Ayant refusé de vénérer les saints, les iconoclastes en arrivèrent naturellement à nier la vénération de leurs reliques et, plus généralement, de tout ce qui est matériel. Pour les orthodoxes, au contraire, le salut est lié précisément à la matière, car il est réalisé par l'union hypostatique de Dieu avec la chair humaine. Répondant aux iconoclastes, saint Jean Damascène écrivait : "Je n'adore pas la matière, mais j'adore le Créateur de la matière, qui est devenu matière à cause de moi, qui a voulu habiter la matière et qui, par la matière, a fait mon salut."
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Aussi étrange que cela puisse paraître à un grand nombre de personnes, la notion de religion chrétienne et celle de l'Eglise ne sont pas identiques. La religion est une notion très large, comprenant des phénomènes parfois même contradictoires, alors que l'Eglise est un phénomène tout à fait concret. Ce n'est pas une nouvelle religion que le Christ est venu ajouter à celles, nombreuses, déjà existantes ; Il est venu pour établir son Eglise (Mt. XVI-18).
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Pour l'Église orthodoxe l’image, aussi bien que la parole, est un langage exprimant ses dogmes et son enseignement. C’est une théologie inspirée, présentée sous une forme visuelle. Elle est le miroir reflétant la vie spirituelle de l'Église, permettant de juger des luttes dogmatiques de telle ou telle époque. Les époques de la floraison de l’art liturgique correspondent toujours à un essor de la vie spirituelle : ce fut le cas de Byzance, des autres pays orthodoxes et de l’Occident à l’époque romane. À ces moments, la vie liturgique est réalisée pleinement dans son ensemble harmonieux, ainsi que dans chacun de ses domaines particuliers.
L’icône représente non la chair corruptible destinée à la décomposition, mais la chair transfigurée illuminée par la grâce, la chair du siècle à venir.
Elle transmet par des moyens matériels, visibles aux yeux charnels, la beauté et la gloire divine.