La meilleure façon de décrire la simplicité du wabi-sabi est peut-être de la présenter comme un état de grâce auquel on parvient par l'action heureuse d'une intelligence empreinte de sobriété, de modestie et de sincérité
Réduisez jusqu'à l'essence, mais n'enlevez pas la poésie
Wabi-sabi can be called a "comprehensive" aesthetic system. Its world view, or universe, is self-referential. It provides an integrated approach to the ultimate nature of existence (metaphysics), sacred knowledge (spirituality), emotional state-being (state of mind), behavior (morality), and the look and feel of things (materiality). The most systematic and clearly defined the components of an aesthetic system are - the more conceptual handles, the more ways it refers back to fundamentals - the more useful it is.
All around, no flowers in bloom
Nor maple leaves in glare,
A solitary fisherman's hut alone
On the twilight shore
Of this autumn eve.
Fujiwara no Teika
A l'approche du crépuscule, dans l'arrière-pays, un voyageur cherche un abri pour la nuit.
Il avise les hauts joncs qui poussent tout autour de lui; il en réunit une brassée et les lie à leur sommet. Et voilà, un hutte d'herbe vivante!
Le matin suivant, avant de reprendre sa route, il dénoue les joncs; et voilà, la hutte, déconstruite, disparaît et redevient une part quasiment indiscernable de la prairie environnante.
Le caractère sauvage du lieu paraît être restauré, mais de menues traces de l'abri subsistent. Ici et là, une légère torsion ou inclinaison dans la tige d'un jonc. Il y a également le souvenir de la hutte dans la mémoire du voyageur (et dans celle du lecteur qui lit cette description). Le wabi-sabi, dans sa forme la plus pure, la plus idéale, s'intéresse précisément à ces traces fragiles, ces faibles preuves, aux frontières du non-être
En occident, on fait des efforts pour éviter de commettre des pêchés, en prévision d'atteindre le paradis après la mort. Au Japon, on considère que les vilenies de l'esprit se fixent sur le corps comme de mauvaises odeurs, tout au long de la vie, et peuvent disparaître facilement grâce à un bain quotidien.
Le wabi-sabi" signifie aller d'un pas léger sur la planète et savoir apprécier ce que l'on rencontre en chemin, même le plus insignifiant, au moment où on le rencontre
Le bain à la maison est une expérience tout à fait différente puisqu'elle est solitaire et confinée dans une pièce. Peut-être est-ce la métaphore de la nucléarisation de la cellule familiale japonaise qui, en se généralisant, peut avoir de terribles conséquences sur la culture traditionnelle.
En 1994, j’ai présenté « wabi-sabi » dans un livre intitulé Leonard KOREN – Wabi-sabi à l’usage des artistes, designers, poètes & philosophes. J’y énonçais que le « Wabi-sabi est la beauté des choses imparfaites, impermanentes et incomplètes. C’est la beauté des choses modestes et humbles. C’est la beauté des choses atypiques ». J’affirmais également que le wabi-sabi était l’une des sensibilités esthétiques spécifiques de la civilisation japonaise
Je me rappelai que des amis japonais employaient l’expression « wabi-sabi » pour signifier en un mot une atmosphère d’entropie esthétisée. Voulaient-ils dire « wabi [et] sabi », « wabi [ou] sabi] » ou une synthèse des deux termes ? C’est cette dernière possibilité qui attira mon attention.