Les gens ont besoin de voir des cibles qui se foutent de ce qui peut leur arriver, qui ne comprennent rien à la souffrance, qui gravitent loin au-dessus de tout, là-haut. Ton heure de gloire, mon Adri, enfin. Et cette ville va nous offrir tout ça, nom de Dieu, j'en mettrais mon flair au feu.
Les souvenirs ne doivent rien à la réalité. Ils se créent au gré des mots sur la page, se parent de vérité à mesure que l'histoire progresse. Deviennent vérité quand l'histoire s'achève.
Il ne prend pas son père dans ses bras, ne lui parle pas des victoires, des bibliothèques pleines de mots.
Il ne lui fera pas lire ces dernières lignes. Une première pour attester que la mort de Marion fut sans amertume. Une deuxième pour brouiller toutes les heures de toutes les horloges. Une ligne supplémentaire te rend tes petits poings d'enfant et dépoussière le zinc du "Plaisir de l'Ancre".
Tu vois, c'est tout simple, quelques mots, de petites touches.
Il se tait. Il n'ose pas.
Une dernière ligne pour dire que je ne t'en veux plus.