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Critiques de Léon Werth (32)
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Déposition : Journal 1940-1944

Déposition sans concession



Deuxième rencontre avec cet auteur : la première, déjà sous forme d'un journal, racontait, en 33 jours, l'exode en 1940 de l'auteur depuis Paris jusqu'au Jura. Un récit plein d'humour, d'ironie mais aussi empreint de gravité et de tragédie, le sujet s'y prêtait malheureusement .



Cette deuxième rencontre pourrait être considérée comme une suite. En effet, Léon Werth tient son journal depuis son arrivée dans le Jura jusqu'à la Libération de Paris.



Il nous détaille la politique de Vichy, depuis la rencontre de Montoire jusqu'aux mesures antisémites, avec un ton acerbe mais aussi avec beaucoup de moquerie et de dégoût dans la dénonciation de ce gouvernement qui sombre dans la collaboration.



Son regard se porte surtout sur les habitants du petit village situé en zone libre où il a trouvé refuge. Depuis les notables (médecins, pharmaciens, notaires) pour qui peu importe d'être allemand ou français, du moment que les affaires peuvent continuer...

jusqu'aux paysans totalement indifférents à la situation si ce n'est lorsque arrivent les restrictions et les réquisitions, contrariétés vite oubliées grâce au marché noir.



Le récit pourrait paraître amer, cynique et sans concession de la part de l'auteur mais il va observer l'évolution de ces gens tout au long de la guerre, leur indifférence, leur arrivisme, leur trahison puis leur revirement, de quoi lui faire perdre toute illusion sur la nature humaine.



C'est donc le portrait d'une époque, de la France et d'un bourg en particulier qui ne manque pas d'humour et d'ironie (il en faut devant certaines situations) mais qu'il ne faut pas juger avec nos connaissances actuelles.

Un seul exemple, à notre époque où l'information est omniprésente, le village n'apprit la Rafle du Vel d'hiv du 17 juillet 1942 que le 17 août. Si les journaux ou toute autre information arrivaient avec beaucoup de retard, les rumeurs ou fausses nouvelles, elles, étaient partout, créant parfois de grands désarrois voir de fausses joies. L'époque n'avait pas attendu l'invention du terme "fake news".





Une deuxième rencontre, donc, qui en appelle d'autres, sans hésitation !!



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Cochinchine

Le mal jaune





En 1924, Léon Werth est invité à séjourner en Cochinchine. A travers ce livre, il partage la découverte de ce pays avec nous. Il nous fait part de ses sensations, de son admiration pour ce pays dont il tombe sous le charme ainsi que sous celui de ses populations.







Séjournant d'abord à Saïgon, il n'aura de cesse de fuir la compagnie des français pour mieux approcher la culture des Annamites. Déambulant le plus souvent seul et à pied dans la ville, il raconte ces maisons toujours ouvertes sur la rue dans lesquelles on aperçoit juste la petite lumière de l'autel des ancêtres, ces habitants qui vivent en communauté, dorment, mangent sur le trottoir. C'est un choc pour lui, pour cet européen des années 1900.



Après un séjour à Cholon, la ville de tous les trafics, de toutes les misères, il fera un voyage avec un ami annamite au sud de la capitale. Cet ami lui permet de découvrir la "campagne" indochinoise, la beauté de ses paysages qui l'émerveille et qu'il décrit constamment mais aussi lui donne accès à ces populations et leur culture, en lui donnant la possibilité de vivre au milieu d'eux, au quotidien.





De ces rencontres, Léon Werth retiendra surtout la beauté, l'amabilité, la convivialité de ces populations annamites et il ne cessera de dénoncer la bêtise, la suffisance, le racisme des français pour la plupart fonctionnaires qui vivent dans ce pays sans chercher à le connaitre ou le comprendre. A l'image de cette scène, d'un couple d'européens frustre, adipeux, méprisant, marchant seul au milieu de la rue, affichant une supériorité insolente mais accompagné par une frêle domestique annamite d'une beauté fulgurante chargée de les éventer...







Vous l'aurez compris, Léon Werth est devenu une victime, bien consentante, du mal jaune, ce "mal" qui gagna très souvent les personnes qui visitèrent mais surtout s'intéressèrent à ce pays et ses habitants. Chaque page de cet ouvrage, est pour lui, l'occasion de proclamer son amour de la Cochinchine.
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33 jours

LORSQUE LA NUIT S’APPRÊTE À TOMBER...



C'est peu de dire que Léon Werth est aujourd'hui un écrivain presque totalement oublié et, n'était cette dédicace octroyée par Antoine de Saint-Exupéry à son si cher ami en frontispice de l'une des œuvres françaises les plus lues, connues et publiées au monde, Le Petit Prince, gageons que cet écrivain rare, cet ami fidèle et bien-aimant, ce prosateur de l'intime (sans être pour autant intimiste) au style impeccable serait aujourd'hui parfaitement oublié. Osons le reconnaître, ce serait un manque véritable et il faut aussi en remercier les belles éditions Viviane Hamy qui, sans relâche, ont réédité les principaux titres de l'auteur (douze titres).



Écrivain méconnu, donc, et pourtant... Entre son "Déposition" (certes c'est un journal, moins populaire, sans doute, que la forme romanesque classique) et ce présent 33 jours, très proche du récit témoignage, Léon Werth avait - a - tout ce qu'il faut pour motiver nombre de lecteurs, d'autant que sa plume, sans concession mais belle et souvent incisive, a tout pour convaincre. Mais qu'en est-il donc de ce texte ?



Nous sommes le 10 juin 1940. La "drôle de guerre" a pris fin le mois précédent avec l'attaque éclair des forces nazis et la percée des allemands s'est faite quasi sans discontinuer. Ils sont presque aux porte de Paris. C'est la débandade, les parisiens n'ont plus qu'une idée en tête : fuir en province, qui chez une vieille tante un peu oubliée, qui dans la maison de campagne, qui chez des amis compréhensifs. Même s'il n'en éprouve pas le désir pressant, Sur les conseils appuyés d'un ami, Léon Werth qui habitait alors en plein cœur de Paris va suivre le mouvement, se lançant sur les routes de France en direction de St Amour, dans le Jura, où notre grand témoin possède une maison de campagne. Le 11 à neuf heures, ils sont partis, au volant de la vieille Bugatti trois litres de 1932. «Nous pensons, sans nous presser, arriver vers cinq heures de l'après-midi» affirme-t-il, serein, dans les premières pages contant cette rocambolesque et parfois dangereuse odyssée. Le fils de seize ans est déjà parti, en compagnie de deux amis, quelques heures auparavant. Ce sera une affaire de rien... Qui, comme le nom de ce texte l'indique assez bien, durera pourtant 33 jours !



Dès l'abord des portes de Paris, on comprend d'ailleurs que rien ne pourra se passer comme il avait été prévu. Au fur et à mesure de son avancée - au pas -, Léon Werth s'étonne même du nombre incommensurable de voitures parisiennes, au point qu'il en finit par se demander d'où celles-ci sortent. Les soixante prochains kilomètres demanderont plusieurs jours à être parcourus, non sans retours en arrière et autres boucles improbables. Mais là n'est pas, on s'en doute, l'intérêt principal de cet ouvrage. Certes, il y aura quelques véridiques épisodes de guerre. Des moments intenses s’achevant dans une espèce de ridicule triste, honteux même, nos pauvres soldats français hésitant entre reddition sans attendre et résistance aussi vaine que meurtrière. Surtout pour ces malheureux chevaux, alors encore moyen de transport de premier plan, qui paient le prix lourd les vicissitudes humaines. Ainsi que quelques valeureux soldats auxquels se mêlent parfois des civils - prémices sacrificielles de la résistance à venir -, fusillés pour la cause. Il y a aussi, magnifiques et altiers, ces tirailleurs sénégalais - pour lesquels Werth éprouve une admiration sans égale - que les allemands exécutent systématiquement s'ils les font prisonnier. Comme des chiens.

Pour autant, les ordres de la hiérarchie sont clairs : les soldats allemands ont pour ordre de ne pas tirer lorsque des femmes ou des enfants se trouvent, malgré eux, entre les deux camps. L'envahisseur veut absolument faire bonne figure auprès des réfugiés. Il y aura aussi toutes ces scènes "plus vraies que nature", et qui donnent une grande partie de leur intérêt à ce livre qui peut, pour partie, être vu comme un document de première main consacré à l'un des épisodes les plus étranges et douloureux à la fois de cette colossale défaite (même si notre armée fut moins honteuse et aisément balayée que cela n'a longtemps été affirmé), ce fameux "exode" qui mit six millions de français sur les routes, dont on connait nombre de photographies sans qu'on en sache finalement beaucoup sur son déroulé.



Ce que Léon Werth croque avec talent, verve même, c'est ce moment suspendu, ces instants rares, un peu fous, durant lesquels personne n'est plus véritablement soi-même. Il y aura d'abord cette chaîne ininterrompue de véhicules en tous genres, vieilles guimbardes ou modèles récents, voitures de l'armée et charrettes à bras, voiture à cheval surchargées et vélocipèdes, marcheurs affolés ou paysans incrédules, tous autant désarmés face au désastre en cours. On le sait, c'est au cours de circonstances aussi inaccoutumées, extrêmes que l'on fait les rencontres les plus insolites. La plus belle, comme pour prévenir le reste : ce paysan, noble de cœur et d'âme, solide mais d'une finesse incroyable, qui comprend, qui fascine, qui rassure le couple Werth et l'amie qu'ils ont pris avec eux. Il lui évoque l'écrivain Emile Guillaumin que Valéry Larbaud lui avait jadis présenté. Cet Abel Delaveau «paysan à plein est aussi - et je n'en avais point rencontré avant lui- un paysan enthousiaste. Et d'autant plus qu'il n'est pas enfermé dans le métier de la terre», expliquera l'auteur. Après avoir, en quelques mots bien sentis, démonté ce fantasme dangereux, réactionnaire et imbécile, décidé par quelque bureaucrate inculte ou quelque académicien d'arrière plan, de l'infatué couplet du «retour à la terre», Werth complétera un peu plus loin ce portrait : «je n'ai jamais connu esprit plus agile et s'accrochant mieux au monde.» Par deux fois, cet homme digne et son épouse au caractère fier et bien trempé accueilleront les Werth. Par deux fois notre témoin aura ce sentiment de rencontrer un Être Humain majuscule.

Inversement, nos vagabonds forcés vivront quelques jours en compagnie et sous le toit d'une femme pingre - de cette pingrerie qui est autant celle du portefeuille que celle des sentiments - qui ne les accepte que du bout des lèvres, leur faisant sans cesse sentir le poids de son geste, profitant de leur situation de faiblesse, les acculant à tous les renoncements, fussent-ils insignifiants. Une autre mégère de ses amies complète le tableau. Si la seconde n'a de cesse de beugler que la France mérite ce qu'elle vit, qu'elle a été vendue, que tant mieux si les allemands nous donnent une leçon bien méritée, la première est plus fine, plus retorse et mille fois plus mauvaise dans ses analyses supposément proportionnées et mesurées. On sent que, déjà, s'est emparé d'elle le turpide parfum de la collaboration à venir.

Il y a aussi, épars mais pleins de sens et de confraternité modeste, presque révérencieuse, ces passages dédiés à l'ami, au frère, à l'exemple, à ce Tonio - on aura reconnu Antoine de St-Exupéry - tant aimé, qui manque tant en ces moments d'équilibre instable, insatisfait et sans doute impossible à satisfaire. Des pensées vers l'Ami, qui aident à tenir, à se remettre en question, à espérer.



Derrière ce témoignage tour à tour émouvant, fort ou poignant, parfois tendrement ironique à l'égard de ces français, de cette France "d'en bas" ainsi qu'on l'écrirait peut-être aujourd'hui, plein d'une autodérision régulièrement sans concession à l'égard de ses petites lâchetés, de sa rapidité à trouver des excuses, à lui-même ou à ses semblables, à ne pas accomplir ce qu'il regrette ne pas avoir fait ou dit, c'est le portrait d'un pays qui sombre, il le sait, il le sent, dans un véritable cauchemar, celui d'un emprisonnement qu'il pressent venir autant de l'extérieur - ces allemands devenus, par la force des armes, maîtres du monde et de l'existence de chacun - que de l'intérieur. Il saisit aussi toute la différence entre autorité et commandement, la première pouvant être lourde, pénible, injuste mais partant d'une certaine forme raisonnée et voulue de servilité elle demeure, quoi qu'il en soit, toujours critiquable et amendable, tandis que le second, léonin, ne procède que d'ordres sommés par le plus fort au plus faible, ne souffre aucune remarque, aucune hésitation, aucune erreur. C'est dans de tels temps - fussent-ils souhaités et accomplis aussi "cordialement" que possibles par ces envahisseurs parfois presque gênés d'être là (la faute aux anglais, n'est-ce pas ?) - que Léon Werth comprend que son pays, sa civilisation sont sur le point de basculer, et pour longtemps. Une longue nuit blafarde et sauvage s'annonce. C'est aussi en cela que l'auteur de "Clavel soldat" fait ici oeuvre de littérature encore bien plus que de simple témoignage.



L'avenir ne lui donnera que trop raison - c'est aussi le motif de son autre ouvrage le plus réputé, sa "Déposition" -. Étonnamment, c'est aussi un peu de nous qu'il parle, sans l'avoir évidemment prévu. De nos petites et grandes compromissions, de notre faiblesse face à une puissance certes imposante mais bien plus gonflée de sa suffisance qu'elle n'est aussi inéluctable qu'il y parait, quelque difficultueux puisse être le chemin de la dignité, de l’honnêteté, de l'humanité vraie. Il n'y a cependant aucune volonté de donner quelque leçon que ce soit dans ce livre court (moins de cent cinquante pages), Léon Werth avait trop une âme anarchiste pour cela. Mais cette volonté incoercible de dire, avec des mots crus mais toujours subtils, cette expérience hors du commun, ces quelques dizaines de jours et de nuits d'une intensité rare, à propos desquels il ne subsiste guère de trace rédigée avec une telle intelligence du moment, un tel recul, comme si la mémoire commune avait voulu effacer, au plus qu'elle le pouvait, ces instants de déréliction collective. Que l'on s’intéresse à cette période de guerre ou pas, il y a beaucoup à retirer de ces pages, d'un ami, un très grand ami d'Antoine de Saint-Exupéry (pour la petite histoire, St-Ex repartira avec le manuscrit sous le bras, direction les USA où "33 jours" sera à deux doigts d'être publié, accompagné d'une préface de l'auteur de Terre des hommes qui ne sera retrouvée que récemment !). À la lecture de ces lignes, on comprend aisément pourquoi Léon Werth fut à ce point cet ami. Une belle humanité en pleine tourmente.
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Impressions d'audience : Le procès de Pétain

Une parodie de procès et de justice



Pour commencer, l'acte d'accusation : Pétain est accusé d'avoir demandé l'armistice et d'une éventuelle participation à la Cagoule (?).

Rien sur la collaboration, les déportations et les assassinats de la milice.

Il faut dire que question déportation, le procureur, qui a prêté serment à Pétain comme toute l'institution judiciaire, faisait partie de la commission de révision des naturalisations pendant l'occupation et a, ainsi, fait déporter plus de 7000 personnes...





Les témoins de l'accusation, ensuite.

Normalement à charge, ces hommes, pour la plupart d'anciens politiques, sont plus préoccupés de sauver leur honneur que d'accuser le Maréchal. Seul Léon Blum osera mais il sera raillé car selon les autres témoins, cela lui est facile car il n'était pas au pouvoir en 1940, pas plus qu'en 1945.

Seuls deux anciens déportés oseront porter des accusations graves contre l'accusé.





Viennent ensuite les témoins de la défense.

Du grand guignolesque. On a droit à tout : Pétain ne savait pas, il fut trahi par son entourage, il jouait un double jeu, il fut le plus grand résistant. Comme le brocardera Léon Werth, à les écouter, l'armée secrète du Maréchal a débarqué en Normandie et ensuite délivré la France...



Arrive un invité non prévu : Laval. Ce dernier devrait, comme l'espère l'auteur, réveiller un peu ce procès mais là encore, que de flagornerie et pour finir, Pétain et Laval ont sauvé la France selon ce dernier.





Le réquisitoire : on ne peut plus simple.

Pétain est accusé d'avoir sali l'honneur de la France en demandant l'armistice. C'est là où est la trahison, sa seule faute, pas dans la collaboration, ni dans les déportations...





Léon Werth transcrit chaque jour ce procès pour la revue "Résistance". Il le fait dans son style particulier fait de beaucoup d'ironie, de colère parfois mais aussi avec de l'ennui devant ce spectacle lamentable. Il en arrive à oublier les élucubrations de ce procès pour se concentrer sur la personnalité du Maréchal et ses signes ou non d'agacement, ses petites siestes mais aussi ses petites manipulations.

Un petit livre qui rend bien l'état d'esprit de ce procès ainsi que de celui de l'auteur.





Ah, j'oubliais, le verdict : la peine de mort mais attention, sans intention de la donner... Puisque le tribunal préconise la non application de la sentence et s'en remet à la grâce présidentielle. La suite, vous la connaissez.
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33 jours

Après avoir donné un témoignage saisissant sur la première guerre mondiale (« Clavel Soldat »), Léon Werth décrit ici l’exode de 1940 : 33 jours de pérégrinations sur les routes de France, entre Paris et Saint-Amour dans le Jura.

Manuscrit récupéré par Saint-Exupéry pendant la guerre, il ne fut redécouvert et publié de manière posthume qu’en 1992. Pour l’anecdote, il y fera référence dans « Pilote de guerre » (« Un de mes amis, Léon Werth, a entendu sur une route un mot immense, qu’il racontera dans un grand livre »).

Ce grand livre, c’est 33 jours. On se laisse prendre par ce récit épique, antimilitariste et cocasse, mais résolument engagé contre l’envahisseur. L’arrogance des vainqueurs, la faiblesse et la honte des vaincus, les petits arrangements, les grandes désillusions, Léon Werth décrit les relations humaines en cette période noire avec une précision et un sens du détail qui donnent une force extrême à ce récit. Un grand témoignage à découvrir.
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33 jours

L'exode forcé de 33 jours sur les routes de France d'un auteur parisien en 1940. La débâcle. Un chaos ambulant. La perte de repères. La découverte du monde rural et de l'ennemi. L'arrogance des vainqueurs et la honte des vaincus. L'instinct de survie. Léon Werth apporte ici un témoignage simple et honnête, quant à ses propres faiblesses, sur cette période sombre de l'histoire de France.
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33 jours

Connaissez-vous Léon Werth ? Il y a de grandes chances que vous le connaissiez sans le savoir. Si vous ouvrez le Petit Prince de Saint-Exupéry, vous vous apercevrez que le livre lui est dédicacé. Les deux auteurs étaient de grands amis et avaient une admiration réciproque pour leurs œuvres.



Et, à la lecture de ce court récit qu'est 33 jours, je suis moi-même admiratif de cet auteur. Le livre raconte la débâcle française de juin 1940 de l'intérieur. Alors que les Allemand approchent de Paris, l'auteur décide de quitter la ville avec sa femme et son fils pour se mettre à l'abri dans leur maison de campagne près de Mâcon. Le trajet qu'ils font d'habitude en neuf heures leur prendra 33 jours !



Léon Werth nous plonge dans ce chaos indescriptible qui a jeté des millions de français sur la route. Voitures, chevaux, bicyclette, vélos, personnes à pied... la panique a donné lieu à des scènes incroyables où le pire et le meilleur de la nature humaine se sont côtoyé. "Au reste, ici je ne prétends pas expliquer, je conte" nous dit Léon Werth. En témoin privilégié, il prend des notes à chaud et rédigera très vite ce témoignage incroyable. On y découvre l'incrédulité devant ce cataclysme de la défaite si rapide de la France, qui était inimaginable à l'époque. L'indigence des politiques et la désorganisation de l'armée font froid dans le dos. Léon Werth assiste aux premières scènes de collaboration avec l'ennemi, mais aussi à une grande solidarité entre de nombreux français qui ne se connaissaient pas.



Ce qui est étonnant avec ce livre, en dehors de la qualité remarquable de son écriture, c'est l'équilibre très juste entre des évènements racontés à chaud et le recul de l'auteur sur ces faits. Léon Werth était un homme mûr à l'époque et il n'était pas dupe des évènements qu'il vivait. Il a une hauteur de vue et une profondeur d'analyse sur les gens qu'il rencontre et leur psychologie, qui donne au livre une densité très riche.



Il est à noter également que les Éditions Viviane Hamy republient ce texte avec une préface inédite de Saint-Exupéry, qui s'était perdue et qui a miraculeusement été retrouvée par un éditeur américain dans une bibliothèque canadienne.







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Clavel soldat

Pacifiste de la première heure, antimilitariste, fréquentant les milieux anarchistes, Leon Werth s’est engagé volontaire en 1914, avec l’espoir et l’illusion de participer à la rébellion des masses contre la boucherie programmée. Ce livre, à la fois autobiographique et romancé, raconte ses progressives désillusions vis-à-vis de ses compagnons d’infortune, dont il constate impuissant la soumission à l’autorité militaire.

« Oui… Décidément, ils sont trop bêtes » : voilà une phrase récurrente déclinée tout au long du livre, montrant le peu d'indulgence de Leon Werth face à l’attitude moutonnière des soldats partis au front. Contrairement à d’autres témoignages sur 14-18 qui mettent souvent en avant à la fois les horreurs de la guerre et la compassion vis-à-vis des soldats du front, ici rien ne se passe, l’ennui est permanent, et l’impatience d’aller en découdre est grande. Comme le dit Stéphane Audoin-Rouzeau à la fin de sa préface « Que Léon Werth soit parvenu à transcrire cet aspect presque indicible de l’expérience de 1914-1918 – la temporalité si particulière de la vie des tranchées pour ceux qui l’ont vécue – contribue à faire de Clavel soldat un des témoignages les plus incisifs jamais écrit sur la Grande Guerre ».

Un livre poignant et résolument militant d’un auteur qui écrira de nombreux autres ouvrages sur l’armée, les deux guerres mondiales, mais aussi le colonialisme. Esprit indépendant et polémique de l’entre-deux guerres, il a cependant forcé le respect de ses contemporains, à tel point qu’Antoine de St Exupéry lui dédiera Le Petit Prince.

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La Maison blanche

En ces temps de commémorations croissantes liées à la Grande Guerre, j’ai eu envie de retourner faire un tour dans l’univers de Léon Werth. Séduit par le personnage, par son œuvre aux forts accents antimilitaristes consacrée à la première guerre mondiale, je me suis décidé à aller voir du côté de ses autres écrits. Parmi ceux-là, « La maison blanche » est un ouvrage atypique consacré aux liens intimes entre le malade et sa maladie, lorsque celui-ci, sortant d’une opération traumatisante, se trouve dans cette faille temporelle où il oscille entre rechute et convalescence, entre rémission et effets secondaires indésirables. Ecrit en 1913, préfacé par Octave Mirbeau, c’est le premier ouvrage de l’auteur, fortement autobiographique, et qui d’emblée concourut au Goncourt aux côtés d’un certain Alain-Fournier…

Pour Werth, une période d’hospitalisation et d’intervention chirurgicale constitue une expérience à part entière, sorte de trip mystique et solitaire permettant de prendre du recul sur sa vie dans une atmosphère ouatée. Les douleurs chroniques et violentes sont nécessaires à ce processus d’introspection. La prise de morphine qui s’en suit est libératrice à tel point que tout est organisé dans la journée pour obtenir cette dose.

La première partie du livre est admirable d’écriture. On suit les pérégrinations du narrateur, jeune parisien à la vie précaire, victime d’une otite mal soignée, qui dégénère et le conduit à l’hospitalisation pour une opération lourde. La seconde moitié de l'ouvrage m’a cependant beaucoup moins convaincu. De longs chapitres de descriptions par le menu des journées du patient, les relations qui se nouent avec le personnel hospitalier, et l’inéluctable couplet consacré aux fantasmes sur les infirmières en blouse blanche.

« Peut-être les gens sauront-ils un jour tirer de la maladie une leçon de joie et de sérénité » : tel est le crédo de l’auteur, sa thèse. Un roman initiatique mais au final, malgré quelques bons moments, qui m’a laissé un peu de marbre.
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Impressions d'audience : Le procès de Pétain

Le procès Pétain ou le grande mascarade. Alors qu'il aurait dû éclairer sous une lumière crue les agissements du régime de Vichy et établir les responsabilités de Philippe Pétain, il ne fut question que d'une chose : l'armistice de juin 1940. Aucune mention du bureau des questions juives, de la rafle du vel d'hiv', des résistants tués ou déportés, de la Milice... Tout semble s'être passé dans son dos, sans lui. Pire : il aurait rendu possible, par ses agissements, le débarquement de juin 1944.

Voila, en plus d'une lassitude de plus en plus marquée et parfois de colère, ce qui ressort des impressions de Léon Werth. Ces articles furent rédigés pour la revue Résistance. Pétain semblait absent ; de toutes façons, il ne fut jamais réellement question de lui. Vichy semble avoir été une abstraction, non une réalité. S'il fut condamné à mort (peine commuée en prison à vie, eu égard à son grand âge, 90 ans) il le fut pour avoir sali l'honneur de la France en juin 1940. Non pour le régime qu'il a mis en place.
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Henri Matisse

Considérations artistico-philosophico-machin sur l’art à partir de l’œuvre de Matisse ; à quatre mains : Elie Faure, Jules Romains, Charles Vildrac, Léon Werth.

Assorties de nombreux croquis de l’artiste et de 47 planches de ses œuvres, hélas ici en N&B bien évidemment, il convient donc de prendre les nôtres (de mains) en main pour en faire les recherches en couleur…



Au final remarquables exercices sur l’art de ne rien dire mais de le dire pompeusement, en toute modestie….



« Certes, l'expression de Matisse n'est pas de ces expressions-omnibus comme nous en avons vu défiler tant et qu'avec plus ou moins de chance n'importe quel peintre eut loisir d'adopter pour une saison,comme une coupe de veston. C'est que l'expression de Matisse est étroitement dépendante des moyens de Matisse, de son œil prodigieux, de la forme particulière de son esprit et de sa sensibilité. Si bien qu'on est plus souvent fort embarrassé de dire en quoi elle consiste, cette expression ; ou qu'il y a du moins en elle quelque chose de natif qui échappe à l'analyse comme y échappe le timbre de certaines voix ou l'expression de certains regards. »

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Clavel soldat

Je ne saurais dire ce que vaut ce livre d'un point de vue littéraire.

En un certain sens, la question ne se pose pas.

C'est un témoignage fondamental sur la première guerre mondiale.
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Cochinchine

Ce livre relate un voyage de 1925 et a fait scandale à sa parution en 1926. Comme l’écrit jean Lacouture dans la préface, «le sadisme colonial vivait ses dernières années», et Léon Werth le décrivait sans complaisance, en faisant part, et pas toujours entre les lignes, de ses répulsions et indignations.
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Clavel soldat

Il faut du temps, un certain temps pour s'habituer au style de l'auteur, à sa façon de raconter ce qu'il a vécu.

La mobilisation avec les actualités de l'époque et les noms de personnalité dont l'histoire a certes retenu les noms mais pas pour le simple citoyen ... je n'avais jamais entendu parler de

Gustave Hervé, (1871-1944), homme politique socialiste puis fasciste français (1),

Ou de

Karl Liebknecht,(1871-1919, homme politique socialiste et communiste allemand (2).



Ce Clavel, cet homme qui aime les parades foraines et qui n'aime pas les parades militaires, cet homme qui ne peut tolérer d'esclave heureux.

Après un certain temps, on se rend compte que cette façon d'écrire, jamais de je, toujours un ton impersonnel, nous rend la description de l'action ou de la non action encore plus prenante et prégnante... on souffre, on bloque sa respiration, on y est, on n'ose bouger, respirer, on se pisse dessus car tout mouvement est impossible ... cette narration impersonnelle est certainement ce qui est le plus difficile à supporter car on est rendu à notre état contemplatif de ce qui fut la grande boucherie.

Tout y est,

Les moments d'héroïsme, ceux où des hommes partent pour se faire tuer et ils le savent déjà,

Les moments où il ne se passe rien, ceux où il n'y a rien à faire sinon attendre que la balle ou l'obus fasse son job,

Les moments où on assiste impuissant à l'élimination de ceux qui ont osé dire non, tué par ceux qui n'ont pas oser dire non,





Si à un moment vous vous demandez à quoi correspond l'appellation marsouin, mejesaistout nous rappelle :

marsouin est le nom donné à un soldat ou gradé de l'ancienne infanterie de marine

(de l'Infanterie coloniale depuis 1900) dixit Le Robert.

Hier, je suis passée dans le cimetière familial, juste pour arroser les fleurs ... je me suis arrêtée devant le quartier militaire ... et émue ... j'ai pensé à ces morts, morts pour la France ... 1915 ... 1916 ... peut être ont ils connus Clavel, Vernay ou Mourèze !





(1)

Gustave Hervé est un dirigeant socialiste, son antimilitarisme lui fait prendre des positions, très en pointe pour l'époque, sur la colonisation, qu'il dénonce avec véhémence, jusqu'en 1912.

En août 1914, Gustave Hervé retourne « sa veste rouge pour en montrer la doublure tricolore ». Il ne fut pas le seul socialiste à substituer au mot d'ordre « Non à la guerre » celui de « Défense nationale d'abord ». Il passe d'un ultra-pacifisme à un ultra-patriotisme.

En 1938, il est une exception : il est l'un des rares sympathisants du national-socialisme à avoir renoncé à ses préférences idéologiques au vu des persécutions anti-juives et des menaces pesant sur la France.

Peu de temps avant sa mort, il se décrivait comme le premier bolcheviste, le premier fasciste, le premier pétainiste, le premier membre de la Résistance et le premier gaulliste





(2)

Karl Liebknecht est un homme politique socialiste et communiste allemand. Membre du parti social démocrate d'Allemagne (SPD), il se bat pour le droit des jeunes à faire parti d'organisations politiques et surtout contre le militarisme. Son livre Militarisme et anti-militarisme lui vaut un procès et une peine de prison de 18 mois, durant laquelle il est élu député au Reichstag.

En raison de son opposition à la première guerre mondiale, il est emprisonné et exclu du SPD. Il cofonde avec Rosa Luxembourg la Ligue Spartakiste , puis le (KPD) le Parti communiste d'Allemagne.

Deux semaines après la formation de ce parti, il est assassiné avec Rosa Luxembourg lors de la répression de l'insurrection de Berlin.

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La Maison blanche

J'ai lu ce livre parce que j'ai aimé "Clavel soldat" et "33 jours", mais le sujet me faisait craindre une ambiance glauque et moribonde, un ton d'emblée désespéré.

Il n'en est rien. Si la mort est présente, omniprésente, comme une possibilité, rien n'est tragique ici. En quelque sorte en scientifique, le narrateur explore sa souffrance, décrit les sensations, les méditations que lui inspirent la fièvre, la morphine, la demi-conscience ou la convalescence. Et si la médecine et les hôpitaux ont changé, les malades et la maladie, pas vraiment. Les infirmières deviennent le témoin et le baromètre de sa santé et du rapport au monde extérieur et intime, à sa conscience du narrateur.

La poésie du style est sans lyrisme, plutôt philosophique. Les images sont poétiques parce qu'elles sont justes, profondes sans avoir l'air de quitter l'ici-bas, dans toutes sa trivialité. Sans dégoût ni pudeur, le narrateur évoque tous les aléas du corps malade et souffrant et comment dans ce corps malade, souffrant, transpirant, auquel on prend la température, qu'on lave, qu'on panse, il peut subsister un homme. Il n'y a pas de désespoir dans ce texte, car il est purement athée et ne vise aucun au-delà. Ne demandant pas à l'homme d'être un ange, il ne peut y avoir de monstre.

Je me demandais comment l'auteur pourrait nous faire apparaître la maladie comme un territoire à explorer quand on en revient, mais c'est bien de cela dont il s'agit, d'une sorte de carnet de voyage intérieur, d'une méditation athée et sans attachement.
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33 jours

Léon Werth (1878-1955) était un homme remarquable, à multiples facettes. On peut notamment signaler que son ami A. de Saint-Exupéry lui a fait la dédicace de son immortel "Petit Prince".

Comme beaucoup d'autres Français, Léon Werth a participé à "l'exode" en Juin 1940. Mais, au lieu de suivre le mouvement comme un mouton, il a vécu cette épreuve en ouvrant grand son cœur et son intelligence. Son témoignage sur ces 33 jours a été rédigé rapidement, mais le texte en a été longtemps perdu. Jusqu'à ce qu'on le redécouvre et qu'on le publie en 1992.

Dans ce bref récit, il y a en gros trois temps. La première partie, qui est la plus spectaculaire, décrit les embouteillages sur les routes, les hauts faits et les méfaits observés pendant le Blitzkrieg allemand, les attaques sur des civils désarmés; je n'ai rien appris sur ce sujet. La deuxième partie se déroule dans un maison isolée où la famille de l'auteur a trouvé refuge; son hôtesse mesquine et germanophone est très loin d'être mécontente de l'omniprésence des soldats allemands, elle fait en quelque sorte partie de la "cinquième colonne". Dans la troisième partie, la famille Werth trouve un meilleur environnement: elle est hébergée par un homme de la campagne très sage et très aimable. Finalement, l'écrivain et sa femme parviennent à leur but.

L'auteur nous donne une image nuancée du peuple français, capable du meilleur et/ou du pire. "33 jours" est un récit précis et sincère sur l'épopée lamentable de 1940.
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33 jours

« A Léon Werth, quand il était petit garçon » : des millions de lecteurs ont lu cette dédicace de St-Exupéry qui admirait énormément cet écrivain. Mais si St-Ex est maintenant une célébrité mondiale, Léon Werth est beaucoup moins connu.

" 33 jours", c'est le temps qu'il a fallu à Léon Werth et à son épouse pour aller de Paris dans le Jura entre le 11 juin et le 13 juillet 1940 avec des détours, des arrêts et beaucoup d'attente. Dans la pagaille de la débâcle, ou dans la "pagaye" comme il l'écrit, les civils et les militaires se mélangent, les caractères se révèlent. Certaines personnes ouvrent leur maison aux réfugiés, d'autres pactisent avec les Allemands ; d'autres deviennent violentes, mais même des soldats sont capables de fraternité.

Dans ce spectacle de la comédie humaine, Léon Werth est parfois spectateur, parfois acteur, mais surtout un fin observateur. de temps en temps, il nous parle aussi de son amitié avec St-Ex.
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33 jours

Ce qu’il y a de bien avec les bibliothèques municipales, c’est qu’on peut presque tout essayer, sans mettre son budget lecture en danger. On découvre un auteur, on lit, parfois à la page 50 on le rapporte, pas grave. On prend un autre livre, on lit, et on y passe la nuit, on ne peut pas le lâcher.



C’est ce qui vient de se produire avec ce récit, 33 jours, d’un auteur, Léon Werth, dont je n’avais même pas croisé le nom au fil des étagères de librairie ou des comptes-rendus de la presse en ligne ou en pages.



Ce livre m’a fait le coup des ouvrages que rencontre le lecteur dans Si par hasard un voyageur, cultissime livre oulipien d’Italo Calvino. Il s’est installé dans ma pile. A la maison, au moment de faire le choix de celui qui allait inaugurer ma semaine de lecture, il s’est imposé. Il m’a fait le coup de « moi d’abord ». Il avait raison.



C’est l’histoire d’un périple qui aurait dû durer quelques heures, une petite journée. Mais qui s’est étiré sur 33 jours, de Paris à Saint Amour, au début de l’exode le 10 juin 1940. Au fil des heures, la Bugatti de l’auteur prend sa place dans un interminable convoi de voitures, camions, charrettes, tombereaux, chevaux, vélos, marcheurs, avançant comme au hasard le long d’un itinéraire improbable et imprévu, dans un paysage « vaste, chétif et pitoyablement macabre ». Les nuits de fortune, la faim, la soif, les mitraillages, la peur, les pingres, les généreux, les déserteurs, tout est là.



C’est un livre calme. On a du mal à se l’imaginer, dans des jours si douloureux et agités. Il n’y a pas d’effet, pas de pathos, juste un récit qu’on lit comme on regarde les images d’archives de l’époque. Pas de jugement, de bien ou de mal, il faut avancer, passer la Loire, traverser un pays de fuyards pour retrouver Saint Amour, avec ou sans Bugatti. Mai avec un livre, Terre des Hommes de Saint Exupéry. Et il le raconte avec des phrases superbes de calme, tant que les allemands n’ont pas passé la Seine… tant qu’ils ne sont pas arrivés sur la Loire…



Saint Exupéry. Il en a écrit la préface. Mais ce livre écrit en 1940 n’a été publié qu’en 1992 pour la première édition, et en 2015 pour celle que j’ai dans les mains. Saint Ex’ était un ami de Léon Werth. Ce dernier lui avait remis ce manuscrit avant que Saint Ex’ ne parte aux Etats Unis, où il aurait dû, normalement le faire éditer. Mais Saint Ex’ était plongé dans l’écriture du Petit Prince, et puis… un jour son avion s’est écrasé pour de bon. Heureusement, ce livre est là, et il est arrivé entre mes mains.



C’est un ouvrage qui rappelle souvent la magnifique simplicité de La Route des Flandres, de Claude Simon.



C’est un livre dont Saint Exupéry avait dit « Un de mes amis, Léon Werth, a entendu sur une route un mot immense, qu’il racontera dans un grand livre ».



C’est une histoire d’exode et de réfugiés, qui résonne terriblement aujourd’hui.







Mesmotspassants








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Clavel soldat

Un auteur qui sort de l'ombre pour nôtre plus grand bonheur.
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La Maison blanche

Du bel ouvrage,

De la belle littérature,

Les mots, les phrases s'ordonnancent joliment, calmement.

Et au détour d'une phrase comme une autre, un mot claque et heurte ... nègre ...

comme un accident ... puis un peu plus loin ... quand on évoque certaines femmes avec lesquelles on se retrouve lié par une complexité sexuelle ... pourquoi pas ... mais l'enchaînement me laisse ébahie ... "cette force et cette harmonie primitives, je les ai aperçues chez presque toutes les négresses d'exhibition... ".

Un auteur d'un autre temps ... un style brillant peut être mais !



Du bel ouvrage,

De la belle littérature,

L'histoire est intéressante, un homme comme un autre, un homme qui se retrouve brusquement confronté à la maladie et à son corollaire ... la douleur.

On découvre alors une description très précise de ce phénomène, comment elle pénètre un individu, comment elle transforme sa vision du monde et de son corps.

Comment un état fiévreux transforme ce qui nous entoure en l'entourant d'un nuage cotonneux, qui fixe d'autres limites, d'autres perceptions qui entraînent l'esprit dans un autre monde accompagné de fantômes.

Suit une analyse des effets de la morphine et de son utilisation et de ses effets sur les malades.



Du bel ouvrage,

De la belle littérature,

Le vocabulaire utilisé est choquant, non par le terme inapproprié mais par le mépris qui le sous entend.

Je ne suis pas sûre d'avoir globalement appréciée cette lecture
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