien est tué et Robert fuit lâchement la ville avec précipitation sans échanger un dernier mot avec Claire :



« Puis, maintenant que je connaissais mon amie, les abîmes de son âme brûlante, je ne pouvais me faire nulle illusion sur l'avenir de son amour. Il finirait dans la tristesse et dans la boue, après des secousses atroces ; mieux valait rompre tout de suite, quand nous conserverions encore l'un de l'autre un aimable souvenir parfumé de regrets. »



L'intrigue est banale et peut-on d'ailleurs parler d'ailleurs d'intrigue ? Il semble y avoir plus un roman d'ambiance, un cauchemar sans fin fait de romantisme languissant et démoniaque, d'amour faux, âcre et nocif qui parait lié à la ville que l'auteur admire et redoute à la fois :



« L'odeur de mort, qui émane en tout temps de ce sépulcre doré qu'est Venise, la fade odeur grisante nous parvint sur l'haleine d'une brise langoureuse… »

« Elle descendit avec amour sur Venise, la tiède nuit d'été dont l'approche nous rendait rêveurs. Elle engourdissait les monuments et les statues, les quais silencieux, les eaux inflexibles. Elle s'insinuait sournoisement, tacitement, telle la mort parmi les humains, modérant, calculant ses attaques. »



Même la gondole accentue ses étranges impressions : « Dans cette délicieuse embarcation qui n'a pas sa pareille au monde, moitié oiseau, moitié cercueil, soeur des ténèbres et du silence où la place et la discrétion sont à la mesure exacte de l'amour. »



Tout ce qui sort de la plume de Léon Daudet est empreint d'une angoisse et d'une paralysie qui en fait sans doute le pire livre à recommander à un enfant souhaitant découvrir le plaisir de la lecture. Cependant, l'originalité de son écriture ne peut être contestée, même si parfois il en vient à forcer quelque peu son style :



« Par la limpidité de l'air les moindres reliefs furent visibles, et tous ces antiques monuments paraissaient garnis d'une mousse de pierre où les escarboucles du soleil se faisaient rubis, puis saphir, puis anfractuosités mystérieuses en forme de sculptures et d'hiéroglyphes.

Nos âmes participaient à cette métamorphose. Nous étions vibrants et passionnés ; par le retrait de la lumière se traçaient en nous des images obscures qui rejoignaient celles des monuments. Et ces affinités nous tendaient fébriles encore plus que le maléfice des canaux. »



Je me demande si ce style est volontairement artificiel ou si au contraire il y a de la sincérité dans cette inspiration chaotique. S'il n'y a pas plus de vanité qu'autre chose dans ces curieuses descriptions métaphysiques.



Mais les caractères sont originaux, les liens entre les personnages sont profonds et complexes et je ne m'attendais absolument pas à cela venant de Léon Daudet. Je m'attendais au contraire à une vision beaucoup plus binaire, primaire, comme une caricature de son siècle, des rapports hommes-femmes, et c'est tout l'inverse.

Je perçois tout de même comme une sorte de méfiance excessive envers le sexe opposé, comme si lui même était maladroit, complexé, et qu'il retranscrivait ses propres échecs dans ce roman. Mais cela n'enlève rien au talent de l'auteur.

J'aurais seulement souhaité, soit une véritable intrigue, soit au moins un personnage principal plus dynamique et sensible, car le voir alterner entre une torpeur quasi permanente et quelques rares sursauts d'orgueil ou de colère nous le rend pas facile à identifier.
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Souvenirs littéraires

Colossal portrait de la société littéraire de la fin du XIXe et du début du XXe, les Souvenirs littéraires de Léon Daudet sont une entreprise unique dans l'histoire littéraire. Conçue en plusieurs volumes (Fantômes et vivants, Devant la douleur, L'Entre-deux-guerres, Au temps de Judas…), elle plante, par un nombre ahurissant de portraits ayant pour modèles aussi bien les plus sombres inconnus que les plus grands prosateurs de l'époque (Antoine, Courteline, Barbey d'Aurevilly (qui se dispute avec Alphonse Daudet), Pierre Loti ou encore Zola lui-même, qui zozotait), le décor des salons littéraires de ce temps. Traversant, comme dans une discussion interminable et mouvementée, des salons et des salons, narrant les événements cruciaux tels que la publication de la France juive ou l'enterrement de Victor Hugo avec une plume enlevée, un style bernanosien (on pense souvent aux meilleures pages de la Grande peur des bien-pensants en lisant Daudet) et une fougue barrésienne, romanesque, le fils Daudet déploie devant nous un roman littéraire national merveilleux et qu'il connaît comme sa poche. Moins réjouissants, les passages virulemment antisémites et bêtement germanophobes entachent le plaisir de lecture, qui n'est autre que celui que l'on a, parfois, à lire les anecdotes qui parsèment la grande Histoire. Et les pages sur la médecine et sur Charcot dans Devant la douleur valent le Céline de Semmelweiss !
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Souvenirs et polémiques

On peut ne pas partager les idées de Léon Daudet, mais c’est un plaisir pervers que de lire ses souvenirs, tant il sait dire du mal de tout le monde ou presque avec talent. C’est donc une lecture délicieuse, à condition de ne pas trop se laisser manipuler par ce remarquable écrivain. On est loin des Lettres de mon moulin de son père!
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Les morticoles

Curieux livre publié en 1894, Les Morticoles est souvent présenté comme une moquerie de la médecine. Effectivement, il y a des passages très spirituels, mais l'auteur a eu vraiment la main lourde! Il nous décrit un pays où les médecins, ayant pris le pouvoir, ont créé une véritable dictature médicale, où, sous prétexte de soigner, en arrivent à atrophier, mutiler, exécuter. Et à deshumaniser toute une population, dans une véritable folie. C'est un monde d'horreur, où s'accumulent les idées les plus cyniques et les plus meurtrières.

L'auteur est très créatif. N'a-t-il pas inventé ici la chaise électrique? N'a-t-il pas inventé le "léchage de bottes"? L'opération de retrait des ovaires, ici pour permettre aux femmes d'avoir des amants? Les excès, ici, nous découragent. Ce n'est plus de l'humour, mais une dystopie d'une grande tristesse. Ce livre peut être considéré comme une curiosité à découvrir, mais ce ne sera pas une véritable lecture "plaisir", car il nous laisse sur un grand malaise.
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Les morticoles

Simple vannier, Félix Canelon ne veut pas rester toute sa vie dans son village, il a envie de découvrir le monde. Il décide d’embarquer comme matelot sur le « Courrier ». Mais après une longue traversée, le capitaine Sanot perd son cap dans la tempête et se retrouve sous la menace des canons d’un vaisseau battant pavillon noir à tête de mort et tibias entrecroisés au large du territoire des « Morticoles », des hypochondriaques étranges qui ont donné tous pouvoirs à une corporation de médecins tous plus tyranniques et déjantés les uns que les autres. Le « Courrier » n’a pas touché terre que déjà l’équipage est mis en quarantaine, douché au détergent et privé de ses vêtements et de ses quelques restes de nourriture. En échange, on lui fournit des biscuits bizarres au goût infâme. S’ensuivra un internement dans un hôpital pour nécessiteux pour Félix qui sera séparé de ses compagnons. Pour essayer d’obtenir un meilleur avenir, il tentera de devenir étudiant en médecine, échouera à un examen humiliant et finira par se retrouver domestique chez plusieurs médecins en rêvant toujours de pouvoir enfin rentrer chez lui, loin de ce territoire de tyrannie sanitaire.

« Les Morticoles » est un roman en forme de fable satirique, un réquisitoire implacable du monde médical dans tous ses états. Il faut préciser que Léon Daudet connaissait très bien ce milieu. Qui aime bien, châtie bien, dit-on. Là, il y va à gros traits, à grands coups de serpe. C’est un brin outré voire caricatural, mais non dépourvu de vérité quand même. Les Morticoles se veulent anticléricaux et athées militants. Ils ne veulent plus croire en Dieu, mais en la Matière. Ils se revendiquent de la science alors que la médecine est plus un art empirique qu’autre chose. Ne dit-on pas que le médecin soigne, mais que la Nature guérit ? On est tout à fait dans la veine humoristique grinçante des Diafoirus et autres fanatiques de la saignée et de la purge du génial Molière. Tous les aspects du problème passent à la moulinette du polémiste : la spécialisation à outrance, l’obsession de l’enrichissement personnel, la peine de mort, la stérilisation des masses (oblation des ovaires pour offrir plus de liberté sexuelle aux femmes riches), les expérimentations loufoques et cruelles sur humains et animaux, les trafics d’organes, les vaccinations bizarres, la justice corrompue, la prostitution, la psychiatrie avec toutes ses outrances et même les déviances sexuelles, mais de manière plus discrète. À noter les patronymes amusants des personnages : Cloaquol, Burnone, Loupugan, Lebide, Clapier, Cudane et autres Ligottin (spécialiste de la camisole de force et du jet d’eau glacée). Datant de 1899, ce texte bien écrit se lit toujours agréablement en se disant qu’avec les derniers exploits de la caste, rien n’a vraiment changé avec le temps !
Lien : http://www.bernardviallet.fr
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Paris vécu

Je clos la série parisienne avec ce tome sur le Paris rive droite dont son auteur Léon Daudet évoque des souvenirs d'enfance, politique, littéraires et bien d'autres. Comme tous les souvenirs de Daudet on a droit à une galerie de figures mémorables comme: Gustave Flaubert, Alphonse Daudet bien sûr, Marcel Proust, Émile Zola, Charles Maurras, Maurice Barrès parmi tant d'autres.

Des passages sur la justice sont un peu trop complotistes à mon goût ce qui font une trentaine de pages à lire en diagonale.

En somme le livre est un bon livre de souvenirs de du bon gros royaliste gourmet Léon Daudet écrit avec une plume acide qui ne lasse pas.
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Souvenirs littéraires

Jouissif.
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Souvenirs littéraires

C'est Léon Daudet, fils d'Alphonse Daudet, qui nous raconte ses souvenirs à partir de sa vingtième année, aux alentours de 1885, jusque 1930 environ. Son style est génial, sa mémoire éléphantesque et l'on attend avec impatience qu'il parle de son prochain confrère. La grande spécificité de l'oeuvre, c'est que dès vingt ans Léon Daudet a eu accès à tout le gratin littéraire de l'époque, par son père. On ressent en lui un grand sensuel, qui aime la bonne chaire, assez emporté, mais très juste dans ses jugements. Je ne sais pas encore si je préfère ses coups de coeur ou ses coups de sang. Mon unique regret : ceux dont il ne parle pas ou très peu : Léon Bloy, Arthur Rimbaud, Paul Verlaine, Charles Cros, ... (Certains de ceux-là sont mentionnés, mais rapidement). J'ai préféré la première partie (pour faire simple : l'avant-guerre), qui parle de tous ces écrivains et médecins, que la seconde qui est plus centrée sur les événements et les politiques.
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Les morticoles

Un livre sur l’état sanitaire d’une population régentée par un aréopage de médecins. Après quelques lectures trop banales cet été, le covid et la lecture de «l’épidémie» de Simak cette curiosité qui date de 1854 véritable roman d’anticipation. « Un meilleur des monde » sanitaire avec des « Bigs Brothers » grands manitous de la médecine qui soignent des individus qu’ils ont contribué à rendre malades ou impotents



C’est à l’ Hôpital Thyphus que cela se passe qui a pour devise: Liberté, Egalité Fraternité juste pour indiquer que ce n’est pas qu’un roman et que Daudet pense bien à la France : il ajoute par la suite bonheur et Santé

Une science pour réguler le social lui amener le bonheur humain par une politique sanitaire rigoureuse qui s’élabore « dans les laboratoires de physique et de chimie » et sur la table d’opération

Tragi-comédie grinçante sur une dystopie sanitaire: idéologie du corps sain et de la santé avant tout et malgré soi, refrain, il n’y a pas si longtemps, entendu, seriné et appliqué avec une certaine virulence à l’encontre de tous

par notre empathique gouvernement.

C’est surtout une critique très virulente contre le corps médical et du cynisme des médecins, de l’exploitation humaine au travail et l’exploitation ouvrière, de la religion, une critique d’une Société despotique de caste ou la Progression sociale se fait par « lèchement de pied »

C’est presque un livre d’anticipation scientifique qui passe en revue les progrès techniques médicaux du moment: le chloroforme et l’électrothérapie et ceux de demain: le suicide assisté à l’aide de substances anesthésiques diverses dans une «maison du Suicide» gérée comme une maison d’hôte , les politiques hygiéniste et de prophylaxie de l’OMS, les expérimentations humaines des Josef Mengele, Hans Delmotte, Aribert Heim, Wouter Basson. Il pose aussi la question de l’euthanasie avec ses conceptions les plus récentes et nous donne un avant-goût de «soleil vert» ou du compost humain californien décidé il y a peu.

Et même la guerre bactériologique-chimique.

C’est aussi un livre sur les maladies qui sont abordées avec beaucoup de connaissances du moins celles du moment.

Étonnant ce qu’on peut trouver dans ce livre. Le seul problème c’est qu’il est assez indigeste Il est verbeux et très bavard , redondant il enchaîne les exemples avec toujours un misérabilisme de plus en plus prégnant et de plus pontifiant

Un effet d’accentuation qui rend un peu grotesque cette litanie de malheurs.

Un effet (tragi)comique et amer un peu désuet Léon, me semble-t-il, n’est pas fait pour ce style « Les morticoles » est son deuxième ouvrage écrit en 1894 il a été bien accueilli et avec ses études de médecine ratées il a conçu pour le corps médical une certaine aversion et cela se sent.

Le style a donc mal vieillis mais le sujet est très actuel. Il sera lu avec beaucoup de difficulté par un lecteur moderne mais pour un lecteur de SF qui se régale de sujets précédents Jules Verne ou Asimov sur la médecine, ça peut intéresser



Félix Canelon s’échoue avec ses camarades sur les terres des «morticoles» société hygiéniste des médecins décideurs, bellâtres qui se pavanent terrifiants Mengeles et leurs assistants, quasimodos bestiaux exécutant, dans les sous-sols, leurs basses œuvres



Note: Morticole est devenu le nom générique du mandarin de Faculté caractérisé par l'amour de l'argent, des titres honorifiques, ainsi qu’une épithète injurieuse appliquée aux médecins et morticoliser signifie « tuer les malades selon les règles de la médecine», bien entendu seulement au pays de la Morticolie. Jean-Martin Charcot, grand neurologue, y est décrit sous les traits de Foutanges.

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Ceux qui montent

Tout le roman s’articule autour de l’amour précoce que se vouent deux adolescents : Jean Fabin, apprenti dans une charcuterie, et Marie Aulmier, la fille d’une blanchisseuse. L’intrigue se déroule à Montmartre, dans le microcosme de « ceux qui montent » la Butte, mais aussi les échelons menant à la « révélation », la grande Cause monarchiste.

En effet, le jeune Fabin est d’abord du côté des « révolutionnaires », voire des « anarchistes ». Lorsque la butte Montmartre subit des inondations, il multiplie les exploits sur un bateau de sauvetage concurrençant, avec de faibles moyens, celui des royalistes. Mais Jean tombe à l’eau, ce qui lui vaut une hospitalisation et quatre jours de coma. Ensuite, arrêté lors d’une manifestation consécutive à des grèves, il fait un mois de prison. Par-dessus le marché, le père de Marie, un terrassier alcoolique, s’est brouillé avec la mère de Jean ; les jeunes amoureux en subissent les conséquences et sont séparés. Marie se retrouve en Bretagne, à Locronan, chez la mère Rabasse.

Daudet nous dépeint tout un microcosme qui s’agite, dans une vision assez manichéenne : les royalistes face aux républicains. Daudet se déchaîne contre l’instituteur, Elie Sampèdre, et sa femme, qu’il qualifie d’ « huguenots fanatiques », ce couple n’ayant qu’un objectif : endoctriner les enfants, leur inculquer la haine de la religion catholique et le matérialisme. Geneviève, la petite sœur de Jean, en fera les frais.

Les tensions s’accroissent jusqu’à provoquer des drames. Fritz Grausant, « officier d’Académie » à 30 ans, homme d’affaires, courtier à la Bourse, souteneur et policier (ou plutôt « mouchard »), fait assassiner François, le petit frère de Marie, par basse vengeance : l’enfant meurt brûlé vif. La grève faisant rage, une émeute dégénère par sa faute. Rue Lamarck, les soldats tirent et c’est le massacre : parmi les morts, Geneviève, mais aussi Louise Aulmier, la mère de Marie. Fritz tombera dans le piège dressé par Jean et ses amis, qui pendent le provocateur. En cour d’assises, ils seront acquittés. Rallié à l’Action française, Jean s’en ira avec Marie défendre sa Cause.

Pourquoi les romans de Léon Daudet (et toute son œuvre, d’ailleurs) sont-ils complètement oubliés ? Celui-ci n’est pas mal, pourtant. Ni exceptionnel ni ennuyeux. Cependant, il est militant, presque prosélyte ; roman d’initiation, tendant à démontrer que les monarchistes représentent le camp du Bien. Sur ce plan, il a terriblement vieilli.

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