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Citations de Léon Werth (52)


Léon Werth
“On a répandu l’idée que cette guerre était la dernière des guerres. La guerre tueuse de la guerre. Comme un enfant qui réclame un dernier gâteau, les gouvernements ont demandé aux peuples le dernier sacrifice : faites la guerre, pour que vos fils n’aient plus à la faire. Mensonge imbécile. Cette guerre est la guerre. Rien ne prépare la persistance de la paix sinon l’habitude de ne pas consentir à la guerre.”
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Je me suis endormi, puis réveillé en sursaut. Je croyais à un bruit de mitrailleuses. Ce n'était que le cri des canards. Qu'il est beau ce cri des canards ! C'est toute la paix. J'ignorais que j'aimais à ce point le cri des canards... Mais il n'y a plus de paix sur la terre. Je suis enfermé cerné, serré dans la guerre et dans cette paix qui sera la guerre plus que la précédente encore.
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Le jeune Debray est des camps de jeunesse. Depuis quelques années, ils tendait les bras vers un inaccessible bachot. Il porte maintenant un séduisant uniforme, on dirait un phalangiste.

La fascisme utilise les imbéciles de ce type et crée pour eux un milieu favorable. Oubliés à fond de cale, ils montent sur le pont et feront chavirer le monde.
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Pardonnez-moi, Saint-Ex, pardonnez-moi, Tonio. Vous ne conteriez pas de si pauvres choses. Vous les annulez ou les brûlez. Vous faites du cristal. Mais je ne sais pas voler. Je touche, en ce moment, aux lieux bas. Je n'espère plus beaucoup de moi ni du monde. Je suis vieux quand vous n'êtes pas là. Où êtes-vous ? Je ne sais même pas si vous êtes vivant. Je rêve parfois que votre avions a été touché, qu'il est tombé dans une catastrophe de ferraille et de feu. Je me traîne avec mon vieux métier. Je conte les lieux bas, je conte, dans cette immensité de la guerre, des histoires d'insectes.
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Je m'abandonne à ces pauvres réflexions, en même temps que je suis des yeux une courbe sinueuse aux panneaux d'un vieux buffet. Ma pipe, le vieux buffet sont devenus mon opium. Mais je ne peux pas perdre mon accrochage à moi-même, je ne veux pas perdre mon accrochage à ce qu'il faut bien que je nomme la civilisation. Je ne suis pas l'homme d'une île déserte et d'ailleurs, il n'y a plus d'îles désertes. Montaigne, Pascal, l'humanisme. Mais gare aux cuistres, qui en tiennent commerce, gare aux petits boutiquiers de l'humanisme.
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Je me sentais humilié. J'étais le vaincu, qui reçoit sa nourriture de la générosité du vainqueur. Telle est la guerre, elle impose une grossière simplification ; elle pense pauvre, elle contraint à penser pauvre, par grosses catégories, elle oppose les nations dans un excès d'unité qui n'est que démence, elle oppose le vainqueur et le vaincu, elle supprime les conflits délicats et les remplace par un pugilat. Si grand soit le pugilat, ce n'est qu'un pugilat. Mais rien ne peut faire en cette minute que ce soldat ne soit toute la victoire et moi, toute la défaite.

[NB : un soldat allemand vient de proposer une boite de conserve au narrateur et à sa famille affamée]
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L'Européen pour manger se sert d'une fourche. Il en enfonce les pointes dans la viande. Il prend un chargement de légumes, comme un paysan prend une brassée de foin.
L'Extrême-Oriental, avec ses deux baguettes qui s'articulent dans la main, vise des objets menus et dispersés. On dirait toujours dinette et travail d'art. Les mouvements agiles et précis donnent l'illusion d'une subtile mécanique. Manger semble oeuvre de choix.
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En politique, la distance est à peu près nulle entre l'homme le plus instruit et le plus inculte. Et les comportements ne diffèrent guère de la masse que par leur canaillerie.
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J'apprend par le bulletin paroissial que Dieu a accordé un miracle à la France en la personne du Maréchal.

Le buste du Maréchal remplacera celui de Marianne dans les mairies, les écoles, les tribunaux.
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C'était après le dîner. Deux soldats sont entrés. Ils cherchent des chambres. Madame Rose leur dit que sa maison est petite et qu'elle n'a d'autre lit que le sien et celui de ses enfants. Mais un des soldats met la main sur la poignée de la porte, qui est entre la cuisine et les chambres.

«Je veux voir... (cheu feu foir...)» dit-il.

Nous savions que nous étions sous sa botte, mais nous le sentons en cette minute à l'intérieur de notre peau.
Ils ont visité de la maison et ils sont partis, sans rien dire, sans même nous regarder.
Je n'ai pas besoin d'un dictionnaire pour définir la force et l'autorité. Je ne suis plus que l'homme d'une tribu captive.
Ils sont près de nous, contre nous et autour de nous. Ils sont hors de la maison et dans la maison, où ils entrent quand il leur plaît.
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Alors commence le vrai voyage qui est hors de soi-même.

[Extrait de la préface d'Antoine de St Exupéry au livre de son ami Léon Werth]
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Les paysans d'ici, s'il ne s'agit de restrictions ou réquisitions, sont absolument indifférents à tout ce que dit et fait le gouvernement. Ils ne pensent qu'au marché noir, à amasser des sous.

La fourche du paysan , la fourche révolutionnaire, c'est un organe en régression...
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J'ai lu, quand j'étais enfant, de beaux récits sur l'hospitalité. L'hôte est sacré pour le patriarche biblique, pour le grec de l'Illiade et pour le Bédouin dans sa tente. Abel, Monsieur Abel, comme souvent on vous appelle à Chapelon, je n'ai, grâce à vous, rien à regretter de l'antiquité... L'hospitalité existe encore dans ces temps modernes, et elle y est plus belle encore. Car elle n'est pas un rite, mais un don.
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Un manoeuvre est condamné par le tribunal de Trévoux à six mois de prison pour propos défaitistes. Je voudrais connaître la définition juridique du défaitisme en ce mois de septembre 1940.
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Et Abel, qui se méfie des beaux parleurs, mais qui aime l'éloquence, lui avait dit : «Vous ne pouvez rien contre moi. J'aime mieux mourir debout que vivre à genoux»
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Les visages annamites s'inscrivent dans le cercle, sans saillies rudes de traits, sans exaspération de dessin sans avancées guerrières, sans creusements, sillons, ravinements d'inquiétudes répétées.


L'inconsistante image qu'on lit sur la lune, l'Européen en a fait un visage. Pour l 'Annamite, elle est rude encore. Il y voit un homme qui fend du bois.
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Ils voudraient bien que les Allemands s'en aillent, parce que les Allemands gênent le commerce. Et aussi, il ne voudraient pas " être des Allemands ".
Mais l'hitlérisme, le fascisme les préoccupent peu. Ils ont surtout peur du communisme.
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Je ne savais pas, ce premier soir de Chapelon que le couplet sur le retour à la terre allait redevenir de mode ou de consigne. Il est d'ordinaire tourné par des bureaucrates ou des académiciens, qui prouvent seulement qu'ils n'avaient d'aptitudes spéciales que pour le métier de manœuvres non-spécialisés. Ce qu'ils appellent sagesse paysanne n'est qu'une image de leur paresse d'esprit ou de leurs préjugés. Ils l'opposent à la turbulence ouvrière et ils sont ainsi rassurés. Je leur dit en vérité : Abel ne les eût point satisfaits. Et pourtant il ne serait pas paysan s'il avait accepté un catéchisme révolutionnaire. Mais je ne veux pas faire d'Abel un portrait politique et je ne sais encore si j'y serai conduit. Il me suffit aujourd'hui de dire que je n'ai jamais connu esprit plus agile et s'accrochant mieux au monde.
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La liberté supprimée, quelque dizaines d'hommes en souffrent, pour qui elle est le sel de la terre. Mais au bourg et dans les fermes, on n'a point encore senti la dictature. Il est vrai qu'elle procède par étapes et que, comme ils disent, on attend.
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Tout le problème, conclut Laval, était de faire vivre le pays. Ce procès que vous nous faites est illogique. Nous étions là, le Maréchal et moi, pour défendre notre pays.
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