Léon Tolstoï

Un bon chef de guerre n' a pas besoin de génie et de qualités particulières, bien au contraire, il doit être pourvu d' une absence des qualités humaines les meilleures, les plus élevées : l' amour, la poésie, la tendresse, la curiosité du doute philosophique. Il doit être limité, intiment convaincu que ce qu'il fait est très important, sinon il manquera de patience, et ce n'est que dans ces conditions qu' il sera un bon chef de guerre.

Ces hommes peuvent commettre des infidélités mais leur femme et leur foyer domestique n'en restent pas moins un sanctuaire pour eux. Ils établissent entre ces femmes, qu'au fond ils méprisent, et leur famille, une ligne de démarcation qui n'est jamais franchie

A la comtesse A.A. Tolstoïa

Iasnaïa Poliana, le 8 octobre 1862

De Sofia Tolstoïa
(lettre écrite en français qui précède dans le même envoi celle de Léon Tolstoï ; Sofia a 18 ans et est jeune mariée, sa tante a la quarantaine et vit à Pétersbourg, attachée à la cour du tsar )

"Votre charmante lettre, ma chère et nouvelle tante, a été pour moi une agréable surprise. Je n'ai pas encore pu mériter votre bienveillance et je sais que si vous êtes si bonne et si aimable pour moi, c'est uniquement grâce à Léon. Il m'a tant parlé de vous que je me suis déjà habitue à vous aimer et à apprécier votre amour pour mon mari. Je vous connais déjà un peu par vos lettres qu'il m'a montrées et aussi par votre portrait que je lui ai volé. Je ferai tout mon possible pour qu'il soit heureux, je sais que c'est la seule façon de mériter votre amour. De mon bonheur à moi, je n'ai jamais douté. Je connais Léon depuis l'enfance et je l'ai toujours aimé de tout mon coeur.

J'espère que nous irons bientôt à Pétersbourg et que j'aurai enfin le bonheur de faire votre connaissance. Si vous avez l'occasion d'aller à Moscou, maman sera très contente de vous voir ; elle aussi vous connaît par les récits de Léon. Je vous parie de transmettre mes compliments à votre mère et à mes deux autres tantes."

Votre nièce respectueuse, comtesse Sofia Tolstoïa


Ben oui, donc Alexandra la tante n'avait pas assisté aux cérémonies de mariage à l'église au Kremlin de sa nouvelle nièce et de son neveu déjà célèbre. Elle avait affaire semble-t-il à Pétersbourg où le tsar, c'était ici Alexandre II, siégeait alors.
Cette lettre est touchante par sa beauté, les propos de Sonia ne sont pas seulement courtois, mais sincères, et ma foi de qu'elle dit elle tiendra parole et ne sera jamais démentie.

- C'est peut-être parce que j'apprécie ce que je possède et ne désire pas trop vivement ce que je n'ai point, répondit Levine en songeant à Kitty.

- Je crois, répondit Anna, jouant avec son gant, que s'il y a autant d'opinions que de têtes, il y a aussi autant de façons d'aimer qu'il y a de cœurs.

Neige

"N'allons nous pas nous égarer ? dis-je au postillon. Mais ne recevant pas de réponse, je posai la question plus clairement.
-Eh bien, postillon ! Arriverons-nous jusqu'au relais ? Ne nous égarerons-nous pas ?
- Dieu le sait, me répondit-il sans tourner la tête. Vois comme la neige commence à tomber, on ne voit rien du tout sur la route, Seigneur notre père !
(..) "Selon moi, il vaudrait mieux retourner, me dit Aliochka, il n'y a rien d'amusant à errer.
-Dieu Seigneur ! En voilà de la neige ! On ne voit rien de la route, les yeux sont tout à fait aveuglés.. Dieu Seigneur !" marmonnait le postillon

Ainsi en dehors de la connaissance raisonnable, que je tenais pour la seule possible, j'avais été amené à reconnaître que toute l'humanité vivante avait également une autre connaissance, déraisonnable : la foi, qui lui rendait la vie possible.

Pour pardonner, il faut avoir souffert.

En aimant, on est toujours heureux parce que notre bonheur est en nous-mêmes.

Hé mon cher, ne t'afflige pas, dit (Platon Karataiev) à la façon tendre et chantante des vieilles paysannes russes. Ne t'afflige pas mon ami : les épreuves durent une heure et on a toute sa vie à vivre.

Qu'avez-vous trouvé d'inconvenant chez moi ?
- Le désespoir que vous n'avez pu cacher en assistant à la chute d'un cavalier.

Quant à Napoléon, qui avait peut-être obtenu des renseignements sur nos intention de la part d'un traître ou les avait devinées, il choisit devant Brünn la meilleure position et, au lieu de se replier comme nous le supposions, il porta vers l'avant toute la masse de son armée jusqu'à la ligne même de ses avant-postes.

Le monsieur se plaça tout en haut et commença à parler. Les imbéciles le regardaient ; ils croyaient que ce monsieur allait leur montrer réellement comment on travaille sans mains, rien qu'avec la tête ; tandis que le vieux diable enseignait seulement en paroles comment on peut vivre sans travailler.

Les ouvriers qui ont déjà abandonné la terre pour la fabrique ne sauraient eux mêmes rien espérere des syndicats, associations, grèves, promenades enfantines du 1er mai avec drapeau déployé, etc, ce ui leur est nécessaire, c'est de chercher les moyens de s'affranchir de l'esclavage des fabriques et de revenir à la vie des champs. Or ce qui s'y oppose le plus, c'est l'accaparement de la terre par les propriétaires qui en la travaillaient pas. C'est elle que les travailleurs devraient réclamer , exiger de leurs gouvernants ; et en l'exigeant, ils revendiqueraient d'ailleurs un bien qui leur appartient, le droit absolu, essentiel, propre à chaque animal : celui de vivre sur la terre et de s'en nourrir, sans avoir à en demander à quiconque la permission

Maslova ne regagna sa cellule que dans la soirée, vers six heures, les pieds déshabitués de la marche meurtrie par les quinze kilomètres de chaussée empierrée, assommée par la sévérité surprenante du jugement et, de plus, complètement affamée.

Déjà, au cours d'une suspension d'audience, en voyant les gardes se restaurer de pain et d'oeufs durs, sa bouche s'était remplie de salive ; elle avait senti la faim, mais avait jugé humiliant de leur demander quelque chose. Trois heures s'écoulèrent ; la sensation de faim disparut et elle n'éprouva plus qu'une grande faiblesse. C'est dans cet état qu'elle apprit la condamnation, si inattendue pour elle (..) Incapable de s'assimiler l'image d'une forçate (..) Elle se révolta et cria son innocence..

En nous séparant, nous craignions trop de laisser au pouvoir de l'autre tous les secrets moraux honteux que nous nous étions confiés.

Anna Arkadiévna lisait et comprenait sa lecture, mais elle était lasse de s'intéresser à la vie des autres ; elle brûlait de vivre elle-même.

La porte s'ouvrit et la femme du gouverneur apparut. C'était une créature douce, qui obéissait à son mari sans murmurer. Toutefois, elle était un peu drôle, et même certains la trouvaient un peu simplette. Malgré le désordre permanent de sa toilette, elle était jolie. Toujours distraite, ses idées étaient loin d'être celles d'une femme de gouverneur. Elle les lançait, parfois, au milieu d'une conversation, au grand étonnement de son mari et de ses connaissances.(..)
-Voilà, Michel je ne veux pas vous dire des choses désagréables, mais je viens vous parler de Lise ..

La femme, selon moi, est la pierre d'achoppement de la carrière d'un homme. Il est difficile d'aimer une femme et de rien faire de bon, et la seule façon de ne pas être réduit à l'inaction par l'amour, c'est de se marier. [...] Suppose que tu portes un fardeau : tant qu'on ne te l'aura pas lié au dos, tes mains ne te serviront à rien. C'est là ce que j'ai éprouvé en me mariant ; mes mains sont tout à coup devenues libres ; mais traîner ce fardeau sans le mariage, c'est se rendre incapable de toute action.

En effet, les indigènes accéléraient leur fuite et galopaient vers la montagne. Seuls, quelques djiguites restèrent en arrière, bravant les balles et ripostant au feu de nos soldats. Il y en avait un, en particulier, monté sur un cheval blanc, en "tcherkska" (longue redingote tcherkesse) qui caracolait et faisait des cabrioles à une cinquantaine de pas des nôtres. .